Carnaval,
et autres poèmes = Feis, agus dánta eile / Nuala
Ní Dhomhnaill ; trad. du gaëlique par A. J. Hugues,
Céline Lelong, Gwendal Denez et Yann Bevant. - Rennes :
T.I.R., Publications du site CRBC Rennes 2, Université
européenne de Bretagne, 2010. - 179 p. ; 21 cm. ISBN 978-2-917681-04-6
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Née en 1952, Nuala Ní Dhomhnaill s'est
imposée comme l'une des représentantes majeures de la
poésie irlandaise d'aujourd'hui. Elle écrit en
gaélique et s'inscrit dans un mouvement qu'illustrèrent
les voix de Máirtín Ó Direáin (1910-1988)
ou Seán Ó Riordáin (1916-1977) ; mais comme
pour son contemporain Cathal Ó Searcaigh, la revendication d'une filiation historique ne s'accompagne d'aucune rigidité face aux évolutions du temps.
Nuala Ní Dhomhnaill marque sa singularité et
revendique son statut de poète et de femme, tour à tour
fille, amante, épouse et mère ; elle porte sur la
société irlandaise un regard sans indulgence et fait
entendre un propos critique voire provocateur sur l'emprise de la
religion catholique. Enfin, si Nuala Ní
Dhomhnaill affirme clairement son ancrage dans le monde celtique et ses
traditions, elle est pleinement ouverte aux souffles venus d'ailleurs,
du Nord ou de l'Orient, et sait accueillir les promesses que portent la
mer qui borde son île et les vents qui la secouent.
« On se doit de considérer Nuala Ní Dhomhnaill
comme l'une des grandes poétesses d'expression gaélique
du XXe siècle (…) et il
ne fait guère de doute qu'elle est la meilleure poétesse
d'expression gaélique depuis la fondation de Conradh na Gaeilge (la Ligue gaélique) en 1893 » (A.J. Hugues, Préface, p. 25).
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EXTRAIT |
Manach
Tusa Naomh Antaine, nó Céile Dé, suite ar charraig ar Sceilg Mhichíl. Ciúnaíonn fíor do chroise an fharraige is an ghaoth. Tá do lámha lán d'fhuiseoga.
Mise Temptation, aithníonn tú mé. Uaireanta is Éabha, uaireanta is nathair nimhe mé. Éirím chun t'aigne i lár an lae ghléghil ghlé. Soilsím mar ghrian in úllghort.
Is ní chun do chráite a éirím gach lá, ach chun do bháite faoi leáspairtí grá. Léim gaiscígh i bhFlaitheas de dhroim dhroichead Scáthaigh faoi deara dhom triall riamh ort a apstail, a mhanaigh.
☐ pp. 160, 162 | Moine
Tu es Saint Antoine ou un Céile Dé assis sur le rocher de Sceilg Mhichíl. Les ordres que donne ta croix font taire le vent et la mer. Dans tes mains, des milliers d'aoulettes.
Je suis la Tentatrice, tu me reconnais. Je suis tantôt Ève, tantôt serpent. Je me dresse dans tes pensées au beau milieu d'une journée sans nuage. Je brille, tel le soleil sur un verger.
Ce n'est pas pour te tourmenter si je reviens chaque jour que Dieu fait, mais pour te noyer sous des torrents d'amour. C'est un bond héroïque et divin depuis le pont de Scáthach qui m'a amenée jusqu'à toi, ô apôtre, ô moine.
☐ pp. 161, 163 | - Céile Dé :
littéralement, « Compagnon de Dieu »,
ordre monastique de l'Irlande chrétienne primitive connu pour
son rigorisme.
- Sceilg Mhichíl : l'île de Skellig Michael.
- Scáthach : Redoutable figure féminine de la mythologie irlandaise.
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Feis », Maigh Nuad (Co. Kildare) : An Sagart, 1991
| - « Selected
poems = Rogha dánta » english translation and
introduction by Michael Hartnett, Dublin : New island books, 1993
- « Selected essays » ed. by Oona Frawley, Dublin : New island books, 2005
| - « Ar
gwele seiz = Leabha Shíoda » raskrid gant Art J.
Hughes, lakaet e brezhoneg gant Herve ar Bihan, Alan Botrel, Gwendal
Denez & Art J. Hughes, Lesneven : Hor yezh, 2000
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mise-à-jour : 8 novembre 2010 |
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