La noce du poète
/ Antonio Skármeta ; traduit de l'espagnol par François
Rosso. - Paris : Grasset, 2001. - 362 p. ; 24 cm.
ISBN 2-246-60871-6
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NOTE DE L'ÉDITEUR : A la veille de la Première
Guerre mondiale, Jerónimo Franck, fils bohème et
idéaliste d'une famille de banquiers salzbourgeois, vient
s'établir sur une petite île de l'Adriatique aussi
pauvre qu'oubliée du monde. Surnommé le Poète,
il n'en est pas moins un commerçant prospère :
il redonne vie à « L'Européen »,
un grand magasin abandonné vingt ans plus tôt par
son propriétaire après que son fastueux mariage
avec Marta, la plus belle des insulaires, s'est achevé
en tragédie.
Jerónimo a lui aussi décidé
d'épouser la plus belle fille de l'île, et d'offrir
pour l'occasion une fête grandiose à la grande joie
des habitants. Mais plusieurs menaces se profilent à l'horizon.
L'île — sous domination austro-hongroise —
a d'ancestrales aspirations indépendantistes, et un petit
contingent de soldats impériaux, venu estimer combien
de garçons vigoureux seraient mobilisables pour la Grande
Guerre, a été proprement égorgé.
Des représailles sont à craindre. Enfin et surtout,
une funeste superstition pèse sur la perspective d'épousailles
entre le propriétaire de « L'Européen »
et la jeune beauté locale …
La noce du poète, néanmoins,
se prépare dans la fièvre d'un peuple, truculent,
courageux et matois, polisson et candide. Cette histoire d'amour
et de légende, noire, poétique et savoureuse, nourrie
de suspense et d'humour, offre une vision satirique et lucide
des folies guerrières préludant à l'explosion
de 1914. Que le ton soit lyrique, cruel ou cocasse, on ne peut
qu'admirer la virtuosité de ce roman baroque. ❙ | Antonio Skármeta est né au Chili, en 1940. Scénariste,
professeur et cinéaste, il a vécu en Europe et
aux Etats-Unis. Il est actuellement ambassadeur du Chili en Allemagne.
Ses recueils de nouvelles et ses romans ont été
publiés dans plus de vingt langues. De son roman « Une
ardente patience », Michael Radford a fait le film
« Le Facteur » (Il Postino di Neruda),
avec Philippe Noiret dans le rôle de Neruda et Massimo
Troisi dans celui du facteur, qui a connu un succès mondial. |
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EXTRAIT |
Alia Emar embrassa toute l'île
du regard. Elle connaissait chaque maison, souvent le décor
des pièces, les mois biffés sur les calendriers,
les lits à barreaux blancs de l'hôpital, les crevasses
des salles de classe, les visages ascétiques des petits
frères de ses amies, les nids de cormorans, la balance
allemande où, en ce moment, le boulanger pesait le pain
avant d'aller le distribuer de porte en porte sur son tricycle,
elle savait tout le répertoire des chansons que sifflotaient
les gamins sur la place, et même les métaphores
dont la paraient les admirateurs anonymes de sa croupe et de
ses fines chevilles, guépards enfiévrés
qui lui eussent volontiers léché les oreilles et
même les talons en mouillant sa peau d'une salive bouillonnante
et spermatique. Cette poignée d'infimes choses, était-ce
sa patrie ?
☐ p. 107
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « La boda del poeta »,
Barcelona : Plaza & Janés, 1999
- « La noce du poète », Paris : Librairie générale française (Le Livre de poche, 15464), 2003
- « Une ardente patience »,
Paris : Seuil, 1987 ; Seuil (Points-virgule, 65), 1988,
2001
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mise-à-jour : 16 novembre 2005 |
Prix Medicis Étranger 2001 |
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