Carnets
des îles de la Madeleine / textes et illustrations de Gilles
Matte ; liminaire de Georges Langford. - Montréal :
Les Heures bleues, 2003. - 126 p. : ill. ;
21x27 cm. - (Les Carnets). ISBN 2-922265-21-8
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| Ces
carnets n'ont d'autre but que de célébrer la
majesté et la grandeur “ de cet archipel
égéen jeté là pour animer l'effrayante
solitude du golfe ”.
☐ Gille Matte, mars 2003 — p. 11 |
Près
de trente ans séparent le premier voyage de Gilles Matte aux
îles de la Madeleine et la publication de ces Carnets.
Ce long compagnonnage, la lente imprégnation qui en
résulte, fondent l'intérêt d'un témoignage
où après l'œil tous les sens sont mis à
contribution, où l'histoire et l'éphémère
se répondent, où l'homme et ses traces cohabitent avec
arénicoles, renards roux et cormorans.
Île
d'Entrée, île du Havre Aubert, île du
Cap-aux-Meules, île du Havre-aux-Maisons, île Boudreau,
Grosse-Île, île Brion, … toutes sont là,
blanches en hiver, déclinant un infini de couleurs du printemps
à l'automne et toujours harassées de vent, au point qu'il
faut haubanner les phares, et jusqu'aux vespasiennes.
D'aimables demoiselles signalent
l'approche des îles, mais écueils, dunes et falaises
trompent régulièrement la vigilance des moins chanceux,
tels ces marins du Corfu Island — de
l'armateur Onassis — échoué le 20
décembre 1963 sur la dune de l'Ouest près de
l'Étang-du-Nord.
Mais l'horizon de Gilles Matte reste ouvert à tout signe de vie : D'ici,
le regard se dirige tout droit au sud-ouest, à fleur d'eau, sans
obstacle, vers la Demoiselle de Havre-Aubert à quarante-deux
kilomètres …
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EXTRAITS |
Le
Corps-Mort, qui passe de doux tons pastel au noir anthracite, rappelle
vaguement la forme d'un corps allongé sur le dos. On trouve
déjà ce toponyme métaphorique sur les cartes
marines du régime français. Ce gros rocher
inhospitalier inspire des histoires de naufrages et des
légendes. Corto Maltese, le célèbre héros
des bandes dessinées de Hugo Pratt, serait disparu lors d'une
tempête dans le golfe du Saint-Laurent. Il était à
la recherche du trésor de l'Essex, frégate anglaise qui aurait coulé corps et biens sur les hauts-fonds du Corps-Mort en 1741. Débarquer
sur l'îlot : une expérience olfactive prenante
à cause des déjections des nombreux phoques qui en
fréquentent les abords.
☐ pp. 14-15 |
Derrière la poupe du bateau, s'éloigne l'ile d'Entrée « avec sa troupe de demoiselles folâtres
qui grimpent les unes sur les autres à l'escalade du ciel
bleu », comme l'écrit Marie-Victorin 1. Demoiselle est le nom que les insulaires donnent aux buttes arrondies des Îles.
☐ p. 23
1. | Frère
Marie-Victorin, « Chez les Madelinots »,
Montréal : Les Frères des écoles
chrétiennes, 1946 |
| En
1955, le Québec fait appel à l'architecte naval
néo-écossais Howard Irving Chapelle pour renouveler la
flotte gaspésienne de morutiers. Ces cordiers de bois,
très marins, de 45 pieds de long sur 15 pieds de large, à
voile et à moteur, seront connus sous le nom de Gaspésienne n° 1, 2, … jusqu'à
50. Elles ont été construites à la Davie Brothers
de Lévis. Aucune ne se perdra durant sa vie active. Rare reliquat de cette flotte, la Gaspésienne n° 26 est amarrée à Havre-Aubert et sort régulièrement sous voile.
☐ p. 29 | J'entends
un touriste se plaindre du vent aux Îles. Réalise-t-il
qu'il se retrouve en plein milieu du golfe du Saint-Laurent, à
quatre-vingt-quinze kilomètres de la côte la plus
proche ? Ici, même les phares sont haubanés. Dans les
Rocheuses se plaint-on de la dénivellation ?
☐ p. 41 | À
12 milles à l'est de Brion, affleurent à peine à
l'horizon le Rocher aux Oiseaux et son satellite, le Rocher aux
Margaux. Cartier et Champlain s'émerveillent du nombre
astronomique d'oiseaux qui y nichent. Parmi eux, le Grand Pingouin qui approvisonna les bateaux en viande fraîche avant de disparaître. Après
des années de chasse intensive et d'incroyables histoires de
gardiens de phare, le Rocher aux Oiseaux est maintenant
libéré de la présence humaine et les oiseaux ont
retrouvé leur tranquillité. Devenu refuge d'oiseaux
migrateurs, le rocher abrite seize mille couples de Fous de Bassan, des
Petits Pingouins, des Guillemots marmette, des Macareux moines et des
Guillemots de Brünnich.
☐ p. 124 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Jean-Charles Fortin et Paul Larocque, « Histoire des îles de la Madeleine », Sainte-Foy (Québec) : Presses de l'Université Laval, 2003
- Frédéric Landry, « Capitaines des hauts-fonds », Havre-Aubert (Îles de la Madeleine, Québec) : La Boussole, 1991
- Réginald Richard, « Les îles de la Madeleine : une société distincte ? », Québec : Éd. des Montants, 2002
- Sylvain Rivière, « Dans le sillage des découvrances … », Ville de Brossard (Québec) : Humanitas, 1999
- Sylvain Rivière, « Têtes de violon » photographies de Maude G. Jomphe, Outremont (Québec) : Éd. du Passage, 2005
- Sylvain Rivière, « La mer nourricière 1890-1972 », Québec : Les publications du Québec (Aux Limites de la mémoire, 15), 2007
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mise-à-jour : 5 mai 2019 |
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