4ème édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2002)
prix prose
narrative |
Un jardin à Venise
/ Frederic Eden ; trad. de l'anglais et
présenté par Marie-Thérèse
Weal. - Paris : Le Serpent de mer, 2002. -
149 p. : ill. ; 24 cm.
ISBN 2-913490-09-3
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Riche aristocrate anglais, sir Frederic Eden
s'installe à Venise pour raison de santé. Las
d'une vie oisive, il achète en 1884 un jardin sur la
Giudecca qu'il entreprend de transformer. Or jardiner à
Venise est un cauchemar pour toute personne douée de bon
sens … pergolas qui s'enfoncent dans la vase,
quasi-impossibilité de planter des arbres,
pluviométrie capricieuse, et une lagune quelque peu
envahissante …
Néammoins
c'est avec
un flegme et une ténacité typiquement anglais que
notre auteur s'emploiera à créer ce jardin devenu
mythique, le plus grand de Venise. […] Tous les amoureux de
Venise ont entendu parler du “ giardino
Eden ”. Un Jardin à Venise
est le récit pittoresque de ce jardin planté par
M. Eden au sein de la plus exquise cité du monde.
Note de la traductrice |
“ Un
Jardin à Venise ” a
été
publié pour la première fois par la revue Country Life
et George Newnes en 1903. Pour cette édition en
français
nous nous sommes servis de l'un des rares exemplaires disponibles du
livre publié par Ballantyne Press. Nous en avons repris le
format, la mise en page, ainsi que les photographies et les gravures
originales. |
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JEAN-PAUL
KAUFFMANN :
Le jardin ne fait pas référence à
celui de la
Genèse où se trouvait l'arbre défendu,
mais au
paysagiste Frederick Eden qui l'a dessiné à la
fin du
XIXe siècle. Marcel Proust, Rilke, Cocteau, Henry James
l'ont
arpenté. La propriété est
passée ensuite
entre les mains de la reine de Yougoslavie, Alexandra, qui y fit
plusieurs tentatives de suicide. Le dernier propriétaire
était un peintre autrichien, Friedensreich Hundertwasser,
mort
en 2000.
L'identité du nouveau propriétaire est inconnue.
☐ Venise à
double tour, p. 114
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EXTRAIT |
Le Sirroco et la Bora, à l'origine des
îles vénitiennes, règnent aujourd'hui
sur elles. L'un apporte l'humidité que l'autre transforme en
pluie. D'où ce paradoxe qui fait douter maint touriste de
son baromètre : il monte au moment où la
pluie tombe.
Le combat que se livrent ces vents dominants fit
jadis surgir ça et là des bancs de sable,
baignés par les flots, qui allaient s'éveiller
à la vie sous la chaude caresse du soleil
d'été. Le vent et la houle y
apportèrent la terre, le sable, la matière
végétale, transportés par les
marées ou les torrents descendus de l'intérieur
des terres. Ici ou là atterrit une graine ou une racine, qui
allait bientôt se multiplier à foison pour former
cette forêt de plantes salines que l'on nomme les algues,
destinée à procurer le gîte et le
couvert à un pullulement d'animalcules qui fourniraient
à leur tour proie et prétexte à une
profusion de petits poissons.
Au fur et à mesure que ces algues
croissaient, séchaient, s'enfouissaient, d'autres plantes
s'enracinaient sur cette pourriture et s'en nourrissaient, opposant
ainsi un barrage à l'eau des canaux et apportant chacune sa
force à la rive qui s'érigeait, de sorte que
d'innombrables générations de plantes,
œuvrant généreusement à leur
insu, préparèrent le terrain à
d'autres végétaux, provoquant ainsi leur propre
disparition.
Les torrents de l'arrière-pays
apportèrent ensuite leur aide. Ils charriaient vers la mer
des graines ou des racines arrachées à la terre
et les abandonnaient là. Certaines, encore capables de
germer, allaient prendre racine et croître,
renforçant, consolidant et protégeant ainsi le
banc qui les avait sauvées. Puis, ce travail une fois
achevé, selon la loi qui régit notre terre et
sans doute aussi l'univers, elles cédaient un jour la place
à quelque chose de supérieur.
C'est ainsi que s'est lentement formé
la terre sèche appelée à devenir notre
jardin et promise à une meilleure vie.
☐
pp. 11-12
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « A
Garden in Venice », London : George Newnes,
1903
- « A
Garden in Venice » postface by
Marie-Thérèse Weal, London : Frances
Lincoln, 2003
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- « Un
Jardin à Venise » trad. et
présenté par Marie-Thérèse
Weal, Arles : Actes Sud, 2005
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mise-à-jour : 20
mai 2019 |
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