Voyages
en Chine et autres lieux, 23 janvier 1839-13 mai 1846 / Docteur
Jean-René Bolloré ; [éd. et
présenté par Gwenn-Aël
Bolloré].-
Quimper : Sté Finistérienne d'histoire
et
d'archéologie, 1979. - 214 p.-[4] p. de
pl. :
ill., cartes ; 25 cm.
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Né
à Douarnenez en 1818, Jean-René
Bolloré entre
à l'Ecole de médecine navale de Brest en 1837 et
obtient
un an plus tard une place de chirurgien de 3e
classe. Le 23 janvier 1839, il reçoit l'ordre d'embarquer
sur la frégate l'Amazone ;
pendant près de quatre ans le jeune médecin
navigue entre Brest et la Méditerranée.
Le 1er
décembre 1842 il embarque sur la corvette Alcmène
vers le sud du continent asiatique : Singapour, Hong Kong, les
Philippines, les îles Ryu Kyu, l'Indonésie. Dans
son
journal de voyage, Jean-René Bolloré se comporte
en
observateur distancié, fait preuve de bon sens et d'une
évidente sincérité ; il fait
souvent appel
à son expérience d'homme de mer et à
ses racines
bretonnes — il parle de la petite taille
des chevaux
aperçus à Liou-Tchou (Okinawa),
“ qui
ressemblent beaucoup [aux] chevaux d'Ouessant ”
(p. 126), ou des bateaux de pêche des îles
Chusan
(Zhoushan) dans la baie de Hangshou en Chine,
“ gréés à peu
près comme les
bateaux de Douarnenez ” (p. 131).
L'Alcmène
fait escale à Okinawa du 25 avril au 6 mai 1844.
L'île
n'était pas inconnue des Occidentaux ; les
récits de
Basil Hall et Frederick W. Beechey, entre autres, en avaient
donné des aperçus que connaissaient les
officiers de l'Alcmène.
Mais le témoignage sans apprêt de
Jean-René
Bolloré — qui ne pensait pas à
une future
publication — apporte une touche personnelle
bienvenue ; après avoir souligné la
qualité
de l'accueil des insulaires, il évoque
l'équilibre que
ceux-ci maintiennent habilement dans leurs
relations avec les deux grandes puissances voisines,
Chine Japon.
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EXTRAIT |
Jusqu'au 6 mai [1844] inclusivement, jour du
départ, l'équipage et les officiers de l'Alcmène ont
été nourris avec abondance et
gratuitement ; jamais
les Liou-Tchouans n'ont voulu entendre parler de salaire, et pour les
bœufs, les chèvres, les poissons qui abondent
à
Napa-Kiang, les volailles, les œufs, etc., qui nous
arrivaient
chaque jour à bord, on a à peine pu leur faire
accepter
une longue-vue que Le Brec a cédée à
la corvette.
Les
chefs de l'île nous ont comblés de
présents,
étoffes du pays, parapluies, lanternes, pipes et blagues,
éventails, etc. ; et ce n'est qu'après
bien des
instances de notre part que nous leur avons fait accepter des cigares,
des porte-cigares, quelques gravures représentant
différents points de vue de Paris, du papier, plumes,
crayons,
des verres. Ils n'ont jamais voulu prendre mon
épée que
leur offrais, la trouvant trop belle.
Les
insulaires de Liou-Tchou représentent pour moi
l'âge d'or
des premiers temps : j'ai trouvé chez eux une
bonté
naïve, des façons on ne peut plus
hospitalières, une obligeance empressée
avec
réserve, toujours attentive et respectueuse, jamais
fatigante,
une générosité
désintéressée,
une grande tolérance, beaucoup de confiance dans les
étrangers, une loyauté parfaite, enfin, tant de
bonnes
qualits, qu'on a de la peine à y ajouter foi.
Les
grands parlent la langue chinoise, et Augustin s'entendait parfaitement
avec eux. Le langage du peuple, m'a-t-il dit, paraît
être
un mélange de chinois et de japonais.
Liou-Tchou
appartient, de droit, à
la Chine à laquelle elle paie tribut, et, de fait, aux
Japonais qui paraissent avoir un assez grand commerce avec elle,
à en juger du moins par leur jonques qui y arrivent et en
partent assez fréquemment.
☐ pp. 127-128 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
(ouvrages
évoqués par Jean-René
Bolloré) |
- Basil
Hall, « Account of a voyage of discovery to the west
coast
of Corea, and the great Loo-Choo Island, with an Appendix, containing
charts, and various hydrographical and scientific notices, and A vocabulary of the Loo-Choo
language by H. J. Clifford », London :
John Murray, 1818
- Frederick
William Beechey, « Narrative of a voyage to the
Pacific and
Beering's strait, to co-operate with the polar expeditions, performed
in HMS Blossom », London : Henry Colburn
& Richard
Bentley, 1831
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mise-à-jour : 1er
février 2014 |
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