Yves-Joseph de Kerguelen-Trémarec

Voyages dans les mers du Nord, Australes et des Indes

La Découvrance

La Rochelle, 2007
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errances
Kerguelen
Islande
Madagascar

parutions 2007

Voyages dans les mers du Nord, Australes et des Indes / Yves-Joseph de Kerguelen-Trémarec. - La Rochelle : La Découvrance, 2007. - 308 p. : ill., cartes ; 21 cm.
ISBN 978-2-84265-538-9
(…) la terre dont il est ici question, est une Isle de peu d'étendue. J'aurois pu, d'après sa stérilité, lui donner fort convenablement le nom d'Isle de la Désolation ; mais, pour ne pas ôter à M. de Kerguelen la gloire de l'avoir découverte, je l'ai appelée la Terre de Kerguelen.

James Cook, Troisième Voyage

On ne retient souvent des aventures nautiques de Kerguelen que la découverte qu'il fit des îles qui portent son nom — sur lesquelles pourtant il ne mit jamais le pied ; les circonstances précises de cette paradoxale découverte sont souvent méconnues et ses conséquences oubliées — conseil de guerre, emprisonnement à Saumur. Le récit que Kerguelen donne de ses deux expéditions dans les mers Australes est un plaidoyer qui fût aussitôt interdit et dont la presque totalité des exemplaires furent détruits dès la parution ; il constitue le second volet du présent recueil.

Les instructions royales annexées à la relation donnent la mesure du projet : « Le sieur de Kerguelen est instruit qu'il y a toute apparence qu'il existe un très grand continent dans le sud des îles de Saint-Paul et Amsterdam, et qui doit occuper une partie du globe, depuis les quarante-cinq degrés de latitude sud, jusqu'aux environs du pôle, dans un espace immense où l'on n'a point encore pénétré. Il paraît assez confiant cependant que le sieur de Gonneville y aborda vers l'an 1504 et y séjourna près de six mois, pendant lesquels il fut fort bien traité par les gens du pays. Le sieur de Kerguelen, en partant de l'île de France avec la corvette qui lui sera donnée pour servir de découverte, fera voile vers ces terres. Il fera tous ces efforts pour les trouver et les reconnaître ».

En 1776, durant son IIIème voyage, Cook aborde aux Kerguelen et pose les premiers jalons de leur exploration, ruinant du même coup la croyance ancienne en l'existence de la Terra Australis Incognita. Les tribulations de Kerguelen dans l'hémisphère sud pourraient laisser croire que l'homme manquait et de bon sens et de compétences nautiques ; ce n'était pas le cas comme en témoignent ses précédentes campagnes et, tout particulièrement, l'expédition qu'il dirigea en 1767-1768 dans les mers du Nord, déjà mandaté par le roi, « pour aller en station en Islande, afin de maintenir le bon ordre parmi les pêcheurs français, de les protéger et de leur fournir les secours dont ils pourraient avoir besoin ». Outre les péripéties d'une navigation hasardeuse et le franchissement du cercle polaire, Kerguelen en rapporte une intéressante description de l'Islande et, sur la route de retour, la description des îles de Ferro, de Schettland, et des Orcades.

C'est donc un marin aguerri que mirent en échec le mirage du continent austral et la violence des quarantièmes rugissants. Après avoir abandonné à un sort incertain quelques courageux chargés de mener à terme les découvertes dont il entendait se prévaloir à la cour, Kerguelen quitte hâtivement les parages tourmentés des îles entrevues dans le grand Sud et se dirige vers Madagascar où il rejoint un aventurier flamboyant, Maurice Beniowzky ; le séjour malgache est mis à profit pour tracer les grandes lignes d'un projet colonial qu'il conclut en ces termes : « il faut faire de grands efforts pour nous établir promptement à Madagascar » (1775).
EXTRAIT Le 12 [février 1772] au matin, les vents au nord-ouest grand frais, avec de la brume, je donnai la route à l'est quart-nord-est ; j'avais fait gouverner toute la nuit au sud, mais voyant au point du jour beaucoup d'oiseaux qui venaient de la partie est, je me décidai à changer la direction de la route, au moins pour vingt-quatre heures, et je fis gouverner à l'est quart-nord-est. J'étais à midi par 50 degrés 5 minutes de latitude sud et par 60 degrés 5 minutes de longitude orientale estimée.

Le même jour, à six heures du soir, faisant toujours même route, nous eûmes connaissance d'une petite île devant nous, à quatre lieues ; je sondai sans trouver fond, j'approchai cette île à deux lieues, et la nuit étant venue, je tins bord sur bord jusqu'au jour, à petites voiles. Je donnai publiquement vingt écus (ainsi que je l'avais promis) au matelot qui découvrirait la première terre ; et je promis le double à celui qui verrait le premier la grande terre, assurant que le lendemain, on la verrait avant midi, parce que je remarquai le soir que les oiseaux étaient en plus grand nombre et qu'ils allaient vers l'est.

pp. 196-197
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Yves-Joseph de Kerguelen Trémarec, « Relation d'un voyage dans la mer du Nord, aux côtes d'Islande, du Groenland, de Ferro, de Schettland, des Orcades et de Norwège, fait en 1767 et 1768 », Paris : Imprimerie de Prault, 1771
  • Yves-Joseph de Kerguelen Trémarec, « Relation de deux voyages dans les mers Australes et des Indes faits en 1771, 1772, 1773 et 1774 », Paris : Knapen & fils, 1782

mise-à-jour : 20 juin 2011

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