Une vie de paysages /
Béatrice Commengé. - Lagrasse : Verdier,
2016. - 140 p. ; 22 cm.
ISBN
978-2-86432-863-6
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Les
paysages, c'est l'ordre du monde qui se fait visible.
☐ Lawrence
Durrell, cité p. 87 |
« Tout
ce qui sort de moi est un paysage », disait Lawrence
Durrell ; pendant la seconde guerre, isolé au Caire
avec un
groupe d'amis, il crée une revue intitulée Personal landscape.
Paysages … c'est le fil conducteur retenu par
Béatrice Commengé pour suivre le parcours de
l'écrivain né aux Indes, et à jamais
ému au
souvenir de « la chaîne blanche de
l'Himalaya qui se
découpait dans le bleu du ciel »
aperçue
depuis les fenêtres de son internat quand il avait onze ans.
À
vingt-cinq ans, Lawrence Durrell quitte la grisaille anglo-saxonne avec
sa famille ; cap au Sud sur la route du soleil où,
« quelque part entre la Calabre et
Corfou … le
bleu commence pour de bon ». C'est le
début d'une longue errance
dans le bassin méditerranéen, ponctuée
d'îles — Corfou d'abord, puis Rhodes, puis
Chypre,
d'autres encore.
À
chaque escale, Béatrice
Commengé tisse un dialogue entre les paysages qui ont
enchanté Durrell et leurs reflets dans son œuvre,
de L'île de Prospero
ou du Carnet noir à Vénus et la mer et Citrons acides. Autant
d'échappées, frayées par un “ apatride
[qui appartenait]
seulement aux paysages ”
(p. 139).
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EXTRAIT |
À Rhodes, « les
jours mûrissent
doucement, comme des fruits sur un arbre », des
jours
précieux, fragiles, car le monde est convalescent.
« Un monde meurt comme un être humain, son
dernier
regard est le même », c'est la
constatation que fait
Larry après un séjour à
Athènes. Rhodes est
une parenthèse. Elle lui a été offerte
pour
réactiver sa maladie, l'islomanie, maladie
non reconnue par la science médicale, mais qui se
caractérise par « l'ivresse
inexplicable »
qui saisit le malade dès qu'il séjourne dans un
petit
univers entouré d'eau. L'île de Rhodes est en
convalescence sous la protection des Anglais, avant d'être
rendue
aux Grecs. Le « gouverneur » va
perdre son poste,
mais il a eu le temps d'imprimer dans son cerveau la forme de chaque
île : « Rhodes est une pointe de
flèche en
silex ; Cos est un cachalot ; Léros une
pieuvre ;
Patmos un hippocampe ; Symi un météore
poli au
contact de l'air ; Kalymnos, une moule. »
Ainsi le
paysage pourra toujours, et n'importe où, se recomposer
à
volonté : il suffira de rajouter des couleurs sur
fond bleu
pour faire surgir l'image du paradis.
☐ p. 95 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Lawrence
Durrell, « L'île
de Prospero » (Prospero's cell, 1945),
Paris : Buchet-Chastel, 1991
- Lawrence
Durrell, « Vénus
et la mer » (Reflections on a marine Venus, 1953),
Paris : Librairie générale
française (Le Livre de poche-Biblio, 3193), 1993
- Lawrence
Durrell, « Citrons
acides » (Bitter lemons, 1957),
Paris : Librairie générale
française (Le Livre de poche-Biblio, 3213), 1994
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- Lawrence
Durrell, « Cefalu » (Cefalû,
1947), Paris : Buchet-Chastel, 1961
- Lawrence
Durrell, « Le carnet noir » (The black book, 1959),
Paris : Gallimard, 1961
- Lawrence
Durrell, « Les îles grecques » (The Greek islands, 1978),
Paris : Bartillat, 2010
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mise-à-jour : 30
mars 2016 |
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