|
L'île
aux chimères / Philippe Delorme ; ill. par Romain Taszek. -
Paris : Ed. du Trésor, 2020. -
60 p.-[1] carte dépl. : ill. ;
24 cm. - (Insulaires, 3).
ISBN 979-10-91534-60+4
|
|
Située
à 6 kilomètres des côtes de Piriac-sur-Mer, entre
les estuaires de la Loire et de la Vilaine, l'île Dumet
s'étend sur moins de dix hectares — une superficie
qui varie au rythme des marées.
“ Déserte ”
aujourd'hui, l'île conserve quelques vestiges d'une
présence humaine qui pourrait remonter à l'époque
néolithique. Dans un passé plus proche, avant d'offrir
aux plaisanciers l'illusion d'une furtive robinsonnade, elle a
séduit les premiers touristes du littoral atlantique :
Flaubert, Zola ou Daudet ont fait la traversée, embarquant pour
quelques heures avec des pêcheurs locaux, et laissant en retour
quelques lignes saluant une belle et tonique évasion.
En
1912, Alphonse Berget, professeur à l'Institut
océanographique voit dans l'île le centre de
l'hémisphère occidental avant qu'un radiesthésiste
tente, pendant plusieurs dizaines d'années, de mettre à
jour les secrets de l'île au prix d'une existence
ascétique, partagée avec sa femme, en compagnie des
goélands et des lapins.
L'île a été rachetée en 1990 par le Conservatoire du Littoral.
|
| EXTRAIT |
Approximativement,
le centre de l'hémisphère continental devrait se situer
quelque part dans l'ouest de l'Europe. Selon leurs
préjugés nationaux, les uns le fixeront à Paris,
les autres à Berlin ou à Londres. En 1898, l'Allemand
Hermann Beythien déporte vers l'occident ce pôle vagabond,
aux abords du Croisic. Mais c'est au professeur Alphonse Berget, dans
un article des Annales de l'Institut océanographique
qu'il reviendra de désigner plus précisément
l'île Dumet. Pourtant, ce nombril du monde n'a guère de
charme à ses yeux : “ Une île
rocheuse, ne portant qu'une végétation assez maigre. Elle
a la forme d'un croissant dont la concavité serait
tournée vers le nord-ouest … ”
Les journalistes se montreront plus diserts. En témoigne cet article du Gil Blas
du 3 juin 1913, spirituellement intitulé “ Le
pôle des Lapins ” […]. L'île Dumet, pour
le profane, est le plus spirituel de tous les pôles du
monde : c'est un petit endroit désert où M. Berget,
en débarquant, n'a trouvé que des lapins. ”
Bien
entendu, ce statut enviable sera rapidement contesté. Il semble
d'ailleurs qu'Alphonse Berget n'ait privilégié Dumet que
parce qu'elle appartenait à son ami le marquis de Montaigu,
vice-président du Yacht Club de France …
☐ pp. 34-36 |
|
| COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Alphone Daudet, « Trente ans de Paris », Paris : Marpon et Flammarion, 1888
- Gustave Flaubert, « Voyage en Bretagne, Par les champs et par les grèves », Bruxelles : Éd. Complexe (Le Regard littéraire, 26), 1989
- Emile Letertre, « Les mystères de l'île Dumet », La Baule : Ed. des Paludiers, 1975
- Emile Zola, « Les coquillages de monsieur Chabre [suivi de] Naïs Micoulin », Paris : Flammarion (Etonnants classiques), 2012
|
- Philippe Delorme, « Les princes de la mer », Paris : Bartillat, 2006
|
|
|
| mise-à-jour : 26 avril 2022 |
 |
|
|
|
