VARIO SÉRANT : Claude A.
Rosier a vécu l'enfer des geôles
duvaliériennes pendant onze ans, de 1966 à 1977.
Dans un ouvrage poignant […], il conte, avec force
détails, son mal vivre quotidien et celui de ses compagnons
d'infortune.
[…]
Son odyssée a
commencé un 2 novembre 1966 à Saint Marc quand il
a été arrêté, ainsi que son
frère, par un officier, accompagné d'un soldat,
et conduit dans une cellule de la prison de la ville où se
dégageait « une odeur de chair pourrie
mélangée à de la matière
fécale ». Il militait alors au sein d'un
des comités régionaux d'un parti politique
d'inspiration marxiste, le PPLN (Parti Populaire de
Libération Nationale).
Dans cette cellule qui
mesurait environ vingt mètres carrés, se
trouvaient « quatorze épaves humaines
étendues à plat ventre », ses
vieilles connaissances pour la plupart, avec la plante des pieds, les
fesses, le dos et le visage tuméfiés. Mais la
prison de Saint Marc représentait un
« paradis » en regard de ce que
Claude Rosier allait vivre à Fort Dimanche, à
Port-au-Prince. A l'entrée de son cachot qui mesurait 1m80
de long et 0m70 de large, « était
placée une marmite de cinq livres qui servait pour les
besoins physiologiques ». Pour les
différentes prisons qu'il a
fréquentées (Saint Marc, Fort Dimanche,
Pénitencier National), l'auteur décrit l'angoisse
permanente qui habitait les détenus.
La bastonnade, la fusillade et
l'élargissement constituaient la toile de fond des
« auto-questionnements » des
prisonniers à chaque fois qu'ils étaient
demandés. « Nous vivions dans une
ambiance tissée de désespoir, chaque fois
renforcée à l'annonce d'un nouvel
échec politique », lit-on à la
page 63.
[…]
Dans son
livre-témoignage, Claude Rosier met non seulement
à nu les conditions carcérales infra humaines,
mais édifie aussi sur l'atmosphère de
délation et suspicion installé par le tyran,
François Duvalier, au sein même de ses
suppôts, les « tontons
macoutes ».
[…]
→ AlterPresse - Haïti, 28 novembre 2003 [en ligne]
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