Le voyage dans le
Pacifique de Bougainville à Giraudoux / Eliane Gandin.
- Paris : L'Harmattan, 1998. - 349 p. : cartes ;
22 cm. - (Critiques littéraires).
ISBN 2-7384-7045-9
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Le voyage dans le Pacifique de
Bougainville à Giraudoux étudie l'évolution
de la représentation du Pacifique dans l'imaginaire français
de 1771 à 1935 à travers des œuvres littéraires
marquantes, selon une perspective diachronique. Au dix-huitième
siècle, Bougainville, au retour de sa circumnavigation,
donne une implantation concrète au mythe de l'âge
d'or et de la Nouvelle-Cythère en le situant au cœur
du Pacifique.
De ce paradis hédoniste,
rendu célèbre par le récit du voyage de
Bougainville, le philosophe
des Lumières Diderot fait le lieu paradigmatique de sa
réflexion sur la nature originelle dans le Supplément
au voyage de Bougainville. Sans détruire l'attrait
du rêve philosophique, le dix-neuvième siècle
y ajoute la curiosité scientifique et le désir
de conquête. Jules Verne,
décrivant des dangers de toutes sortes dans ses Voyages
extraordinaires, fait du Pacifique un lieu d'épreuves,
où quelques-uns de ses héros suivent un parcours
initiatique, à travers le voyage et le séjour dans
une île déserte. Mais c'est Loti
qui renouvelle l'engouement suscité par Bougainville pour
le Pacifique, en déployant les charmes de l'exotisme d'un
bonheur sur fond de tristesse. À l'orée du vingtième
siècle, Victor Segalen, suivant les traces du peintre
Gauguin et, à
travers une recherche ethnologique, s'opposant au narcissisme
du colonisateur, découvre l'Autre et lui rend sa pleine
valeur de sujet dans Les
Immémoriaux. Après la première Guerre
mondiale, Jean Giraudoux clôt ce cycle des représentations
valorisantes du Pacifique en une résolution, qu'il veut
harmonieuse, du dilemme de la Nature et de la Culture, autant
par l'écriture romanesque de Suzanne
et le Pacifique que par l'écriture théâtrale
du Supplément au Voyage de
Cook.
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EXTRAIT |
Du
premier regard porté par le navigateur Bougainville
jusqu'à la représentation imaginaire qu'en propose
Giraudoux, avec, pour jalons, les phares que sont les œuvres de
Diderot, Verne, Loti et Segalen, la représentation que se fait
la France de l'océan Pacifique reste unifiée,
suscitée par la curiosité, la sympathie et la fascination
pour cet ailleurs. Toutefois Verne, à la différence des
autres écrivains, déplace l'intérêt de
Tahiti à l'ensemble du Pacifique, il garde la dimension
temporelle et spatiale du mythe mais restreint la représentation
paradisiaque. Du siècle des Lumières au XXème
siècle, la Polynésie étant l'image du Paradis,
cette représentation depuis le début conduit à un
dilemme : le rêve d'en jouir se heurte à la
conscience de pervertir ce Paradis par sa seule approche. (…) Ecarter
le réel est un moyen d'échapper à cette
responsabilité. C'est ainsi que la Polynésie est
circonscrite aux limites de l'imaginaire, à une
interprétation littéraire. La Polynésie est le
miroir où la France se regarde narcissiquement, s'interroge sur
ses propres origines, sur elle-même, se délecte de la
nostalgie du Paradis perdu. L'utilisation égocentrique
caractérise cette relation à la Polynésie et,
même quand on croit y échapper grâce à la
tentative de Segalen de donner à l'Autre la parole et le statut
de sujet à part entière, c'est encore soi que l'on
recherche au fond de cette altérité.
☐ Introduction, pp. 15-16 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Eliane Gandin, « Le
cannibalisme vu par Jules Verne », in Regards populaires
sur la violence, études rassemblées et présentées
par Mireille Piarotas, Saint Etienne : Presses de l'université
de Saint Etienne (C.I.E.R.E.C.), 2000, pp. 57-74
- Eliane Gandin, « La
mutinerie dans les romans de Jules Verne », in Regards
populaires sur la violence, études rassemblées
et présentées par Mireille Piarotas, Saint Etienne :
Presses de l'université de Saint Etienne (C.I.E.R.E.C.),
2000, pp. 75-89
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mise-à-jour : 28 février 2017 |
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