La comète de Halley
/ Pascale Blanchard-Glass. - Paris : L'Harmattan, 2000. -
187 p. ; 22 cm. - (Lettres des
Caraïbes).
ISBN 2-7384-9138-3
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Port-au-Prince au début du XXe
siècle. Tandis que la comète brille dans le ciel
de la ville, une vieille femme est suspendue dans le vide sur un
fauteuil à bascule, un clown sème la terreur dans
la cité et une couturière coud des
vêtements magiques … Isadora est une
styliste d'origine martiniquaise et Tristan est un astronome
haïtien. Ils se sont rencontrés à Cuba
où ils sont tombés amoureux, puis le destin les a
séparés. Mais avec l'apparition de la
comète, leurs chemins vont de nouveau se croiser. Or,
Isadora, sa sœur Ana qui vit à La Havane, leur
mère Hermanse et leur aïeule Zénobie
sont des magiciennes. Ce récit envoûtant et
onirique est l'histoire de cette famille qui a
émigré depuis Cayenne jusqu'à
Port-au-Prince en passant par Saint-Pierre de la Martinique.
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YVES CHEMLA : Peu
d'écrivains d'Haïti se sont penchés sur
les années 1890-1910 qui furent pourtant des
années décisives. Cette période de
crise constitutionnelle voit se succéder des
présidents incompétents, renversés par
des coups d'état aux motivations incertaines. Les factions
s'affrontent sans relâche dans les villes, au
détriment d'un pays réel replié dans
une agriculture tournée cependant vers l'exportation, au
profit exclusif d'une élite sociale. Certaines catastrophes
futures trouvent là une partie de leurs origines.
Et pourtant : cette
période fut aussi celle d'un rayonnement intellectuel
notable. Les ouvrages de Louis Joseph Janvier, d'Anténor Firmin
ou d'Hannibal Price
répondent aux théories racistes en vigueur en
Europe ; des romanciers comme Marcelin, Lhérisson
ou Hibbert,
publient des œuvres marquantes, et l'on connaît les
noms de poètes comme Oswald
Durand, Massillon Coicou ou Etzer Vilaire. En
1915, l'invasion américaine instituait une nouvelle donne.
C'est ce temps-là que fait revivre Pascale Blanchard-Glass
dans son roman, La Comète de Halley.
Parvenant à
appréhender la difficulté d'exister en temps de
crise, elle nous offre un roman énigmatique, d'une
polyphonie propice à signifier
l'inquiétude : les mêmes situations
traitées de différents points de vue prennent des
valeurs différentes et témoignent du
désarroi d'êtres confrontés
à la résistance du réel, en face de
leurs désirs.
[…]
☐ Notre Librairie, 143, janvier-mars 2001 [en ligne] |
EXTRAIT |
Dès mon arrivée, je me suis rendu
compte
qu'une fièvre particulière s'était
emparée
des habitants de Port-au-Prince. Hommes et femmes couraient dans toutes
les directions sans prendre le temps de regarder les autres, les
conducteurs de tramway conduisaient leurs engins à une
allure
folle, les chevaux hennissaient et piafaient sans raison,
même
les chiens hurlaient comme par un soir de pleine lune.
Un
vent venant de la plaine du Cul-de-sac balayait places et ruelles,
soulevait les jupes des dames et rendait les hommes ivres.
« Ce n'est pas le vent, c'est la comète,
m'affirma le
conducteur du fiacre. La voilà, on la voit même en
plein
jour, derrière les nuages ».
Des
nuages gris acier obscurcissaient le ciel. Çà et
là, les rayons du soleil rendus phosphorescents par
l'épaisseur des tourments accumulés sur la vielle
tentaient de passer à travers leur opacité. Mais
vers
l'ouest, dans la direction du morne L'Hôpital, une tache
glauque
brillait comme un œil de verre : la
comète.
☐ pp. 9-10
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Correspondance
du Nouveau Monde », Paris : L'Harmattan,
1995
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mise-à-jour : 30
avril 2013 |
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