Tatouages
d'Océanie : rites, techniques et images /
Sébastien
Galliot. - Paris : Sté des Océanistes,
2014. -
36 p. : ill., carte ; 19 cm. -
(Dossier de la
Sté des Océanistes, 2).
ISBN
978-2-85430-117-5
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La
pratique du tatouage est largement répandue dans le
Pacifique
où elle s'étend des îles Hawaii
à la
Nouvelle-Zélande, de la Micronésie à
l'île
de Pâques. Depuis le XVIIIe
siècle, les navigateurs occidentaux ont relevé
l'importance de cette pratique et ont contribué à
en
faire connaître les aspects les plus immédiatement
perceptibles ; mais cette découverte a
précédé, si elle ne l'a pas
directement
causé, le déclin puis l'abandon d'une tradition
multi-séculaire. Etudier aujourd'hui le tatouage
océanien, c'est donc tenter de comprendre un mouvement dont
on a
brisé l'essor et dont seules les ultimes manifestations ont
pu
être enregistrées.
Couvrant
l'océan Pacifique
dans son ensemble, la brève synthèse
établie par
Sébastien Galliot met en lumière la
diversité de
pratiques adaptées à des milieux
géographiques
distincts et reposant sur des systèmes sociaux et culturels
différenciés. Ces facteurs, parmi d'autres, ont
également donné lieu à des
évolutions
historiques spécifiques. Le tableau d'ensemble retient donc
l'attention en soulignant
l'hétérogénéité
plus que
l'uniformité. Les nombreux exemples tirés des
îles
de Micronésie contribuent heureusement à enrichir
l'information et la réflexion — fournissant un
utile
complément aux connaissances plus largement
diffusées
concernant les îles Hawaii, les Marquises, les Samoa ou la
Nouvelle-Zélande.
Après
avoir évoqué
la genèse de la pratique du tatouage dans les
différents
archipels, Sébastien Galliot présente les
techniques, les
outils, le rôle et le statut des praticiens, le contexte
social et ses implications, les aspects graphiques (les images). Il
analyse ensuite les causes du déclin sous la pression
missionnaire et coloniale et consacre un dernier
développement
au renouveau du
tatouage en Océanie où il voit un phénomène
transnational, largement
influencé par la prise de conscience « de
la valeur
symbolique et marchande que les Occidentaux [accordent] au tatouage
indigène » (p. 33).
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EXTRAIT |
Il est un trait dominant de notre pensée
occidentale et de
notre approche de l'art et des images que de vouloir les
« faire parler ». Nous avons une
tendance
naturelle à penser les images en terme de significations et
de
symboles. Afin de mieux comprendre le rôle des images
tatouées en Océanie, il importe de laisser de
côté cette approche pour se laisser guider par
leur
capacité d'action. En effet, à l'exception des
Marquises
dont le corpus iconographique est extrêmement riche et
comporte
plusieurs centaines de motifs nommés, la plupart des formes
tatouées dans cette région du monde ne se
prête
guère à la création d'un
répertoire. Elles
ne se prêtent pas non plus à une entreprise de
décryptage, au sens où chaque signe, chaque motif
aurait
une signification cachée accessible à la
condition d'en
trouver la clé.
Les
images utilisées pour le tatouage en Océanie
peuvent
toutefois être étudiées sous un angle
différent qui prend en compte leur caractère
iconique et
indiciel : autrement dit, en se demandant non pas ce que
l'image
« veut dire » mais en se posant
la question de
savoir ce qu'elle cherche à « rendre
visible », ce qu'elle « permet de
faire » et comment elle « agit
sur »
le porteur et son entourage.
☐ p. 24 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE La
bibliographie proposée par Sébastien Galliot compte une
trentaine de références ; ne sont retenus ci-dessus
que les titres présentés sur le site d'information des littératures insulaires. |
- Sébastien
Galliot, « L'art du tatouage en
Micronésie » in Un artiste voyageur en
Micronésie : l'univers flottant de Paul Jacoulet
sous la dir. de Christian Polak et Kiyoko Sawatari, Paris :
Musée du Quai Branly, Somogy, 2014
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- Louis Choris,
« Voyage
pittoresque autour du monde »,
Paris : Firmin Didot, 1822 ; Paris :
Chandeigne, 2008
- Augustus Earle,
« A
narrative of a nine months' residence in New Zealand, in 1827 »,
London : Longman (…), 1832
- Karl von den
Steinen, « Les
Marquisiens et leur art : l'ornementation primitive des mers
du Sud (vol. 1) Le tatouage »,
Papeete : Musée de Tahiti et des îles, Le
Motu, 2005
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mise-à-jour : 26
juillet 2014 |
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