Hölderlin et Paoli [contient un poème inédit de Hölderlin : Emilie vor irhem Brauttag et sa trad. française : Émilie à la veille de ses noces]
/ traduction et commentaires de Marie-Jean Vinciguerra. - Bastia :
Materia Scritta 2006. - 104 p. ; 21 cm. - (Libelle).
ISBN 2-9164020-3-9
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Quand, au début de l'été 1799, Hölderlin écrit Emilie vor ihrem Brauttag (Emilie à la veille de ses noces), il
répond à une commande ; on attendait de lui
« un tout petit récit ou roman dont
l'héroïne serait le type même de la jeune fille
accomplie », il écrit une idylle en vers qui
paraîtra l'année suivante dans L'Agenda pour dames et demoiselles cultivées de son ami Neuffer.
Aux premières pages de ce « bref roman épistolaire
», Emilie évoque le souvenir d'un frère mort en
combattant de la liberté après s'être engagé au
côté de Pascal Paoli et de ses partisans, « ces
jeunes terriblement calmes et graves ».
C'est une page brillante et peu connue qui enrichit l'hommage de
l'Europe au général Corse, à côté de
celles de Boswell, de Rousseau et de Voltaire ou, pour l'Allemagne, de
Gœthe.
C'est également l'occasion de découvrir la vigueur de
l'engagement du poète en faveur de tout mouvement
d'émancipation : ce n'est pas l'œuvre d'un poète
éthéré et contemplatif. Et si l'utopie
insulaire se pare de couleurs que relevait déjà Horace,
l'exigence qu'elle éveille se manifeste dans l'action et assume
le risque du sacrifice. ❙ | Marie-Jean
Vinciguerra est né en 1931 à Bastia. Haut fonctionnaire,
il a eu une carrière à la fois universitaire,
diplomatique et politique. |
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EXTRAIT |
Je le revois encore partir
Jamais il ne fut plus beau, plus hardi
L'âme brillait sur son front.
(…)
« Il est un noble peuple, ici, en Corse »
M'écrivit-il gaiement dans sa dernière lettre
« Tel le cerf apprivoisé qui retourne à sa forêt natale
Et retrouve ses frères, tel je suis ici
Et mon cœur s'émeut dans cette guerre virile
Qui me guérit de tout mal.
Comment vas-tu, chère âme ! Et le père ?
Ici sous un ciel heureux où les printemps
Ne se pressent pas de vieillir, où les tièdes brises de l'automne
Répandent pour toi leurs fruits d'or,
Sur cette île bénie, nous allons nous revoir,
Voilà mon espérance.
J'adule le Général. Souvent en rêve
Je l'avais presque vu tel qu'il est
Mon Paoli, avant même qu'il m'eût accueilli, en ami,
Et affectueusement marqué sa préférence
Tel un père pour le cadet de ses enfants, celui qui en a le plus besoin.
(…)
Nous accomplissons notre devoir
Et menons à bien notre noble tâche,
Alors, vous, vous baiserez le triste sol de la patrie
Et vous viendrez vivre avec nous,
Emilie ! Il plaira au vieux père
De se retrouver parmi les vivants,
De vivre une nouvelle jeunesse
Et, enfin, de reposer, à sa mort, dans une terre inviolée.
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pp. 41-43 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Friedrich Hölderlin, « Œuvres »,
éd. sous
la dir. de Philippe Jaccottet, Paris : Gallimard (La Pléiade), 1967
- Friedridh Hölderlin, « Hypérion », Paris : Gallimard (Poésie, 86), 1973
- Friedridh
Hölderlin, « Odes, Élégies,
Hymnes », Paris : Gallimard (Poésie, 272), 2019
| - James Boswell, « L'île de Corse, journal d'un voyage », Paris : Hermann, 1991 ; « En défense des valeureux Corses », Monaco : Éd. du Rocher (Anatolia), 2002
- Antoine-Marie Graziani, « Pascal Paoli, père de la patrie corse », Paris : Tallandier, 2017
- Prince Charles Napoléon, « Bonaparte et Paoli : aux origines de la question corse », Ajaccio : La Marge, Paris : Perrin, 2000
- Francis Pallenti, « Pascal Paoli : la leçon d'un citoyen du ciel », Ajaccio : Albiana, 2004
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mise-à-jour : 25 mars 2019 |
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