L'art ancestral des îles Marquises, Te haa tupuna kakiu no te henua enana
/ sous la dir. de Nadine Berthelier ; avec des textes de Philippe
Bihouée, Daniel Blau, Hélène Guiot, Anthony J.P.
Meyer, Marie-Noëlle et Pierre Ottino-Garanger, Claude
Stéfani. - Chartres : Musée des Beaux-arts de
Chartres, 2008. - 157 p. : ill. ; 28 cm.
ISBN 978-2-902549-39-9
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Entre 1989 et 1936, Louis-Joseph Bouge a exercé d'importantes
responsabilités administratives dans l'Océanie
française : en Nouvelle-Calédonie, aux
Nouvelles-Hébrides (Vanuatu), à Wallis, aux Marquises et
à Tahiti. Ouvert et éclairé, il a profité
de ses affectations successives pour recueillir objets et documents
témoignant de la culture des peuples qu'il approchait. Pour le
Père O'Reilly, il appartenait à la
« catégorie assez rare des collectionneurs érudits
pour qui la collection n’est pas une fin en soi mais un
instrument de recherche ». À sa mort en 1960, sa
veuve fit don de plusieurs centaines de pièces au Musée
des Beaux-arts de Chartres.
De l'avis des connaisseurs, le volet marquisien du fonds Bouge est
remarquable par sa diversité et sa cohérence ; il
constitue le pivot autour duquel s'organise l'exposition
consacrée à « L'art ancestral des îles
Marquises » ouverte au Musée des Beaux-arts de
Chartres jusqu'au 28 septembre 2008. Les autres pièces
proviennent des musées de Cannes, Lille, La Rochelle, Cherbourg,
Bordeaux, Langres, Rochefort et Colmar, du Musée de Tahiti et
des îles, du Quai Branly, du Service Historique de la
Défense ou de collections privées françaises et
étrangères.
L'exposition ouvre un parcours qui met en parallèle une riche
sélection d'objets caractéristiques de la civilisation
traditionnelle des îles Marquises et l'image qu'en donnent les
récits des visiteurs étrangers avec les illustrations qui
les accompagnent, depuis le capitaine Cook dans la seconde
moitié du XVIIIe siècle jusqu'aux expéditions du XIXe, Krusenstern (Langsdorff), Dumont d'Urville (Goupil, Lebreton), Dupetit-Thouars (Radiguet) puis von den Steinen.
Ainsi est mis en évidence l'écart entre l'opaque mais
séduisante réalité des objets et la vision
restituée par les occidentaux de passage dans le Pacifique. L'un
des
mérites du catalogue 1 réside dans
l'attention donnée à cette distorsion et dans les
éclairages complémentaires qu'il propose, à
l'exemple de la relation par Pierre-Adolphe Lesson d'une
grande fête koîka
donnée à Nuku Hiva en mai 1840, où il constate que
le sens du spectacle qui se déroule sous ses yeux lui
échappe en grande partie tout en restant parfaitement
compréhensible par les insulaires. Parures, objets,
comportements parlaient une langue dont il ne détenait pas la
clé. La fascination demeure, et l'exigence d'écoute. 1. | Catalogue
établi sous la direction de Nadine Berthelier, avec des
contributions de Philippe Bihouée, Daniel Blau,
Hélène Guiot, Anthony J.P. Meyer, Marie-Noëlle et
Pierre Ottino-Garanger, Claude Stéfani. |
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EXTRAIT |
[10 mai 1840]
(…) rien de plus curieux à voir que le rassemblement
auquel nous assistions. Malgré la variété des
Tribus qui le formaient et grâce sans doute, à l'analogie,
au fond, des costumes, qui étaient si différents pour des
yeux exercés, nous n'y voyions nous, qu'un même peuple
pour ainsi dire, mais il parait qu'il y avait entre chaque tribu des
différences tranchées que nous étions les seuls
à ne pas voir. Il y en avait même nous assurait-on, dans
la physionomie des individus, et les plus grandes n'étaient
peut-être pas celles du costume. (…)
☐ Pierre-Adolphe Lesson, Voyage du Pylade — extrait cité p. 14 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- R.P. Patrick O'Reilly, « Le
Gouverneur L.-J. Bouge (1878-1960 », Journal de la
Sté des Océanistes, 16, 1960
- Hélène Guiot et Claude Stéfani, « Les
objets océaniens : série
polynésienne » (vol. 1), Chartres :
Musée des Beaux-arts, 2002
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mise-à-jour : 26 juin 2008 |
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