1ère édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 1999)
ouvrage en
compétition |
Bénarès
/ Barlen Pyamootoo. - Paris : Éd. de l'Olivier,
1999. - 90 p. ; 19 cm.
ISBN 2-87929-210-7
|
|
On
peut vivre dans le village le plus retiré de Maurice ou dans
le
quartier le plus défavorisé de
l’île, ce qu’on écrit, ce
qu’on pense
n’en tend pas moins à l’universel.
☐
Barlen
Pyamootoo — Quai
des Brumes, 26 septembre 2017 |
NOTE DE L'ÉDITEUR :
Parce
qu'il gagne une grosse somme d'argent aux cartes, un jeune homme
propose à son meilleur ami de se rendre en ville pour
ramener deux femmes.
Tel est le point de départ de ce livre singulier,
situé à l'île Maurice, et qui, sans
jamais recourir à l'exotisme, noue avec le lecteur un lien
d'une bouleversante simplicité.
❙ | Barlen
Pyamootoo est né en 1960 sur l'île Maurice. Sa
famille fuit l'île, les moulins à sucre en ruine
et le chômage en 1976.
Direction Strasbourg où il enseigne la
littérature jusqu'en 1993.
Depuis 1994, il vit entre Paris et Trou-d'eau-douce (Maurice). Il a
lui-même adapté et réalisé Bénarès
pour le cinéma en 2006 : c'est le premier film
mauricien,
interprété par des comédiens
mauriciens et
tourné en créole. |
|
CHRISTOPHE
MERCIER : Dans ce récit qui se
passe à Bénarès, à
l'île Maurice (et pas en Inde !), il n'y a aucune
volonté de couleur locale, aucun exotisme du vocabulaire. Un
champ de cannes, des maisons inhabitées, un lagon et un
pêcheur qui marche sur le chemin pour venir voir son ami, le
narrateur : voilà pour le décor et les
personnages, et ça suffit pour qu'on y soit, sans se poser
de questions.
Les sentiments
eux-mêmes ne sont pas mis en scène avec emphase,
mais on sent l'affection entre les deux hommes. Dès lors, on
les suit, alors qu'ils vont en ville dépenser leur argent
avec des femmes qu'ils chercheront à ramener au village. Ils
auront du mal à trouver des volontaires, car
Bénarès est loin dans la campagne. Ils finiront
quand même par en trouver deux, et, dans la voiture qui les
ramène au village, ils parleront tous les quatre, les deux
amis et les deux femmes, la vieille et la jeune, et
évoqueront l'autre Bénarès, celui qui
est fameux.
☐
Le Point, 13 mars
1999
|
EXTRAIT |
Je leur parlais du moulin et de la route qui y
mène. De l'immensité des champs et des toits de
quelques maisons qui dépassent les cannes. De la mer au loin
et du ciel immense aussi. Puis je leur parlais du village
lui-même. De l'école, de la boutique et des
maisons qui sont si loin de la mer. Et des gens bien sûr,
comment ils vivent et ce qu'ils font comme métiers et du
temps qu'ils passent à ne rien faire, parce qu'il ne se
passe pas grand-chose à
Bénarès … Par moments,
j'étais tellement assailli de questions que je ne savais
plus quoi leur répondre, j'avais l'impression d'avoir tout
dit, alors je mentais, j'inventais des paysages, c'était
aussi pour qu'ils fassent travailler leur imagination à eux.
Je leurs parlais du ciel quand il y a de l'orage, quand il
crève en éclairs comme un abcès, ou de
la mer en été, comment on la regarde quand il n'a
pas plu depuis des mois, quand il n'y a que du soleil toute la
journée, et je disais combien elle ressemble alors
à un immense miroir, elle brille et renvoie au
ciel …
☐ pp. 77-78
|
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Barlen
Pyamootoo, « Le tour de
Babylone », Paris : Éd. de
l'Olivier, 2002
- Barlen Pyamootoo,
« Salogi's », Paris :
Éd. de l'Olivier, 2008
- Barlen Pyamootoo, «
L'île au poisson venimeux »,
Paris : Éd. de l'Olivier, 2017
- Barlen Pyamootoo, « Whitman »,
Paris : Éd. de l'Olivier, 2019
- Barlen Pyamootoo, « Monterey »,
Paris : Éd. de l'Olivier, 2022
|
- Barlen
Pyamootoo et Rama Poonoosamy (éd.),
« Maurice : le tour de l'île en
quatre-vingts lieux », Port-Louis
(Maurice) : Immedia, 1994
|
- Binita Mehta,
« Memories in/of Diaspora : Barlen
Pyamootoo's Bénarès (1999) », L'Esprit
créateur, Vol. 50, N° 2,
Summer 2010 — pp. 46-62
|
Sur le site « île en
île » : dossier Barlen Pyamootoo |
|
|
mise-à-jour
: 16 mai 2022 |
|
|
|