Pierre Poivre

Mémoires d'un botaniste et explorateur, augmentés d'une biographie et de notes par Denis Piat et Jean-Claude Rey

La Découvrance

La Rochelle, 2006
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parutions 2006
Mémoires d'un botaniste et explorateur / Pierre Poivre ; biographie et notes par Denis Piat et Jean-Claude Rey ; préface de Patrick Poivre d'Arvor. - La Rochelle : La Découvrance, 2006. - 230 p.-[16] pl. : cartes ; 21 cm.
ISBN 2
-84265-446-7
Au retour d'un voyage en Chine, alors qu'il se préparait à entrer au service des Missions Etrangères, Pierre Poivre (1719-1786) perd son bras droit suite à une blessure reçue dans un combat contre un navire britannique et renonce à entrer dans les ordres. C'est le début d'une carrière exemplaire — aventureuse et méthodique — où s'enchaînent et s'enrichissent mutuellement l'enquête socio-culturelle, la recherche botanique et l'administration coloniale.

Dans un premier temps Pierre Poivre observe et analyse la vie des sociétés rencontrées au long des côtes d'Afrique et d'Asie ; il s'y forge une solide connaissance des méthodes agricoles et une foi inébranlable dans la nécessité d'en rationaliser la pratique. Pour lui, comme pour François Quesnay initiateur de la physiocratie, l'agriculture seule est facteur de richesse — or il s'agit d'une ressource « renouvelable » ! si elle est exploitée avec clairvoyance et mesure.

Le second temps fort dans la vie de Pierre Poivre est marqué par sa passion pour la botanique et par les efforts déployés avec succès pour briser le monopole hollandais sur les épices, en particulier la noix muscade et le giroflier. Sans considération des risques auxquels il s'expose, il monte plusieurs expéditions aux Moluques et aux Philippines dans le but de s'emparer de plants aptes à la reproduction et, à force d'obstination, parvient à les acclimater aux îles de France (Maurice) et de Bourbon (La Réunion). On lui doit également l'introduction dans ces îles du manguier, de l'arbre à pain et d'une multitude d'autres espèces adaptées au milieu et utiles à la consommation.

En 1766, Pierre Poivre est nommé intendant des îles de France et de Bourbon après que la couronne ait repris à son compte le privilège de la Compagnie des Indes ; dès son arrivée à Port-Louis en juillet 1767 1, il prononce deux discours fondateurs où s'expriment avec force les orientations qu'il entend faire prévaloir dans sa gestion de la colonie. Il en appelle à une franche rupture tant avec les principes mis en œuvre par la précédente administration qu'avec les habitudes les plus enracinées des colons. La forme et le contenu de ces déclarations d'intention frappent par leur caractère utopisant, sensible autant dans la critique virulente de la situation de la colonie telle qu'il la trouve à son arrivée que dans les perspectives qu'il ouvre : virulente critique de l'esclavage (sur la pratique duquel il n'a pas pouvoir de revenir mais dont il entend limiter strictement les excès), primat du « code admirable de la nature » sur le « chaos de nos lois féodales », ouverture du commerce afin de stimuler les échanges avec les nations proches (en opposition au régime de l'exclusif qui imposait à la colonie de ne commercer qu'avec la métropole), proscription du luxe, « scandaleux dans une île qui manque de pain » …

Dans ce dernier chapitre de sa vie publique, Pierre Poivre saisit l'occasion de mettre en pratique les rêves échafaudés dans ses voyages de formation. Les écrits ici rassemblés permettent d'établir un parallèle éclairant entre l'enthousiasme que suscite sa découverte du royaume de Ponthiamas (pp. 81-84) où, sous la bienveillante autorité d'un patriarche philanthrope s'épanouit un peuple d'agriculteurs prospères, et le projet qu'il forme pour l'île de France en confrontant à l'épreuve des faits ses convictions politiques et religieuses, ses connaissances de botaniste et d'agronome, son expérience d'économiste avant la lettre et sa volonté réformatrice : « Donnons … à cette colonie, trop longtemps désolée sous l'empire tumultueux des passions, donnons-lui un spectacle nouveau, celui de tous ses citoyens vertueux, ligués pour faire son bonheur » (Discours prononcé à la première assemblée publique du nouveau conseil supérieur de l'Isle de France, le 3 août 1767, p. 148).
   
1. Pierre Poivre exercera ses fonctions jusqu'à son départ de l'île le 20 octobre 1772.
SOMMAIRE
(résumé)
PREMIÈRE PARTIE
  • Notice sur la vie de Pierre Poivre
  • Voyage d'un philosophe, ou observations sur les mœurs et les arts des peuples de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique
  • Suite des observations sur l'état de l'agriculture chez différentes nations de l'Afrique et de l'Asie
SECONDE PARTIE
  • Discours prononcé par P. Poivre à son arrivée à l'Isle de France, aux habitants de la Colonie, assemblés en Gouvernement
  • Discours prononcé à la première assemblée publique du nouveau Conseil Supérieur de l'Isle de France, le 3 août 1767, par P. Poivre, commissaire pour sa majesté aux Isles de France et de Bourbon, et président des Conseils Supérieurs qui y sont établis
TROISIÈME PARTIE
  • Extrait du voyage fait en 1769 et 1770 aux Isles Philippines et Moluques (…) d'après les vues de P. Poivre, pour la recherche des arbres à épiceries
  • Mission faite aux Isles Moluques par le sieur d'Etcheverry (…)
  • Lettre de Pierre Poivre au Père Cœurdoux
  • Lettre du Père Cœurdoux
  • Rapport fait à l'Académie des Sciences sur le transport des plants de cannelliers et de girofliers à l'Isle de France
  • Extrait du Voyage aux Indes et à la Chine par P. Sonnerat
BIOGRAPHIE, NOTES ET CARTES
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Voyages d'un philosophe, ou Observations sur les mœurs et les arts des peuples de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique », Yverdon, 1768 ; Londres, Lyon : J. de Ville et L. Rosset, 1769
  • « Œuvres complettes de P. Poivre, Intendant des Isles de France et de Bourbon (…) » précédées de sa vie [par Pierre-Samuel Dupont de Nemours], et accompagnées de notes [et d'une préface par Louis-Mathieu Langlès], Paris : Fuchs, 1797
  • Gérard Buttoud, « Il s'appelait Poivre : un chasseur d'épices dans la mer des Indes, 1750-1772 », Paris : L'Harmattan, 2016
  • Richard Grove, « Les îles du Paradis : l'invention de l'écologie aux colonies, 1660-1854 » introduction et postface par Grégory Quenet, Paris : La Découverte (Futurs antérieurs), 2013
  • Louis Malleret, « Pierre Poivre », Paris : A. Maisonneuve (Publications de l'Ecole française d'Extrême-Orient, 92), 1974
  • Jean-Paul Morel, « Sur la vie de monsieur Poivre : une légende revisitée, 1719-1786 », Saint-Jean-de-Védas : chez l'auteur, 2018
PIERRE POIVRE & COMPAGNIE : http://www.pierre-poivre.fr/

mise-à-jour : 12 février 2021

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