Mémoires
et voyages / Maurice Auguste Beniowski ;
édité et
préfacé par Edward Kajdański ;
préface de
l'éd. originale de William Nicholson. - Paris :
Phébus, 2010. - 778 p.-[32] p. de
pl. : ill.,
cartes ; 21 cm.
ISBN
978-2-7529-0463-8
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NOTE
DE L'ÉDITEUR
: Contemporain de Cook et de La Pérouse,
Maurice Auguste
Beniowski, fils d’un général de
l’armée autrichienne, est né en Hongrie
en 1741.
D’origine à la fois autrichienne, polonaise et
hongroise,
il participa à la lutte des aristocrates polonais contre la
Russie au sein de la confédération de Bar en
1768.
Blessé, il fut fait prisonnier par les soldats de Catherine
la
Grande et déporté à Kazan. Il
réussit
à s’évader et à fuir
jusqu’à
Saint-Pétersbourg d’où il voulait
gagner
l’Europe occidentale. Trahi et livré à
nouveau aux
autorités russes, Beniowski fut condamné
à une
peine encore plus sévère.
La
présente
édition, rassemblant trois volumes dont chacun correspond
à une période de la vie tumultueuse de Beniowski,
nous
relate ses aventures à partir de son exil. Beniowski devint,
après la publication de ses Mémoires et voyages
en 1790, le type même de l’aventurier haut en
couleur,
célèbre dans toute l’Europe centrale.
Il compta au
nombre des premiers Européens à avoir
navigué en
mer de Béring et au large du Kamtchatka, puis
s’illustra
aux côtés des Malgaches dans leur combat pour la
liberté.
Les
mémoires de ce grand aventurier,
écrites en français avec verve et imagination,
constituent un récit exceptionnel des découvertes
géographiques qui ont marqué la seconde
moitié
du XVIIIe
siècle et un témoignage unique sur
l’âpre
rivalité que se livraient les grandes puissances maritimes
de
l’époque pour la conquête des terres
riches en
trésors du Pacifique nord.
Tome I |
Journal de voyage
à travers la Sibérie, |
Tome II |
Continuation du
mémoire contenant le journal de son voyage par
mer, depuis la presqu'île du Kamtchatka jusqu'à
Canton en
Chine, |
Tome III |
Concernant
l'expédition à Madagascar, pour la formation d'un
établissement royal dans cette île. |
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Maurice Beniowski
[Móric Ágost Benyovszky, 1741-1786] pourrait
faire penser au baron de Münchhausen, ou à Jan
Potocki autre grand aventurier lié à
l'histoire
de la Pologne et écrivant en français.
Après
s'être emparé d'une corvette pour fuir la colonie
pénitentiaire du Kamtchatka où il avait
été
relégué sur ordre de Catherine de Russie,
Beniowski
navigue jusqu'à la mer de Behring et reconnaît
plusieurs
des îles Aléoutiennes et Kouriles,
précédant
dans ces parages Cook et Lapérouse.
Il
fait ensuite escale sur l'île d'Usmay Ligon (Amami, l'une des
îles Ryu Kyu) où il est tenté
de
s'établir, à Formose où il prend part
aux
rivalités internes. Il gagne ensuite Macao d'où
il embarque pour l'Europe. C'est à Madagascar
— où
il croise
Kerguelen — qu'il
s'illustre aux côtés de la France dans un premier
temps, avant d'ébaucher le rêve d'une
île rendue à son autonomie et
libérée de l'esclavage. Privé du
soutien des puissances coloniales, il s'obstine, est
proclamé roi par les indigènes, mais tombe sous
les coups d'une expédition française.
La préface
d'Edward Kajdański
présente les circonstances de l'édition et de la
traduction du récit de Beniowski ; elle offre
surtout un
précieux éclairage sur la réception de
l'œuvre et sur la fragilité des doutes
émis quant
à sa crédibilité. Ennemi
déclaré
d'un pouvoir russe qui souhaitait étendre son emprise sur la
côte occidentale de l'Amérique,
étranger en France,
suspecté de contrarier les visées
stratégiques et
commerciales des colons de l'île de France (Maurice) sur
Madagascar, Beniowski n'a cessé de troubler les
intérêts établis de son temps.
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EXTRAITS |
L'ÎLE
USMAY LIGON
(…)
La
piété et la bonté des habitants de
l'île
ainsi que leur désintéressement et leur
assiduité
dans l'aide qu'ils apportèrent à la
réparation du
navire, et beaucoup d'autres vertus qui font défaut
à
l'Europe civilisée, excitaient encore plus mon imagination,
et
je fis le rêve de rester avec eux pour le reste de ma vie.
(…)
M.
Wyndbladth, qui (…) fit une excursion, m'informa qu'il avait
vu
de très belles habitations et villages, et qu'il avait
trouvé différents fruits en grande
quantité, comme
cocos, oranges, citrons, ananas, bananes, melons d'eau, melons doux,
raisins, patates, riz, maïs, millet, pois et
différents
autres légumes ; que dans les plantations il avait
vu des
ruches à miel, des cannes à sucre, du tabac et du
coton,
et il m'assura qu'il avait visité une poterie de porcelaine
et
une distillerie d'eau de vie [il m'apporta quelques pots d'un travail
parfait] ; et que, dans les villages, toutes les femmes
étaient occupées à faire de la toile
de coton ou
des étoffes de soie ; je vérifiai
moi-même ces
informations ce même jour, et le séjour de cette
île
fortunée fomenta l'ardeur de m'y voir établi.
(…)
J'annonçai
aux insulaires mon départ prochain (…). Leur
franchise et
leur caractère naturellement bon me feront constamment
regretter
de n'avoir pu me fixer en ce lieu, où les vices et la
méchanceté des Européens n'ont pas
encore pris
racine, et où le gouvernement n'est fondé que sur
les
principes de l'humanité.
(…)
Ô terre
sacrée ! Tu resteras à jamais dans ma
mémoire
comme un siège de vertu et de franchise, et ta perte m'est
d'autant plus douloureuse que jamais je n'ai rien trouvé de
comparable à toi.
(…)
☐ Tome II,
Chapitre IX, pp. 338-350 |
MADAGASCAR
(…)
Les
Malgaches aiment naturellement les Européens ; ils
s'attachent
sincèrement à eux s'ils croient que par des
alliances ils
peuvent s'assurer de l'égalité des conditions et
de la
propriété de leur fortune. Bientôt,
suivant ces
principes, on verra ces insulaires, confondus parmi les nouveaux
arrivés, ne former qu'un seul peuple.
Pour prévenir
l'objection qu'on pourrait me faire, sur ce que les
différentes
entreprises qu'on a faites depuis un siècle pour fonder une
colonie à Madagascar ont toujours été
funestes et
meurtrières, et que l'établissement actuel dans
l'île pourrait courrir le même risque, je dis que
cet
établissement n'aurait rien à redouter tant que
le chef
de la nation maintiendra la défense de la traite des
esclaves et
que les Européens arrivés n'exciteront point
eux-mêmes des troubles, et qu'ils se prêteront
à
préserver ce peuple de l'esclavage. Ayant examiné
la
conduite des officiers français auxquels on avait
confié
ci-devant les différentes entreprises sur Madagascar, je me
suis
convaincu que leur avidité les a conduits à
l'injustice
et à l'oppression, source des malheurs qui ont
exterminé
ces anciens établissements. Usurpateurs et tyrans pour
l'accroissement de leur propre fortune, ils n'ont pas rougi d'attenter
à la liberté des peuples auxquels il devaient de
la
reconnaissance.
(…)
☐
Tome III,
Chapitre IV, p. 582 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Memoirs
and travels of Mauritius Augustus count de
Benyowsky »
translated from the original manuscript [by William Nicholson],
London : G. G. J. and J. Robinson, 1790
- « Les
mémoires et voyages de Maurice Auguste comte de
Benyowsky » écrits par lui-même
et
publiés d'après le manuscrit original par W.
Nicholson,
London : G. G. J. and J. Robinson, 1790
- « Voyages
et mémoires de Maurice Auguste, comte de
Benyowsky »
rédigés par J.-H. de Magellan et
publiés par
F. J. M. Noel, Paris : F. Buisson, 1791
|
- « Mémoires et voyages »
préfacés et
édités par Edward Kajdański, Paris :
Éd. Noir
sur blanc, 1999
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mise-à-jour : 24
janvier 2014 |
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