Arthur de Gobineau

Voyage à Terre-Neuve [suivi de] La chasse au caribou

Arléa

Paris, 1993

bibliothèque insulaire
   
N.E. of America
Voyage à Terre-Neuve [suivi de :] La chasse au caribou / Arthur de Gobineau. - Paris : Arléa, 1993. - 284 p. ; 21 cm. - (Lieux dits).
ISBN : 2-86959-163-2

En 1859, Gobineau est envoyé en mission à Terre-Neuve pour tenter de résoudre durablement le conflit latent entre pêcheurs français et anglais. Il découvre un monde neuf, des activités qui lui sont inconnues ; il s'étonne de la diversité du peuplement : Américains, Irlandais et, surtout, les “ sauvages ” … d'Uncas, de Chingachgook …

Mais la “ civilisation ” n'est pas absente de ces avant-postes : “ Je me souviens d'avoir vu, à l'île Rouge, dans la cabane du jeune docteur, entre un fusil de chasse et un flacon de pharmacie, deux ou trois volumes parmi lesquels se trouvaient les poésies d'Alfred de Musset ”.
       
Le souvenir d'Arthur de Gobineau (1816-1882), diplomate et écrivain proche de Tocqueville, est indissociable de son Essai sur l'inégalité des races humaines (1853, 1855) dont le principal mérite demeure d'avoir suscité quelques réfutations fameuses, au nombre desquelles De l'égalité des races humaines de l'Haïtien Joseph Anténor Firmin.

NOTE DE L'ÉDITEUR : En 1859 — déjà —, les pêcheurs anglais et français s'affrontent sur le French shore, à Terre-Neuve, et le gouvernement de Napoléon III dépêche sur place une mission dirigée par Joseph-Arthur de Gobineau. Dix ans auparavant, au lendemain de la Révolution de 1848, Alexis de Tocqueville, ministre des Affaires étrangères, avait fait de lui son chef de cabinet. C'est donc un diplomate chevronné qui va tenter de trouver une solution à ce conflit qui couve depuis le traité d'Utrecht, en 1713.

Mais plus que le diplomate, c'est le lettré en voyage qui nous intéresse aujourd'hui ; c'est le flâneur salarié, le dilettante, maître de son temps et de ses rencontres, qui note ses impressions et nous livre Terre-Neuve dans sa beauté glacée, avec ses Indiens, ses Irlandais, ses Américains, ses prélats et ses marins, ses petites villes, ses écoles, ses bals improvisés … et sa morue. Et non sur le ton d'un rapport de chancellerie mais avec le brio d'un grand écrivain.

On trouvera, à la suite du Voyage à Terre-Neuve, La Chasse au caribou, brève nouvelle que Gobineau a tirée de ses pérégrinations dans l'île. La confrontation de ces deux textes est une aubaine qui permet de découvrir ce qu'un créateur, dans ses œuvres de fiction, garde de sa propre expérience, ce qu'il façonne, ce qu'il transforme, ce qu'il tait, ce qu'il oublie, néglige ou rejette.

EXTRAIT

Je ne suis pas fâché d'avoir vu, une fois dans ma vie, une sorte de pays d'Utopie où quelques-uns des rêves des philosophes se sont réalisés […]. Seulement, je remarque qu'il a fallu établir cet état de choses si singulier, précisément à l'opposé de ce que les inventeurs de cités ou de républiques idéales ont été imaginer et réunir de combinaisons propres, suivant eux, à rendre l'espèce humaine douce, bonne, maniable et sociable, et susceptible de se passer du frein des lois. Saint-Georges et autres lieux de Terre-Neuve ne sont ni une Salente ni une ville de Campanella. Je n'y vois pas trop l'emplacement d'une abbaye de Thélème. Un climat sauvage et odieux, un paysage rébarbatif, le choix entre la misère et un dur et dangereux labeur, pas de distractions, pas de plaisirs, pas d'argent, la fortune et l'ambition également impossibles, et, pour toute perspective riante, une sorte de bien-être domestique de l'espèce la plus rude et la plus simple ; voilà, à ce qu'il semblerait, ce qui réussit le mieux à rendre les hommes habiles à user de la liberté absolue sans excès, et à se tolérer entre eux. Je ne sais pas si les disciples de Fourier et de Saint-Simon voudraient de l'indépendance et de la vertu à ce prix. Ce qui est certain, c'est que les Irlandais de Saint-Georges s'en contentent et méritent, en conséquence, beaucoup d'estime.

pp. 136-137

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Arthur de Gobineau, « Voyage à Terre-Neuve », Paris : Hachette, 1861
  • Arthur de Gobineau, « La chasse au caribou », in Souvenirs de voyage : Céphalonie, Naxie et Terre-Neuve, Paris : Plon, 1872
  • Arthur de Gobineau, « La chasse au caribou », iLe mouchoir rouge, et autres nouvelles, Paris : Classiques Garnier (Classiques jaunes, Littératures francophones, 519), 2019
  • Arthur de Gobineau, « Les Cyclades » texte choisi et présenté par Émilie Cappella, Paris : Magellan & Cie, 2004

mise-à-jour : 30 avril 2019

   ACCUEIL
   BIBLIOTHÈQUE INSULAIRE
   LETTRES DES ÎLES
   ALBUM : IMAGES DES ÎLES
   ÉVÉNEMENTS

   OPINIONS

   CONTACT


ÉDITEURS
PRESSE
BLOGS
SALONS ET PRIX