Le
soleil sait : une anthologie vagabonde / Odysseas
Elytis ;
éd. bilingue trad. du grec par Angélique
Ionatos ;
postface de Ioulita Iliopoulou. - Devesset : Cheyne, 2016. -
123 p. ; 23 cm. - (D'une voix l'autre).
ISBN 978-2-84116-212-3
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J'ai
quelque chose à dire de limpide et d'inconcevable
Comme un
chant d'oiseau en temps de guerre.
☐ Villa
Natacha, p. 61 |
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NOTE DE L'ÉDITEUR |
ODYSSEAS ELYTIS
Né
en 1911 en Crète et mort en 1996 à
Athènes. Proche des poètes
surréalistes français, Odysseas Elytis est un
acteur majeur du
renouveau littéraire de l'hellénisme ;
il publie ses poèmes dès 1935 et
apppartient à l'avant-garde poétique pendant la
Seconde Guerre
mondiale, puis séjourne de 1948 à 1951 en France
où il lie de
nombreuses amitiés, avec René Char, Albert Camus,
Paul Eluard, entre
autres. De retour en Grèce, il rédige Six plus un remords pour le ciel
et le grand poème Axion Esti. Il
reçoit le prix Nobel de littérature en 1979.
ANGÉLIQUE IONATOS
Née
à Athènes en 1954, Angélique Ionatos
quitte la Grèce à l'âge de 15 ans
pour poursuivre ses études en Belgique avant de s'installer
en France.
Chanteuse, guitariste et compositrice, elle a enregistré,
depuis Résurrection
qui
obtient le Grand Prix du disque de l'Académie Charles Cros
en 1972,
dix-neuf albums en composant sur les textes des plus grands
poètes
grecs et notamment ceux d'Odysseas Elytis. — Angélique Ionatos est morte aux Lilas le 7 juillet 2021 … à lire
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ANGÉLIQUE
IONATOS :
Quand j'ai quitté la Grèce, je n'étais
qu'une
jeune adolescente. C'était l'époque de la
dictature des
colonels ; le temps « de la tristesse et de
l'exil ». Privée de mon pays, j'ai
compris tôt
que ma vraie patrie, la seule qu'on ne pouvait me prendre,
c'était ma langue. Alors, je me suis mise à
composer de
la musique sur les textes des poètes que j'aimais. Il y en
avait
un parmi eux dont l'éblouissante lumière
éclairait
particulièrement ma route : Odysseas Elytis.
Ses mots ont peu à peu irrigué mon chant. Les
lectures de Maria
Néféli, Le Monogramme, Parole de juillet, pour
ne citer que ces trois œuvres, furent des tournants dans ma
vie.
Et c'est aussi grâce à Odysseas Elytis que j'ai
composé Sappho
de Mytilène, puisque
ses traductions en grec moderne m'ont permis d'approcher la
beauté des poèmes de sa
« cousine
lointaine » comme il disait.
Les poèmes que
j'ai choisi de traduire dans cette anthologie ont
été
écrits entre 1940 et 1991 : ils proposent donc un
parcours
de cinquante ans à travers l'œuvre d'Odysseas
Elytis. Ce
ne sont pas nécessairement ceux que j'ai mis en musique mais
ils
m'accompagnent depuis toujours et m'aident à vivre. J'ai
donc
délibérément abandonné
l'ordre
chronologique pour privilégier le désordre
amoureux. Une
invitation au voyage dans l'archipel de celui que l'on
considère
souvent comme l'un des plus grands poètes contemporains.
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EXTRAITS |
LACONIQUE
Incendié
sans répit par le chagrin de la mort, voici que mon
reflet
retourne au soleil.
Maintenant
à son tour il m'escorte vers l'agencement parfait de
la pierre
et de l'éther
Celui que
je cherchais donc, je suis.
Ô
été de lin, automne avisé
Hiver
infime
La vie
apporte l'obole d'une feuille d'olivier
Et dans la
nuit des insensés à l'aide d'un petit grillon
elle
déclare à nouveau légitime
l'Inespéré.
☐ p. 101
— Six plus un
remords pour le ciel, 1960 |
J'ai
mis longtemps à comprendre ce que signifie
l'humilité et
la faute est à ceux qui nous ont appris à la
situer
à l'opposé de l'orgueil. Tu dois apprivoiser
l'idée de l'existence en toi pour la comprendre.
Un jour
où je me sentais abandonné de toute part et
qu'une grande
tristesse s'était lentement emparée de mon
âme, je
cheminais, et là dans les champs sans rémission,
voici
une branche d'un buisson inconnu. Je la coupai et la portai
à
mes lèvres. À cet instant j'ai compris que
l'être
humain est innocent. Je l'ai lu si intensément dans ce
parfum
âcre de vérité, que je me suis
engagé sur la
route d'un pas léger et avec un cœur de
missionnaire.
Jusqu'au moment où j'ai pris profondément
conscience que
toutes les religions mentent.
Non, le Paradis n'était pas une nostalgie. Encore moins une
récompense. C'était un droit.
☐ p. 119
— Le
Petit Navigateur, 1985 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
sélection
proposée par l'éditeur |
- Odysseas
Elytis, « Six plus un remords pour le
ciel », Montpellier : Fata Morgana, 1977
- Odysseas
Elytis, « Belle et étrange
patrie », Orange : Grandir, 1998
- Odysseas
Elytis, « Axion esti », Paris : Gallimard
(Poésie), 2003
- Odysseas
Elytis, « Les stèles du
Céramique », Paris :
L'Échoppe, 2005
- Odysseas
Elytis, « En avant lente »,
Paris : L'Échoppe, 2008
- Odysseas
Elytis, « L'espace de l'Egée »,
Paris : L'Échoppe, 2015
- Odysseas
Elytis, « Les élégies d'Oxopetra », Montélimar : Voix d'encre, 2016
- Odysseas
Elytis, « L'R d'Eros », Sèvres : Le Miel des anges, 2018
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- Yiannis
E. Ioannou, « L’identité
insulaire et le
Paradis retrouvé d’Odysseus
Elytis » in Poésie et
insularité
textes réunis et édités par Gregory
Lee,
Lyon : Université Jean Moulin Lyon 3
(Transtext(e)s
Transcultures, Journal of global cultural studies, HS), 2008
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Angélique Ionatos |
- « Marie
des brumes » (Maria Nefeli, Odysseus
Elytis) — CD audio, 1984
- « Le
Monogramme » (Sept
chants d’amour d’Odysseus Elytis)
— CD audio, 1988
- « Sappho
de Mytilène » (sur des
poèmes traduits
par Odysseas Elytis) — CD audio, 1991
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site
internet d'Angélique
Ionatos |
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mise-à-jour : 15 juillet 2021 |
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