Elvire Jean-Jacques Maurouard
La femme noire dans le
roman haïtien
- Noires, métisses, (presque) blanches :
penser la discrimination intra-communautaire, préface
de Maurice Courtois Éd. des Écrivains
Paris, 2001
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La femme noire dans
le roman haïtien - Noires, métisses, (presque) blanches :
penser la discrimination intra-communautaire / Elvire Maurouard ;
préface de Maurice Courtois. - Paris : Sté
des écrivains, 2001. - 173 p. ; 21 cm.
ISBN 2-7480-0164-8
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Fatalement évaluée
en regard de la femme à la peau claire — mulâtresse
— ou blanche, la femme noire représentée dans
le roman haïtien concentre toute la détresse d'une
société qui peine à surmonter les tensions
raciales héritées de l'esclavage et de la colonisation.
Objet du discours, elle évoque irrésistiblement
l'Afrique, ses superstitions et sa sauvagerie ; partie prenante
de l'action romanesque, elle est porteuse d'échec, instrument
passif de la tragédie ; toujours ou presque elle
est dessaisie de ses prétentions à l'amour,
à la sensualité et la beauté (p. 49)
ou à une maternité gratifiante puisqu'en donnant
la vie elle fait connaître à sa descendance, sur
le plan affectif, un appauvrissement insupportable (p. 143).
Dur constat si l'on songe que les œuvres visées 1 ont, en majorité, été écrites par
des romanciers engagés dans la lutte contre le préjugé
racial.
Elvire Maurouard analyse sans
complaisance ce destin littéraire de la femme noire en
Haïti et tente d'en éclairer les ressorts :
idéologie et culture féodales, dérisoires
substituts du colonialisme, idéologie du retard,
réponse non moins dérisoire aux avancées
technologiques du monde moderne.
La conclusion pourtant permet
d'envisager une issue, une alternative à l'enfermement
que représente l'identité raciale ; et
il faut entendre Elvire Maurouard : « Il n'est
pas (…) plus beaux moments dans la littérature haïtienne
que ceux où les personnages s'affranchissent des contraintes
raciales et assument leur libre destin par rapport aux appartenances
qui leur sont imposées. Sortir de l'aliénation
et de la fausse conscience n'est pas chose facile ; mais
il n'est pas interdit de proposer d'autres cadres mentaux à
partir desquels les apparences physiques ne seraient plus vécues
comme une fatalité de nature mais conçues comme
le résultat de choix identitaires hérités
du passé. Resterait la palette chatoyante des couleurs.
Il est possible de lui donner alors une autre signification :
loin de l'utiliser à des fins d'assignation sociale, la
penser comme le champ de la diversité où s'exprime
pleinement la liberté des individus » (p. 148). |
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Contes
des îles savoureuses, [suivi de] L'Hymne des héros »,
Paris : Éd. des Écrivains, 2004
- « Les
beautés noires de Baudelaire », Paris :
Karthala, 2005
- « L'alchimie des
rêves », Paris : L'Harmattan, 2005
- « Haïti, le
pays hanté », Matoury (Guyane) : Ibis
rouge, 2006
- « Jusqu'au bout du vertige », Paris : Ed. du Cygne, 2007
- « La Joconde noire », Paris : Ed. du Cygne, 2008
- « Les Juifs de Saint-Domingue (Haïti) », Paris : Ed. du Cygne, 2008
- « Juifs de Martinique et Juifs portugais sous Louis XIV », Paris : Ed. du Cygne, 2009
- « Aimé Césaire et Haïti », Châtenay-Malabry : Acoria, 2009
- « Le testament de l'île de la Tortue », Paris : Ed. du Cygne, 2011
- « Prélude à l'après-midi d'une femme », Paris : Ed. du Cygne, 2012
- « Des
femmes dans l'émancipation des peuples noirs : de
Saint-Domingue au Dahomey », Paris : Ed. du Cygne, 2013
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mise-à-jour : 2 mai 2014 |
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