Désir pour désir / Mathias Enard. - Arles : Actes sud, 2021. - 69 p. ; 18 cm. - (Babel, 1777). ISBN 978-2-330-15371-7
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Venise, 1750. Dans les rues de la Sérénissime, poètes, peintres, graveurs et musiciens (1)
se croisent dans la brume des fins de nuits languissantes du Carnaval.
Amerigo, violoncelliste non voyant élevé à
l'Ospedale della Pietà — qui recueillait alors les
orphelins et les indigents — se rend au bras de Camilla,
femme adorée qui n'a pour lui qu'une affection fraternelle, dans
l'atelier du graveur et mondain de la cité qu'on nomme le
Maestro. Mais dans les odeurs de cuivre mordu et d'encre, c'est le
jeune apprenti Antonio qui va croiser le regard de Camilla. Et en
être à jamais bouleversé.
Roman sensuel, écrit par touches, Désir pour désir
compose un tableau perceptible autrement que par la vue, fait d'odeurs
et de musique. Au gré des rencontres, des parties de cartes et
des jeux de masques se déploie, se dévoile, une ville un
peu sorcière, parfois cruelle, rongée par sa trop grande
beauté.
Mathias Enard explore ici le territoire
vénitien comme nouveau motif littéraire, et fait
dialoguer les arts et les amours passionnées dans un grand
embrasement. 1. | Poètes,
peintres ou musiciens sont, à côté des
personnages imaginés par l'auteur, d'actifs protagonistes de cette brève
nouvelle — Giorgio Baffo, Antonio Vivaldi, Canaletto, Goldoni,
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EXTRAIT |
Antonio
croyait en la puissance de l'art, mais Venise lui en montrait chaque
jour la limite. Plus la ville était sublime, plus les reflets de
l'eau s'accumulaient sur les façades d'autrefois et plus la
Dominante semblait se perdre dans sa propre beauté. Les fastes,
le jeu, la boisson, la luxure, c'était pour enlaidir la ville,
pour oublier son trop grand éclat. Les Vénitiens
eux-mêmes paraissaient dépassés par leur propre
cité, par son pouvoir, à tel point qu'on pouvait imaginer
qu'un jour ils disparaîtraient au profit des nomades du Grand
Tour, comme une peuplade biblique chassée non par le grand bruit
des foudres de l'Éternel mais par la lèpre lente de son
propre attrait.
☐ p. 46 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Désir pour désir », Paris : Réunion des musées nationaux (Cartels), 2018
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mise-à-jour : 28 novembre 2021 |
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