Un
été à Majorque / Llorenç
Villalonga ;
traduction de Marie-France Borot ; ouvrage publié
par
l'équipe " Révolutions et
romantismes " (CELIS,
Université Blaise Pascal, Clermont II) ; avec
l'aide de
l'Institut d'Estudis Baleàrics. -
Clermont-Ferrand :
Presses universitaires Blaise Pascal, 2008. -
271 p. ;
22 cm. - (Cahiers romantiques, 15).
ISBN
978-2-84516-390-4
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Ce recueil
propose une nouvelle traduction du roman de
l’écrivain majorquin Llorenç Villalonga [1897-1980]
Un
été à Majorque, écho,
réponse, amplification, suite d’Un
hiver à Majorque. Un
cas insolite d’intertextualité où
l’auteur,
après avoir découpé le
récit de George Sand
à sa guise, l’incorpore dans son propre texte en
virtuose
des jeux intertextuels qu’il utilise à ses propres
fins.
George Sand réincarnée revient, en 1935, poser
aux
Majorquins la question de leur relation à l’Autre
toujours
aussi problématique, cent ans après. Ce recueil
propose
aussi deux articles (1) qui témoignent de l’impact d’Un hiver à Majorque.
(1) |
- Carlota Vicens-Pujol, La réception d'Un
hiver à Majorque
en Espagne : la presse, les prologues
- Maria del Carme Bosch, Llorenç Villalonga,
George Sand et Frédéric Chopin
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MARIE-FRANCE
BOROT :
Le récit de George Sand Un
hiver à Majorque
participe du perpétuel dialogue des textes entre eux. Afin
de
décrire l'île qu'elle avait découverte
en novembre
1838, George Sand fit appel aux récits des voyageurs qui la
précédèrent et à des
créateurs. Pour
dire le silence des nuits de Majorque, elle cite le poème de
Victor Hugo, « La poésie
étrangement
fantastique et saisissante des Djinns »
[…].
À son tour, son récit, pavé dans l'illa de la Calma,
n'en finit pas de susciter les ires et les dires. En cette succession
de gloses, Llorenç Villalonga, étrange gloseur,
répond à ce récit de voyage par un
roman dans
lequel il insère de longs fragments du texte de
l'écrivain français sur les conseils
— semble-t-il — de son
éditeur […].
À la vue du mince roman Rosa
i Gris que lui présentait Villalonga, ce
dernier lui aurait proposé d'y inclure, pour
l'étoffer, des fragments d'Un hiver à Majorque.
Certes
nous savons, après Mikhaïl Bakhtine et Julia
Kristeva, que
« tout livre se construit comme une
mosaïque de
citations » et que « tout texte
est absorption et
transformation d'un autre texte », mais
l'interdisciplinarité systématique d'Un été
à Majorque ne
laisse pas de surprendre. L'écrivain n'y pratique
plus
seulement l'allusion, la référence, les citations
camouflées, on y constate la
« présence
effective » et massive d'Un hiver à Majorque.
[…] Ainsi, après cette farcissure, Rosa i Gris grossi
et nourri de George Sand, devint-il Un été
à Majorque.
[…]
Un
été à Majorque contient
la mémoire de la Bibliothèque chère
à
l'écrivain, la mémoire mélancolique
d'un monde et
d'un Temps perdus. Il s'adresse à un lecteur
« afrancesado » lui aussi, et qui
connaît
les trésors de cette Babel. En cette vaste circulation des
mots,
en tissant son texte avec les mots de l'autre Villalonga
témoigne, de manière éclatante, de
l'inter-texte,
c'est-à-dire de
« l'impossibilité de vivre
hors du texte infini ».
☐ Introduction,
pp. 7-8, 26
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L'EXPRESS, 28 juillet 1989 :
Majorque, flattée par la visite et insultée par
la visiteuse, ne savait pas répondre aux calomnies de George
Sand sur les « petites
peuplades », de l'île où elle
passa un hiver avec Chopin. Villalonga, Catalan, mort en 1980, a
relevé le vieux défi. En 1935, cent ans
après George, une extravagante femme de lettres
sud-américaine divorcée,
« fuyant, elle aussi, les tempêtes de la
vie », vient passer un été
à Palma. Cette Silvina Ocampo, dont « on
peut voir le portrait dans le supplément du
Larousse », fascine le petit monde snob et vieillot
des insulaires, décrit avec un humour féroce.
Scandale, intrigue fracassante de l'Éminente avec Antoni,
fils de famille nigaud et joli garçon. Silvina, elle aussi,
« met un point d'honneur à
déplaire aux idiots, aux philistins ». On
lit avec beaucoup de plaisir ses aventures à l'ombre d'une
autre.
❙ Ce commentaire renvoie
à l'édition publiée en 1989 par les
éditions Verdier.
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Un
estiu a Mallorca », Barcelona : Club
editor, 1975
- « Un
été à Majorque »
traduit du catalan par
Raphaël Carrasco et Jorge Serra, Lagrasse : Verdier (Otra memoria), 1989
- « Rosa
i gris » edició a cura de Josep A.
Grimalt, Palma de Mallorca : Lleonard Muntaner, 2011
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- Marie-France
Bonot, « Un afrancesado à
Majorque : Llorenç Villalonga »,
in Diana Cooper-Richet et Carlota Vicens-Pujol (dir.), De
l'île réelle à l'île
fantasmée :
voyages, littérature(s) et insularité (XVIIe-XXe
siècles), Paris : Nouveau
monde, 2012
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- Adrien
Le Bihan, « George
Sand, Chopin et le crime de la chartreuse »,
Espelette : Cherche-bruit, 2006
- Bernadette
Chovelon et Christian Abbadie, « La Chartreuse de
Valldemosa : George Sand et Chopin à Majorque »,
Paris : Payot (Voyageurs), 1999
- Jean-Yves Clément, « Le retour de Majorque, Journal de
Frédéric Chopin », Paris : Le Passeur, 2022
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mise-à-jour
: 5 octobre 2022 |
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