Rescapés
du Bounty, journal de bord / William Bligh ; traduit par
Daniel Lescallier. - La Rochelle : La Découvrance,
2007. -
118 p. : carte ; 21 cm.
ISBN
978-2-84265-494-8
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De
toutes les aventures maritimes, la mutinerie de la Bounty
est une des plus connues. De nombreux livres (récits des
acteurs
et témoins, analyses et commentaires, fictions,
poèmes)
et des films largement diffusés ont
été
consacrés à l'événement et
à ses
suites 1.
Envoyée à Tahiti pour y
recueillir des plants d'arbre
à pain en vue de leur acclimatation à la
Jamaïque,
la Bounty
quitte Tahiti ses
cales pleines des précieux arbres fruitiers le 4 avril 1789.
La
mutinerie se déclare trois semaines plus tard, alors que le
navire croise au large des îles Tonga. William Bligh et
dix-huit
membres d'équipage sont abandonnés en mer sur une
chaloupe non pontée de 7 mètres environ,
disposant d'un
strict minimum d'aides à la navigation (ni carte ni
boussole),
de vivres chichement mesurés et de quatre sabres. Contre
toute
attente, ces hommes vont atteindre l'île de Timor
après
avoir parcouru 3 618 milles marins en quarante-huit jours.
Le journal de William Bligh publié
dès son retour
à Londres et aussitôt traduit en
français relate
les faits : une première escale sur l'île
voisine de
Tofua (archipel des Tonga) que les rescapés doivent quitter
sans
avoir pu augmenter sensiblement leurs réserves de nourriture
et
d'eau et où ils perdent un homme (l'unique victime de
l'aventure) ; l'éprouvante route vers l'Australie
en butte
à une mer formée, à la pluie et au
froid ; le
bienfaisant répit à l'abri de la Grande
Barrière
de corail où quatre escales insulaires permettent d'enrichir
et
de varier la ration alimentaire ; la dernière
étape
rugueuse vers Timor et, enfin, la délivrance.
La renommée de ce formidable exploit
reste, aujourd'hui encore,
largement éclipsée par le retentissement des
aventures des mutins à Tubuaï, à Tahiti
et surtout
à Pitcairn. Avant même que le sort de ces derniers
ne soit
connu, soit près de vingt ans plus tard, c'est vers eux que
se
tourne la curiosité et la sympathie du
public …
Déjà Daniel Lescallier, premier traducteur du
récit de William Bligh, exprimait dans sa préface
toute
l'attention qu'il portait au sort de ces aventuriers hors
normes : “ l'issue
de cette aventure rare, ou heureusement presque unique dans son
espèce, intéressera essentiellement les
marins ” — Avis du traducteur,
p. 12.
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EXTRAIT |
le
dimanche 14 juin [1789]
— […]
Je fis
[…] débarquer tout notre monde ; et ce
ne fut
pas sans peine, quelques uns d'entre eux pouvant tout au plus mettre un
pied devant l'autre.
Ils
parvinrent enfin tous jusqu'à la maison du capitaine
Spikerman où ils trouvèrent un
déjeuner de
thé, de pain et de beurre, qu'on leur avait fait
préparer.
Je ne
crois pas qu'un habile peintre pût trouver un sujet plus
intéressant pour son pinceau, que le tableau des deux
groupes de
figures qui se présentaient en ce moment ; d'un
côté un nombre de spectres affamés, les
yeux
brillants de joie du secours qui leur était
offert ; de
l'autre la surprise extrême mêlée
d'horreur de ceux
qui les secouraient, à la vue de ces figures haves et
défaites, plus capables d'inspirer la frayeur que la
pitié à des gens qui en auraient
ignoré la cause.
Nous n'avions plus que la peau collée sur les os ;
nous
étions couverts de plaies et nos habits tombaient en
lambeaux.
Dans cet état, la joie et la reconnaissance nous arrachaient
des
larmes et le peuple de Timor nous observait avec des regards qui
exprimaient ensemble l'horreur, l'étonnement et la
pitié.
☐
pp. 108-109 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « A
narrative of the mutiny on board His Majesty's Ship Bounty
[…] », London : G. Nicol, 1790
- « Relation
de l'enlèvement du navire le Bounty
[…] » traduit
par Daniel Lescallier, Paris : Firmin Didot, 1790
- «
Quarante-huit jours sur une chaloupe » Journal de William
Bligh traduit
par Daniel Lescallier, in Dominique Le Brun (éd.), La vérité
sur la Bounty : les mutins
témoignent, Paris : Omnibus, 2015
|
- Bengt
Danielsson, « Que
s'est-il vraiment passé sur le
Bounty ? »,
Papeete : Haere po, 2013
- Greg Dening,
« Mr Bligh's bad language : passion, power
and theatre on the Bounty »,
Cambridge : Cambridge university press, 1992
- Dominique Le
Brun (éd.), « La
vérité sur la Bounty :
les mutins témoignent », Paris :
Omnibus, 2015
- Donald A.
Maxton, « The
mutiny on H.M.S. Bounty :
a
guide to nonfiction, fiction, poetry, films, articles, and
music », Jefferson (North
Carolina) : McFarland, 2008
- Robert Merle,
« L'île »,
Paris : Gallimard (Folio, 583), 1994
- Rowan Metcalfe,
« Passage
de Vénus », Papeete :
Au Vent des îles (Littératures du Pacifique), 2006
- James Morrison,
« Journal
de James Morrison, second maître à bord de la Bounty »,
Paris : Société des
Océanistes, 1966 ;
Rennes : Ed. Ouest-France (Bibliothèque de la mer
E.M.O.M.), 2002
- Anne
Salmond, « Bligh :
William Bligh in the South
seas », Berkeley : University of
California press, 2011
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mise-à-jour : 17
juin 2015 |
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