L'île perdue / James
Norman Hall ;
trad. de l'anglais et présenté par Michel Rabaud.
-
Papeete : 'Ura éditions, 2018. -
156 p. ;
21 cm.
ISBN 979-10-93406-10-7
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C'était
le genre d'île dont rêve un enfant sans trop croire
à son existence.
☐ Ch. V,
p. 71 |
Après
l'attaque japonaise sur Pearl Harbor (décembre 1941), les
États-Unis d'Amérique comprennent que leurs
propres
intérêts sont directement menacés et
s'engagent
militairement dans la Seconde Guerre mondiale. S'en suit un vaste
programme de contrôle stratégique de
l'océan
Pacifique qui impose la construction
accélérée
d'infrastructures militaires. Dans ce contexte, un ingénieur
a
pour mission de préparer l'installation d'une base
aéronavale sur un atoll de Polynésie
française 1
resté jusqu'alors à l'écart du
progrès.
“ L'île
perdue ” décrit l'irruption du conflit
mondial et du
monde moderne dans une population vivant, de temps
immémoriaux, une sorte d'âge
d'or fondé sur la solidarité et
l'harmonie avec la nature — une miette de terre
où règnent paix,
beauté et calme
ensoleillé.
Ce tableau initial est bouleversé par l'arrivée
d'ingénieurs et de militaires exclusivement soucieux de
tenir
les objectifs d'efficacité et de rapidité qui
leur ont
été assignés. L'auteur recense les
destructions
sociales et environnementales provoquées par cette invasion
et
conclut en prévoyant les ravages à venir, dans l'île perdue puis,
au-delà, dans le Pacifique et dans le reste du monde.
C'est à la fois le procès-verbal de la
destruction programmée d'une utopie spontanée
et une alarmante prophétie écologique
— rédigée au milieu du XXe
siècle
et qui, depuis, frappe par sa clairvoyance prémonitoire.
1. |
Bora
Bora, jamais citée ; certains éléments
caractéristiques de la population et des lieux
évoquent les îles Tuamotu. |
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EXTRAIT |
[…]
Je savais à quelle vitesse tout cela pouvait être
balayé, église, jardin,
tout … S'il avait
fallu trente années pour le construire, il faudrait
à
peine plus d'heures pour l'anéantir. C'était
là ma
tâche à venir, et elle allait venir. Et ce
n'était
pas tout : la totalité du village de
l'île devait
être rasée. Un seul coup d'œil
révélait qu'il fallait niveler tout le terrain
pour
accueillir la base que je devais installer. On allait y poster des
avions et des hydravions, et l'île devait devenir un
dépôt de carburant pour des bombardiers
à long
rayon d'action et des avions de transport qui pourraient y faire
escale. Des hangars, des ateliers, des baraquements, une station de
radio, des réservoirs et d'autres installations devaient
utiliser le moindre bout de terrain qui n'était pas pris par
la
piste d'atterrissage.
Je marchai
lentement jusqu'au bout de l'île, le cœur
brisé
à la pensée de la tâche qui
m'attendait, maudissant
le sort qui m'avait désigné pour cet acte de
vandalisme
exigé par les nécessités de la guerre.
Je
m'emportais contre cette prétendue civilisation industrielle
et
ses œuvres, qui ne pensait qu'à
elle-même et
à la recherche de nouveaux espaces pour étendre
sa
croissance monstrueuse. Pour la première fois de mon
existence,
je voyais en elle un horrible cancer, désolant la terre,
polluant les rivières, abattant les forêts,
empoisonnant
l'air de son haleine fétide, et proliférant de
proche en
proche, en enserrant pour les détruire jusqu'à
des miettes
de terre comme celle-ci.
☐ Ch. IV,
pp. 50-51 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
Lost island », Boston : Little, Brown and
Co., 1944
|
- James
Norman Hall, « Pour un dollar de
graines » trad.
de l'anglais par Anne Rocca, ill. de Jacques Boullaire,
Papeete :
Le Motu, 2005
- James Norman
Hall,
« À la recherche du paradis
perdu »
traduit de l'anglais par Anne Begley, Papeete : [Nancy Hall
Rutgers], 2009
- James Norman
Hall,
« L'histoire d'un naufrage / James Norman
Hall »
trad. de l'anglais par Anne Rocca (sous le contrôle de
l'auteur),
ill. de W. Alister Macdonald, Papeete : Nancy Hall Rutgers,
2011
- James Norman
Hall, « La
jambe du docteur Dogbody » trad. de l'anglais et
présenté par Michel Rabaud, Papeete :
'Ura
éditions, 2018
- James Norman
Hall, « Nouvelles de l'extrême » trad. de l'anglais et
présentées par Michel Rabaud, Papeete :
'Ura
éditions, 2019
|
- Charles
Nordhoff et James Norman Hall,
« L'odyssée
de la Bounty, vol. 1 : Les
révoltés de la
Bounty », Paris : Phébus
(Libretto, 104), 2002
- Charles
Nordhoff et James Norman Hall, « L'odyssée
de la Bounty, vol. 2 : Dix-neuf hommes contre la
mer », Paris : Phébus (Libretto,
105), 2002
- Charles
Nordhoff et James Norman Hall, « L'odyssée
de la Bounty, vol. 3 : Pitcairn »,
Paris :
Phébus (Libretto, 106), 2002
|
- Charles
Nordhoff et James Norman Hall, « Hurricane, roman
des mers
du Sud » trad. de l'anglais par Lucienne Escoube,
Paris : La Nouvelle édition, 1946 ;
réédité sous le titre
« Typhon sur
Manukura », Verviers :
Gérard et Cie
(Marabout), 1968
- Charles
Nordhoff et
James Norman Hall, « L'ouragan »
trad. de
l'anglais par Anne Rocca, Papeete : [Nancy Hall Rutgers], 2010
- Charles
Nordhoff et
James Norman Hall, « Panne
sèche » trad. de
l'anglais par Henri Theureau, Papeete : 'Ura
éditions,
2012
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mise-à-jour : 28 avril 2020 |
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