Marie NDiaye

Rosie Carpe

Les Éd. de Minuit

Paris, 2001

bibliothèque insulaire

      

des femmes et des îles
Guadeloupe
parutions 2001
Rosie Carpe / Marie NDiaye. - Paris : Les éd. de Minuit, 2001. - 338 p. ; 19 cm.
ISBN 2-7073-1740-3

NOTE DE L'ÉDITEUR : La vie de Rosie Carpe commence à Brive-la-Gaillarde, entre son frère Lazare et ses deux parents Carpe qui sont encore, alors, dépourvus de toute espèce de fantaisie vénéneuse. Rosie conservera de Brive un souvenir confus et voilé de jaune, tandis que, pour son frère Lazare, le bonheur à Brive-la-Gaillarde gardera les couleurs d'un magnolia dont il est le seul à se rappeler la splendeur.

Ensuite, à Antony, Rosie Carpe est adulte. Elle met au monde Titi, travaille, et doucement chavire.

Quand Rosie Carpe débarque en Guadeloupe, elle a perdu depuis longtemps la maîtrise de ce qu'elle fait. Et tout ce qui lui arrive, enfant ou désastres, concerne tout aussi bien quelqu'un qui n'est peut-être pas elle.

PIERRE LEPAPE : Cela commence comme un roman de Simenon. Une jeune femme, Rosie, débarque à l'aéroport de Pointe-à-Pitre en compagnie de son fils, Etienne, dit Titi, un enfant de six ans " ni gai, ni pétulant, ni léger ". Rosie démunie de tout, a quitté la France métropolitaine pour rejoindre son grand frère, Lazare, qu'elle n'a pas vu depuis cinq ans et qui lui a fait miroiter une existence dorée en Guadeloupe. Mais Lazare n'est pas là.

[…]

On a moins l'impression de lire Marie NDiaye que de se laisser séduire par une sirène qui ne craint pas d'abuser les charmes de sa voix. Elle vous entraîne dans les entrelacs de ses phrases pulpeuses et asymétriques, elle vous fait croire l'incroyable, tire du magique de l'ordinaire, joue avec les mots comme un horloger avec ses rouages et pousse le talent jusqu'à obtenir ce qu'on n'attendait pas d'elle : Rosie Carpe est un roman violent et émouvant sur la détresse et la culpabilité et sur les enfants qui s'anéantissent d'avoir été trop mal aimés.

 Le Monde des livres, 9 mars 2001

ALAIN ROBBE-GRILLET : Marie NDiaye me touche […]. Il y a là une présence réelle du monde, une vraie présence littéraire. Dans Rosie Carpe, il y a de si fortes allusions à Faulkner qu'on a l'impression que ça se passe en Alabama. Alors que c'est en Guadeloupe, où j'ai habité moi-même longuement, avec mes bananiers malades. Ce n'est pas mon univers, mais c'est un univers extraordinairement dense, tangible, convaincant, dans la désespérance.

Entretien recueilli par Sébastien Le Fol et Anthony Palou, Le Figaro littéraire, 4 octobre 2001

VALÉRIE MARIN LA MESLÉE : […]

Peut-être parce que Rosie Carpe s'en va en Guadeloupe, il apparaît rétrospectivement que l'univers de Marie NDiaye a quelque chose de tropical : humidité de cette misère de l'humanité qui poisse, d'où qu'elle vienne, poussière poudreuse de la route, même bitumée, aveuglante lumière des faits, et ce vert aussi, de la vie pétulante, de l'entrain. Rosie va retrouver son frère Lazare qui, dit-il, a fait fortune là-bas, tandis qu'elle, autrefois Rose-Marie, s'est quittée, au sortir d'une enfance sans amour, s'efforçant de survivre […].

 Magazine littéraire, 404, décembre 2001

EXTRAIT

— On est dans les Grands-Fonds, dit Lagrand, autant dire dans la brousse, dans la pampa.

Mais il semblait à Rosie que les maisons n'étaient guère moins nombreuses au bord de ce chemin. De chaque côté, sur la crête des mornes ou pendues aux flancs raides, des maisons encore se signalaient par une myriade de lumières diverses qui frappaient crûment des empilements de parpaings, des blocs de béton tout juste percés de fenêtres puis laissés en l'état, austères et lamentables, d'une désolante ténacité, au cœur de la végétation profuse. Elle regardait tout cela, elle regardait les clôtures de barbelés et les murs de ciment, ici et là la haute enceinte blanche d'une villa au toit de tôle complexe, et elle avait une assez douce sensation de familiarité, teintée d'un regret encore diffus, pas encore douloureux.

p. 25

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Rosie Carpe », Paris : Les éd. de Minuit (Double, 64), 2009
  • Annie Demeyère, « La Guadeloupe dans Rosie Carpe, insularité et transgression », in L'insularité, études rassemblées par Mustapha Trabelsi, Clermont-Ferrand : Presses universitaires Blaise Pascal, 2005
  • Francis Imbert, « Lire Rosie Carpe de Marie NDiaye », Paris : L'Harmattan (Critiques littéraires), 2015

mise-à-jour : 21 avril 2017

Prix Femina
roman

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