La Cité du Soleil /
Tommaso Campanella ; trad. de l'italien par Arnaud
Tripet ; notes et postface de Jérôme
Vérain. - Paris : Éd. Mille et une
nuits, 2000. - 92 p. ; 15 cm. - (La petite
collection, 261).
ISBN 2-84205-450-4
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TAPROBANE ET LA GÉOGRAPHIE DU
DÉBUT DU XVIIe
SIÈCLE
Dans
la géographie de Ptolémée, Taprobane
(hier Ceylan, aujourd'hui Sri Lanka) marque l'extrême limite
Sud-Est du monde habité (habitable ?), à
l'opposé de l'île d'Ierné (Irlande) qui
borne le monde au Nord-Ouest.
Gagnant
de vitesse les survivants de la circumnavigation initiée par
Magellan, Raphaël Hythlodée, le porte-parole de
Thomas More, avait été le premier
Européen à aborder l'île en venant de
l'est.
Le
capitaine de vaisseau génois mis en
scène, un siècle plus tard, par Tommaso
Campanella emprunte une route commerciale éprouvée. |
LA CITÉ DU SOLEIL ET LE MONDE
EXTÉRIEUR
Comme
plus tard l'utopie de Samuel Butler, dissimulée au
cœur de la Nouvelle-Zélande, la Cité du
Soleil est retirée au sein d'une grande île dont
elle n'occupe pas, à elle seule, tout
l'espace : il y a, autour d'elle, quatre autres
royaumes avec lesquels les Solariens sont périodiquement
en conflit.
Comme
dans l'Utopie de Thomas More, la guerre
extérieure est une préoccupation constante, qu'on
s'y livre ou qu'on s'y prépare. L'utopie solarienne est
toujours menacée, mais cette menace même
constitue un nécessaire ferment de cohésion. |
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Tommaso
Campanella (1568-1639) est l'un des personnages les plus surprenants de
la Renaissance italienne. Ce moine dominicain, d'origine calabraise,
qui rencontra et soutint Galilée, passa plus du tiers de sa
vie dans les prisons du Saint-Office. Il trouva cependant la force
d'écrire une œuvre immense.
Enchaîné au fond de son cachot, il rêva
d'une cité solaire, communauté idéale
conçue par la raison et régie selon les lois de
l'astrologie. Les communistes du XIXe siècle y virent un
texte précurseur : l'égalitarisme (ni
maîtres ni serviteurs) et l'abolition de la
propriété privée les
séduisirent, même si se profilait
déjà, derrière la perfection de
l'utopie, un modèle de société
totalitaire.
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RICCARDO
PINERI
: […]
Dans cette Cité
où règne l'égalité, il n'y
a pas d'absence de pouvoir, bien au contraire c'est une cité
hautement structurée, fondée sur le savoir de
chacun, l'égalité de chance est au
départ pour tout le monde, l'inégalité
naturelle arrivant uniquement à la fin. Lieu
défensif, de protection contre l'extérieur plus
qu'un lieu d'accomplissement du monde commun, aussi bien à
l'intérieur de la société
qu'à l'extérieur de celle-ci, la Cité
du Soleil veut opérer une sorte de synchrétisme
de toutes les religions du monde et d'un sens du religieux à
la fois transcendant et immanent à la Cité, de
fonder les deux, sous le mode d'une théocratie absolue. A
cette nostalgie de l'Orient comme désir
de l'ordre, de l'enfermement identitaire et protecteur, rempart contre
l'Histoire chez Campanella, répond l'autre versant, la tentation
majeure de l'Occident : corriger et refonder la
Création divine à travers la
libération des énergies de la Nature,
à la fois conquête et saisie de l'essence de la
réalité en son entier.
[…]
☐ « L'île
comme modèle de la fondation utopique : More,
Campanella, Bacon », in : Utopies insulaires,
textes réunis sous la direction de Riccardo Pineri, Bulletin
de la Sté des Études Océaniennes
(Papeete), n° 301, juin 2004
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Civitas
Solis », Francfort : G. Tampachii, 1623
- « La Cité du
Soleil » introduction, édition et notes
par Luigi Firpo, traduction française par Arnaud Tripet,
Genève : Droz (Les Classiques de la
pensée politique, 8), 1972
- «
La Cité du Soleil » trad. du latin par
Jules Rosset,
introduction de Paul Lafargue, Bruxelles : Aden, 2016
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- Frédéric Sarbach,
« Tommaso Campanella (1568-1639) et la Cité
du Soleil : une bibliographie sélective
de 1900 à nos jours », Lausanne, 1997
- Germana Ernst, « Tommaso Campanella, le
livre et le corps de la nature », Paris : Les Belles Lettres,
2007
- Jean
Delumeau,
« Le mystère
Campanella », Paris : Fayard, 2008
- Jean-Louis
Fournel, « La Cité du Soleil et les territoires des
hommes : le savoir du monde chez Campanella », Paris :
Albin Michel, 2012
- Luca Addante, « Tommaso
Campanella : l'invention d'un philosophe (XVIIe-XXIe
siècle) », Paris : Classiques Garnier, 2021
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mise-à-jour : 10 juin 2021 |
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