Le
marchand de Venise = The merchant of Venice / William
Shakespeare ; éd. bilingue
présentée,
établie et annotée par Gisèle
Venet ; trad.
française de Jean-Michel Déprats. -
Paris :
Gallimard, 2010. - 317 p. ; 18 cm. - (Folio
théâtre, 116).
ISBN
978-2-07-040771-2
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The
man that hath no music in himself
(…)
Is fit for treasons …
L'homme
qui n'a pas de musique en lui
(…) Est
propre aux trahisons …
☐ Acte V, scène I,
pp. 234-235 |
Antonio,
marchand vénitien, a souscrit un prêt de trois
mille
ducats auprès de Shylock. Quand vient
l'échéance,
une succession de mauvaises fortunes, l'empêche de
régler
son dû : à défaut s'impose un dédit
fixé par contrat à une
livre exactement de [sa propre] chair que son créancier
pourra
découper et prendre dans la partie de [son] corps qui [lui]
plaira.
La fable se dénoue
devant une cour de
justice présidée par le doge de Venise qui tente
en vain
de faire prévaloir la morale sur la stricte application du
droit. Mais Venise est au cœur du monde commercial ;
Venise
vit par et pour le commerce. L'avocat improvisé d'Antonio en
convient :
… aucun pouvoir à Venise
Ne peut changer un
décret établi :
Ce sera enregistré
comme un précédent,
Et bien des violations,
suivant ce même exemple
Feront
irruption dans l'Etat …
(Acte IV, scène I)
On
comprend que si la cour permettait à Antonio de contourner
la
lettre du contrat, la confiance des marchands qui font affaire
à
Venise serait irrémédiablement
atteinte ; la loi
d'airain des marchés doit donc prévaloir sur la
miséricorde. Seule une subtilité formelle peut
alors
ouvrir une heureuse issue.
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Dans
un article récent (voir ci-dessous), Robert Appelbaum
établit un éloquent parallèle entre
l'intrigue
ourdie par Shakespeare et le différend qui a
opposé la
Grèce à ses créanciers internationaux. |
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EXTRAIT |
PORTIA
The
quality of mercy is not strain'd,
It droppeth as the gentle rain from heaven
Upon the place beneath : it is twice blest,
It blesseth him that gives and him that takes.
'Tis mightiest in the mightiest, it becomes
The throned monarch better than his crown.
His sceptre shows the force of temporal power,
The attribute to awe and majesty,
Wherein doth sit the dread and fear of kings,
But mercy is above this sceptred sway,
It is enthroned in the hearts of kings,
It is an attribute to God himself ;
And earthly power doth then show likest God's
When mercy seasons justice : therefore, Jew,
Though justice be thy plea, consider this,
That in the course of justice, none of us
Should see salvation : we do pray for mercy,
And that same prayer doth teach us all to render
The deeds of mercy. I have spoke thus much
To mitigate the justice of thy plea,
Which if thou follow, this strict court of Venice
Must needs give sentence 'gainst the merchant there. |
PORTIA
La
miséricorde ne se commande pas,
Elle tombe comme la douce pluie du ciel
Sur ce bas monde : elle est double
bénédition,
Elle bénit qui la donne et la reçoit.
C'est la suprême puissance chez les puissants, elle sied mieux
Au monarque sur son trône que sa couronne.
Son sceptre montre la force du pouvoir temporel,
L'attribut du respect et de la majesté,
Où résident la crainte et la terreur des rois,
Mais la miséricorde est au-dessus du sceptre souverain,
Elle trône dans le cœur des rois,
C'est l'attribut de Dieu lui-même ;
Et le pouvoir terrestre se montre le plus semblable à celui
de Dieu
Quand la miséricorde adoucit la justice : ainsi
donc, Juif,
Bien que la justice soit ta requête, considère
Qu'avec la seule justice, aucun d'entre nous
Ne serait sauvé : notre prière invoque
la miséricorde,
Et cette même prière, en retour, nous apprend
à tous
À pratiquer la miséricorde. J'ai dit tout cela
Pour tempérer la rigueur de ta plainte,
Mais si tu la poursuis, la stricte Cour de Venise
N'a plus qu'à prononcer sa sentence contre ce marchand.
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☐
Acte IV,
scène I, pp. 202-205 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « The
most excellent Historie of the Merchant of Venice »,
London : Thomas Heyes, 1600
- « The
Merchant of Venice », in Comedies, Histories, &
Tragedies, London : Isaac Iaggard, and Ed.
Blount, 1623
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- « Le
marchand de Venise » trad. de Jean-Michel
Déprats, in Shakespeare à
Venise illustré par la Renaissance
vénitienne, Paris : Diane de
Selliers, 2017
- « Le
marchand de Venise » trad. de François
Laroque,
Paris : Librairie générale
française (Le
Livre de poche, 21028), 2008
- « Le
marchand de Venise » trad. de Jean-Michel
Déprats,
Paris : Ed. Théâtrales, 2001
- « Le
marchand de Venise » éd. bilingue, trad.
de Jean Grosjean, Paris : Flammarion (GF, 845),
1994
- «
Le marchand de Venise »
éd. bilingue,
trad. de F. C. Danchin, Paris : Aubier (Domaine anglais bilingue), 1992
- « Le
marchand de Venise »
éd. bilingue, trad. de Mme Lebrun-Sudry, Paris : Les
Belles lettres, 1990
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- William Shakespeare,
« La
Tempête » in Œuvres
complètes tome XII, éd. bilingue
sous la dir. de Pierre Leyris et Henri Evans, Paris : Le Club
français du livre, 1968
- William
Shakespeare, « La Tempête »
trad. de François-Victor Hugo, Paris : RBA France, Le Monde,
2015
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mise-à-jour : 2
janvier 2018 |
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