Une histoire du paradis
(vol. 2) Mille ans de bonheur / Jean Delumeau. -
Paris : Fayard, 1995. - 493 p. :
ill. ; 24 cm.
ISBN 2-213-59525-9
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Jean
Delumeau explore, dans ce deuxième volume de son Histoire
du Paradis, les grands courants millénaristes qui
propagent l'espoir d'un règne du Christ sur la terre devant
durer mille ans. Depuis Joachim de Flore, à la fin du XIIe
siècle, jusqu'aux espoirs des premiers socialistes du XIXe siècle comme
Pierre Leroux, en passant par Thomas Muntzer, Campanella ou encore les
Pères pèlerins qui s'établissent en
Amérique du Nord, cette croyance ne cesse d'animer les
espoirs d'une société plus juste. À
travers ses pérégrinations, on comprend comment,
petit à petit, la promesse du paradis terrestre s'est
laïcisée en idée de progrès
et en perspective d'utopie. ❙ | Jean
Delumeau est né à Nantes en 1923 ; il est
décédé à Brest le 13 janvier 2020.
Titulaire pendant une vingtaine d'années (1975-1994) d'une
chaire d'histoire des mentalités religieuses au Collège de France, il a longuement et rigoureusement exploré et analysé l'acculturation chrétienne de l'occident. |
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GUSTAVE THILS : […] Pour
nombre de nos ancêtres, le paradis est bien un
“ lieu ”, que l'on peut ou que l'on pourrait
encore retrouver. Le chapitre sur Le Paradis terrestre et la cartographie médiévale
nous fait connaître une série de mappemondes qui nous en
révèlent l'endroit (p. 81-97). […] Mais il
était bien d'autres pays de rêve : les
“ îles paradisiaques ”, les
“ îles fortunées ”, les
“ îles bienheureuses ” (p. 129-145). Les
avancées intellectuelles de la Renaissance amenèrent
à des mises-au-point, au nom de requêtes scientifiques
plus exigeantes. […] Entre-temps, la réflexion
après le singulier Paradis perdu
de Milton (1667), conduisait à “ la disparition du
jardin enchanté ” (p. 277-290), dont on
perçut de mieux en mieux la “ signification
symbolique ” (p. 302).
→ Notice bibliographique, Revue Théologique de Louvain, 1994, 25-2, p. 255 [en ligne]
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EXTRAIT |
En considérant comme
particulièrement représentatives l'Utopie de Thomas More (1516), La Cité du Soleil
de Campanella (1602) et La Nouvelle
Atlantide
— inachevée — de Bacon
(1627), on peut définir les utopies comme des
« descriptions (sur le mode sérieux) d'un
monde constitué sur des principes différents de
ceux qui sont à l'œuvre dans le monde 1 »
où vivent les auteurs de ces ouvrages. Elles
témoignent du divorce, cruellement ressenti par certains,
entre des aspirations généreuses et les
réalités quotidiennes. Elles créent de
toutes pièces un ailleurs radicalement autre et un
« écart maximal » par
rapport à ce qui est 2. Mais elles ne sont pas seulement nostalgie et
rêves d'un âge d'or. Elles constituent en
même temps une réflexion sur l'origine des maux
de l' « ici » et
sous-entendent — et ont de plus en plus
exprimé — des espérances
d'amélioration grâce à une organisation
volontariste. Tandis que la notion d'une chute initiale de
l'humanité est le plus souvent absente des utopies, celle
d'un bonheur à construire y est partout
présente. Aussi bien, tout en laissant un espace
à la religion, sont-elles résolument
terrestres 3.
☐ « Deux
chemins convergents », p. 298
1. |
Raymond Ruyer,
« L'Utopie et les utopies »,
Paris : PUF, 1950, 1988 |
2. |
Article
« utopie » de l'Encyclopédie
philosophique universelle, tome 2,
p. 2687 |
3. |
Raymond Trousson,
« Voyages aux pays de
nulle-part », Bruxelles : Éd. de
l'Université de Bruxelles, 1979 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Une
histoire du paradis (vol. 2) Mille ans de
bonheur », Paris : Hachette
littératures (Pluriel), 2002
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- « Le
mystère Campanella », Paris :
Fayard, 2008
- « À
la recherche du paradis »,
Paris : Fayard, 2010
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mise-à-jour : 15 janvier 2020 |
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