Les prix traditionnellement décernés
à l'occasion de la « rentrée »
littéraire ont, cette année, mis au premier plan
de belles illustrations de la « littérature
insulaire », soulignant la vitalité et la diversité
d'un genre qui ignore les découpages administratifs, politiques
et linguistiques.
On trouve, dans cette sélection,
les deux versants constitutifs de l'expression littéraire
de l'insularité ; certaines oeuvres sont écrites
par des insulaires (V.S. Naipaul, Keith Ridgway) et témoignent
du regards qu'ils portent sur leur monde et — plus
généralement — sur le monde; d'autres
sont écrites par des écrivains du continent (Marie
NDiaye, Antonio Skarmeta) qui dirigent leurs regards — et
orientent ceux de leurs lecteurs — vers le monde des
îles.
Cette confrontation fonde la
richesse de la littératures insulaires.
Dans ce contexte, la longue confession
de V.S. Naipaul, prononcée à l'ouverture des cérémonies
du Prix Nobel de littérature 2001, présente un
intérêt particulier. On sait que Naipaul, né
à Trinidad en 1932, a quitté son île de longue
date et refuse d'être tenu pour un écrivain des
Antilles où, dit-il, « rien de grand n'a jamais
été créé » (propos rapporté
par Jean-Pierre Naugrette, Le Monde, 15 octobre 2001). Or, dans
son allocution du 7 décembre à Stockholm, Naipaul
expose l'étroite relation maintenue avec son enfance insulaire ;
cette genèse trinidadienne irradie l'ensemble de son oeuvre.
Cet aveu implicite provient d'un transfuge du monde des îles
— le paradoxe n'est qu'apparent.
Par un heureux hasard de l'actualité,
vient de paraître récemment une élégante
évocation du mythe insulaire — Le Conte de
l'île inconnue — sous la plume du prix Nobel
de littérature 1998, José Saramago, Portuguais
retiré à Lanzarote aux Canaries.