Les ratés de
l'aventure / Titaÿna. - Paris : Marchialy, 2020. -
234 p. ; 19 cm.
ISBN 979-10-95582-57-1
|
NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Titaÿna a 23 ans lorsqu’elle part seule,
dans les
années 1920, tenter l'aventure en Océanie. Elle y
passe
de longs mois et, engagée comme mousse sur une
goélette,
voyage d'île en île : Tahiti, Bora-Bora,
archipel des
Tuamotu font partie de ses nombreuses escales. Titaÿna part
à la rencontre des populations locales, rapporte leurs
histoires
et leurs coutumes. Elle se baigne le soir dans la rivière
avec
les Tahitiennes qui lui parlent des tupapau (revenants),
échange
avec une femme maorie sur le sort de l'enfant qu'elle porte, assiste
aux danses couchées sur les plages de sable noir.
Elle
croise sur sa route de nombreux Européens qui, comme elle,
ont
voulu vivre l'aventure, et ont échoué sur ces
îles
en apparence paradisiaques. Le plus souvent malades, sans le sou,
condamnés, ils n'ont pas connu la fortune
espérée.
Après l'aventure, c'est le temps de la
désillusion.
Titaÿna, de sa plume acerbe, dénonce le
comportement des
colons, responsables de l'enfer des mines de phosphate à
Makatea
ou de la disparition des coutumes locales.
À rebours du
récit de voyage, dans une langue
acérée et
poétique, Titaÿna décrit dix
années plus tard
l'envers de sa vie d'aventurière et livre un
témoignage
moderne et brut sur les colons partis dans les années 1920
dans
des contrées fantasmées.
|
Née
en 1897 dans le Sud de la France, Titaÿna
— Elisabeth
Sauvy, sœur d'Alfred Sauvy — est
à la fois
journaliste, aviatrice, aventurière et séductrice.
Ses
articles et récits sont accueillis avec curiosité
et
intérêt et lui valent l'admiration de Pierre Mac
Orlan ou
Henri Béraud, mais beaucoup doutent de son
objectivité et de sa
sincérité. Dans sa Bibliographie de Tahiti,
le père Patrick O'Reilly dénonce des élucubrations
fantaisistes sur l'Océanie française.
Le
renom de Titaÿna est durablement terni à l'approche
de la
seconde guerre mondiale après qu'elle se soit entretenue
avec
Mussolini et Hitler. |
|
JEAN-JO
SCEMLA : “ [Interrogé]
sur les Ratés
de l'aventure,
Jean Dorsenne ne cache plus son hostilité :
" J'ai lu
le livre, en effet. Titaÿna a certainement du talent, mais
elle
ment avec un aplomb désarmant ". ”
☐ Les cahiers Morillot,
p. 59
|
EXTRAIT |
Quand la Belle
et son capitaine eurent terminé le travail qui les avait
conduits à Faré, nous levâmes
l’ancre et
fîmes voile vers Raïatéa.
Par une nuit sans
lune, nous abordons Uturoa qui s’annonçait en mer
par une
odeur de coprah. Derrière un Maori porteur d’une
lanterne,
je pars dîner chez le peintre Morillot, ancien officier de
marine
qui démissionna en découvrant
l’Océanie.
“ J’étais
venu avec des galons, me dit-il. Puis j’ai cru à
l’Aventure … Je l’ai
ratée. Par bonheur,
j’ai la drogue. ”
Tard dans la nuit, quand Morillot eut allumé sa
trentième pipe, je regagnai la Belle. Il pleuvait,
je glissai sous l’averse et les crabes de terre fuyaient sous
mes pas.
[…]
La
Belle
nous emporte vers Bora-Bora. Nous avons à bord un
fonctionnaire
du ministère en inspection et l’île se
prépare depuis trois mois à sa visite.
“ Songe,
me dit le capitaine, que seuls les premiers navigateurs ont pu voir
dans ces îles ce que tu vas voir, et c’est la
dernière fois que semblable liesse aura lieu. Il ne reste
plus
guère de terres à découvrir, mais
ranimer un
moment ce qui va mourir est une joie de qualité. Tu pourras
te
vanter d’avoir vu les derniers feux de
l’Océanie, un
spectacle plus sauvage même que ce que put admirer Loti en
1872
à la cour de Pomaré. ” |
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
Les ratés de l'aventure », Paris : Les
éditions de France, 1938
|
- «
Une femme chez les chasseurs de têtes
(Bornéo et
Célèbes) », Paris :
Ed.
de la Nouvelle revue critique, 1934 ; Paris :
Marchialy,
2016 ; Paris : Points (P4741), 2018
|
- Benoît
Heimermann, « Titaÿna,
1897-1966 », Paris : Flammarion, 1994
- Benoît
Heimermann, « Titaÿna,
l'aventurière des
années folles », Paris :
Arthaud, 2011
|
|
|
|
mise-à-jour : 30
novembre
2020 |
|
|
|