Hiva
Oa (1901-1903) : Gauguin aux îles Marquises /
Jacques
Bayle-Ottenheim. - Paris : Sté des
Océanistes, 2016.
- 36 p. : ill., cartes ; 19 cm. -
(Dossier,
Nouvelle série, 3).
ISBN
978-2-85430-129-8
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Jacques
Bayle-Ottenheim
a participé (1999-2004) au jury du “ Prix
du Livre
Insulaire ” d'Ouessant. |
NOTE
DE L'ÉDITEUR
: En 1891, à peine arrivé
à Tahiti, Gauguin
découvre l'art des îles Marquises : il
s'enthousiasme
et exprime aussitôt le désir de gagner l'archipel
pour y
poursuivre son œuvre. Il n'y parviendra que dix ans plus tard.
Mais
quand il s'installe à Hiva Oa, la
société
marquisienne est très durement
éprouvée par un
siècle d'une rude confrontation avec l'occident. La
démographie s'effondre ; les traditions sont
menacées ; pour beaucoup d'observateurs la fin est
proche.
Pourtant,
contrairement à ce qu'a cru deviner
Victor Segalen,
les
Marquises n'ont pas été qu'un
“ décor ” aux yeux de
Gauguin, et les
Marquisiens, ont été pour lui bien plus et bien
mieux que
des “ comparses ”.
Sur
l'île d'Hiva Oa, durant deux ans (1901-1903), s'est
noué
un ardent dialogue — ouvert aux enjeux artistiques
et
à ceux du devenir de la société
marquisienne.
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EXTRAIT |
Si
le choix initial de Tahiti pour [le premier départ de
Gauguin
vers le Pacifique] tient en partie du hasard, la suite du parcours, dix
ans plus tard, sera le fruit d'un choix
délibéré. Moins d'un an
après son
installation à Tahiti, Gauguin annonce à sa femme
qu'il entrevoit une perspective, prometteuse mais suspendue
à une rentrée d'argent
— un billet de
1 000 francs :
“ dans
ce cas je vais aux Marquises, la Dominique, petite île qui ne
contient que trois européens et où
l'océanien est moins abîmé
par la
civilisation européenne ” — Lettre
à sa femme, Tahiti, mars 1892.
Quelques
mois plus tard, dans une lettre à son ami Daniel de
Monfreid, il
y revient pour regretter la fragilité du projet :
“ je
vais encore tenir la cape, mais sauf une somme assez forte pour
m'assurer assez de temps, je ne vais pas aux Marquises et
c'est là que j'aurais voulu
travailler ”.
Dès
cette époque, les références
à l'art
marquisien se multiplient dans l'œuvre de
Gauguin ;
c'est le cas, par exemple, de la barrière qui
occupe le
premier plan dans la toile intitulée Parahi te marae
“ Là est le temple ” :
le motif géométrique
répété quatre
fois sur la latte supérieure est emprunté
à un
ornement d'oreille marquisien croqué par Gauguin
dans un
de ses carnets. Dans Le
repas dit aussi Les
bananes,
on voit au centre de la composition un plat à popoï
de
facture marquisienne. S'il a choisi cet ustensile de la vie
quotidienne pour bien marquer l'ancrage polynésien
de son
œuvre, Gauguin ne s'est pas
arrêté à ce
seul effet de citation. Séduit par la maîtrise des
artisans marquisiens, il se met à leur école et
s'exerce en réalisant, avec ses propres outils et
des bois
du cru, des variations inspirées des objets et des motifs
qu'il découvre. Un des premiers amis de Gauguin
à
Papeete, le lieutenant Jénot qui l'a introduit aux arcanes
de la
vie locale, a laissé un témoignage
précis de ces
premiers essais :
“ son
attention avait été attirée sur mes
plats en bois
(…) et en particulier sur le plat à
popoï . Aussi un
matin arriva-t-il chez moi muni d'un paquet
d’outils et me
demanda si je l'autorisais à tailler dans le bois.
J'acquiesçai et, heureux, Gauguin prit
l'objet,
l'examina, le tournant et le retournant, puis, tout
à
coup, sans préparation, choisissant un outil, il
commença
à l'entailler (…) ”
— Le
premier séjour de Gauguin à Tahiti
d’après le manuscrit Jénot.
Une
fois éveillé,
l’intérêt de Gauguin
pour les îles Marquises se renforce avec le temps. En juin
1893,
il quitte Tahiti pour la France, mais n'y reste
qu'un peu
plus de deux ans qu'il passe entre Paris et la Bretagne,
aspirant
à un changement de vie radical :
“ je
songe [à quitter la peinture] pour vivre dans les bois
sculptant
des êtres imaginaires sur les arbres. ”
— Lettre du 26/07/1894 à Émile
Schuffenecker.
☐
pp. 4-6
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Jacques
Bayle-Ottenheim, « Paul Gauguin
— avant et
après », in Théano Jaillet et
Riccardo Pineri
(dir.), Après
Gauguin : la peinture à Tahiti de 1903 aux
années 60, Puna'auia :
Musée de Tahiti et des îles, Te fare manaha, 2015
- Jacques
Bayle-Ottenheim, « Le dernier séjour de
Paul Gauguin », in Riccardo Pineri (dir.), Paul Gauguin, héritage et
confrontations, Actes du colloque international
organisé les 6, 7 et 8 mars 2003 par l'Université
de la Polynésie française, Papeete :
Éd. Le Motu, 2003
- Jacques
Bayle-Ottenheim, « Paul
Gauguin - Vers l'île voisine »,
Quimper : Bibliographie de Bretagne ;
Papeete : Haere Po, 2001
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mise-à-jour : 7
mars 2016 |
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