Journal
de bord du Snark / Charmian Kettridge London ; trad. par
Olivier
Merbau. - Paris : Arthaud, 2015. -
445 p. ;
20 cm. - (Classiques).
ISBN
978-2-0813-3315-4
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NOTE
DE L'ÉDITEUR
: En 1907, Jack London, l'écrivain dont les
œuvres sont
des succès à l'échelle du continent
américain, réalise le rêve de sa
vie :
appareiller pour le tour du monde sur son propre yacht, le Snark.
Qu'importe un tremblement de terre, la mesquinerie de fournisseurs
craintifs, les vices cachés réels ou
supposés du
bateau, des retards incompréhensibles : Jack est
accompagné de sa femme Charmian, et leur amour fusionnel
leur
permet de rire de tous ces ennuis.
Jack trop
occupé à écrire pour faire bouillir la
marmite — Martin
Eden, puis L'aventureuse,
moins
connue, verront le jour pendant ce voyage, outre de nombreux articles
pour divers magazines — c'est Charmian qui tint le
Journal
de bord du Snark,
et c'est
son regard de femme moderne qui nous conte ces 18 mois de vagabondage
dans des archipels d'un Pacifique à l'apogée de
sa
domination par les blancs.
Du paradis
polynésien qui se
meurt à l'enfer des îles Salomon en passant par
ces
journées au grand large toutes remplies des petits bonheurs
et
malheurs du quotidien du bord, voici pour la première fois
publié en français le récit
authentique d'une
navigation et d'escales qui allaient permettre à l'auteur le
plus lu et le plus adulé de son époque de
renouveler son
souffle romanesque, dont on découvrira ici les inspirateurs
authentiques de ses héros.
OLIVIER
MERBEAU |
[…]
Après
avoir refermé cet ouvrage, le lecteur qui a
installé le
socialiste Jack London sur un piédestal
[…] va
découvrir […] sans le fard du roman
[…] les
croyances et les valeurs ségrégationnistes et
eugénistes de la tribu London, qui étaient celles
de bien
des Blancs de l'époque quelles que soient les
nationalités.
Charmian, la femme moderne très en
avance sur son époque, […]
l'aventurière qui n'a
pas peur de s'embarquer seule en mer sur un aussi petit navire et de
débarquer revolver à la ceinture dans des
îles
inconnues loin de toute possibilité de secours, nous
dévoile […], avec des propos dont
l'eugénisme
paraîtra à proprement parler
épouvantable, une
conception du monde qui, ici et maintenant, en
révoltera
plus d'un. […]
☐
Genèse d'une
traduction, ou comment démystifier un auteur …,
pp. 8-9 |
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Lorsque
je demande en aparté à Charmian si elle aimerait
[partir autour du monde à bord d'un petit voilier d'une
quarantaine de pieds], elle me répond sans
hésiter : “ Ce serait trop beau
pour être vrai ! ”
☐ Jack London, La croisière du Snark |
Le
voici donc, ce récit précis et quotidien des
aventures du
Snark, depuis la baie de San Francisco
jusqu'aux îles
cannibales.
☐ Charmian
London, Avant-propos,
p. 17 |
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Charmian
Kittredge London, a tenu le journal de bord à partir duquel
son mari, Jack London, a pu écrire un des textes qui ont
justement contribué à sa réputation, La
croisière du Snark, relation d'un
périple de San Francisco (23 avril 1907) aux îles
Salomon (3 novembre 1908) par les îles Hawaii, les Marquises,
Tahiti, Bora Bora, les Samoa, les Fidji et les Nouvelles
Hébrides.
Sensible
à l'attrait de l'aventure, Charmian London partage l'attente
de
Jack à l'approche de Nuku Hiva et à la
perspective de se
rendre sur les pas de Melville
dans la vallée de Typee
— « Melville …
écrit Typee ce qui devrait s'écrire Taïpi,
mais Typee restera toujours pour les voyageurs »
(p. 142). Une fois sur place, elle ne cache pas sa
désillusion en découvrant êtres et
lieux comme
frappés d'une malédiction :
« Où sont
passés les belles femmes et les hommes splendides qui
s'aimaient
si tendrement sur leur terre heureuse ? »
(p. 143).
L'édition
britannique du journal de Charmian, parue la même
année que l'édition américaine,
portait un titre aujourd'hui oublié : Voyaging
in wild seas, or a woman among the head hunters : a narrative
of the voyage of the Snark in the years 1907-1909 (Mills
& Boon). Tout laisse penser que ce raccourci saisissant
n'était en rien exagéré. Dans ses
différents récits, Jack London ne dissimule pas
les qualités de sa femme, the maid of the Snark.
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EXTRAIT |
8° 47'
sud, 139° 44' ouest, à
bord du Snark dans le
passage entre Nuku Hiva et Ua Uka, îles Marquises, trois
heures
trente de l'après-midi, vendredi 6 décembre 1907.
Vous le voyez ? Vous le voyez ? Le cap
Tikapo est droit
devant à l'ouest, et la baie du Contrôleur juste
derrière la pointe ! La baie du
Contrôleur, dans
laquelle s'ouvre la vallée de Taïpi, là
où
Melville a échappé aux cannibales ! Puis
il y a une
nouvelle pointe plus petite, derrière laquelle se trouve
Taiohae, où nous pourrons jeter l'ancre au coucher du
soleil, si
le vent tient bon jusque-là.
Le capitaine Warren a aperçu Ua Huka à
l'aube, et
le premier son que j'entendis en me réveillant sous la
baleinière fut proféré par Hermann,
perché
en haut du grand mât. Mais j'étais si
ensommeillée
que, après m'être assise et n'avoir rien
discerné,
je repiquai un petit somme. J'étais restée debout
jusqu'un peu après trois heures, à regarder la
Croix du
Sud — pour la première fois depuis le
passage de la
Ligne.
Lorsque finalement je sortis de ma léthargie, je
vis une
île volcanique de belles formes et proportions, gris-vert,
chatoyante dans l'éclat du matin.
☐ pp. 113-114 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Charmian
London, « The log of the Snark »,
New York : The Macmillan company, 1915 ; « Voyaging in wild seas, or a
woman among the head hunters : a narrative of the voyage of
the Snark
in the years 1907-1909 », Londres : Mills
& Boon, 1915
- Charmian
London, « Journal de bord du Snark »
trad. par Marcel Carret et Louis Postif, préface d'Alain
Gerbault, Paris : Hachette, 1938
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- Jack London, « L'île des
lépreux » trad. par Louis Postif, suivi
du « Journal de bord du Snark »
de Charmian Kittredge London, trad. par Marcel Carret et Louis Postif,
Paris : Union Générale
d'Éditions (10/18, 1353), 1979
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- Charmian
London, « The book of Jack
London », New
York : The Century, 1921 ; « Les
aventures de Jack
London » adapté de l'anglais par Alice
Bossuet,
Paris : Gallimard, 1927 ; « Jack
London » d'après la traduction d'Alice
Bossuet,
Paris : Terrail, 2006
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- Jack London,
« La maison de
Mapouhi » in Les morts
concentriques, textes
choisis et présentés par Jorge Luis Borges, Paris
: Retz,
Franco Maria Ricci (La Bibliothèque de Babel, 5), 1978
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mise-à-jour
: 23 novembre 2020 |
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