L'île sans
rivages / Marie Susini. - Paris : Éd. du Seuil, 1989.
- 295 p. ; 23 cm.
ISBN 2-02-010944-1
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SOMMAIRE■ Plein soleil ■ La fiera ■ Corvara ou la malédition ■ La renfermée, la Corse |
La Corse de Marie Susini
est marquée d'oppositions violentes entre ombre et lumière,
entre mer et montagne. C'est une terre où le silence pèse
; une terre déchirée entre sa fidélité
au passé et la nécessité de faire une place
aux évolutions du monde extérieur. Marie Susini
récuse les clichés réducteurs : Colomba,
Tino Rossi, Napoléon ; après avoir rappelé
les invasions successives des Phéniciens, des Romains,
des Vandales, des Maures, des Pisans, des Gênois et des
Français, elle s'inquiète des ravages (irréversibles
?) de la dernière vague, celle des promoteurs et des touristes
: « Ce qui est grave, impardonnable même,
c'est que des Corses, reniant leurs racines et le cadre de leur
enfance, ont cédé au désir puéril,
insensé de paraître — trop fréquent
hélas ! dans ce pays — et ont pu participer à
un gâchis d'autant plus impudent qu'il se présente
comme une mise en valeur touristique de la Corse ».
La Corse de Marie Susini est une terre de passion.
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LE MONDE, 25 juillet 1993 : Il suffisait
de passer un moment avec Marie Susini pour savoir qu'elle était
à jamais insulaire, même si elle affirmait « en
avoir fini avec la passion-haine » qu'elle avait
éprouvée pour son île. Elle se voulait, certes,
nomade, et revendiquait son cosmopolitisme, son « désir
d'errance », « l'appel de l'exil »
pour combattre la claustration, « l'étouffement
corse » si bien rendu dans La renfermée,
la Corse (un album avec des photos de Chris Marker, publié
au Seuil en 1981). Mais elle savait qu' « on ne
peut pas quitter la Corse », elle qui avait appelé
son premier roman Plein soleil « parce que c'était
une façon de me consoler de ce soleil perdu ».
☐ Josyane Savignau : « La
mort de la romancière Marie Susini : le mystère
et l'orgueil corses »
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EXTRAIT |
Jamais je ne vois la Corse aussi
bien, jamais je ne me sens aussi près d'elle que lorsque
je suis à Paris où j'ai choisi de vivre, loin d'elle.
Et même elle se fait parfois si proche que je sens encore
l'intense parfum du maquis au printemps, l'odeur âcre de
la terre, lourde des olives noires, celle de la pierre chauffée
par le soleil de midi dans l'air tout bleu de la plage.
J'entends encore le chant continu de l'oiseau la nuit dans les
branches des orangers. Ce visage d'icône devant moi, c'est
le visage de ma grand-mère, un visage étroit, lisse
malgré son grand âge, un foulard noir noué
sous le menton. Un jour elle est allée si loin dans la
douleur que l'orient de ses yeux sombres n'a plus reflété
que la nuit.
Là où est le
danger, là croit aussi ce qui sauve [Hölderlin,
Patmos]. Jamais enfance ne fut plus recluse et sévère,
plus austère que la mienne. Pourtant je ne voudrais pas
d'autres souvenirs que ceux que j'ai, ceux qu'elle m'a laissés.
Parce que mon enfance a été avant tout poétique,
si l'on entend par là une manière de percevoir
le monde et le temps.
☐ La renfermée, la Corse, p. 295
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Marie Susini, « La
renfermée, la Corse » avec des photos de Chris
Marker, Paris : Seuil, 1981
| - Francine de Martinoir, « Marie
Susini et le silence de Dieu », Paris : Gallimard,
1989
- Martine
Tania Dambacher, « Marie Susini ou l'apologie du
désespoir », Alata : Colonna Edition, 2017
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mise-à-jour : 28 juin 2017 |
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