La pensée
chatoyante : Ulysse et l'Odyssée / Pietro
Citati ; trad. de l'italien par Brigitte Pérol. -
Paris : Gallimard, 2004. - 392 p. ;
22 cm. - (L'Arpenteur).
ISBN 2-07-071055-6
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Lancé sur les traces d'Ulysse, l'homme à la
pensée chatoyante, Pietro Citati nous invite
à redécouvrir le héros le plus
célèbre de la poésie épique
occidentale. Figure complexe, peut-être faut-il pour
comprendre Ulysse posséder comme
Pénélope la science des grands signes ?
Pourtant, il est plus proche de nous qu'Achille aux colères
démesurées et à
l'héroïsme surhumain. Il aime les choses mortelles
et éprouve de la nostalgie pour sa terre, son
épouse, son fils. Il endure de nombreux tourments mais ne
refuse rien de la vie et accueille tout ce qu'elle lui offre avec une
insatiable curiosité. De retour à Ithaque, il
enseigne à Télémaque son art de vivre,
l'assentiment de l'homme au sort qui lui échoit et les
paroles de miel qui ont le don de transformer sa misère et
l'ombre de son rêve en une construction harmonieuse.
Avec autant de grâce
que d'érudition, La pensée chatoyante
met en lumière les infinis chatoiements du poème
homérique. Comprendre l'Odyssée,
pour Pietro Citati, cela revient au bout du compte à
comprendre l'Occident, la Grèce, nous-mêmes,
à interroger nos origines et notre futur, puisqu'il s'agit
de lire à la fois ce chef-d'œuvre et ce qu'il a
légué pour des millénaires
à la littérature.
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MICHEL
DELON : […]
L'Iliade
nous invitait dans un monde où les héros
regardaient les dieux dans les yeux ; dans l'Odyssée,
les habitants de l'Olympe s'éloignent. Les hommes sont
livrés sinon à eux-mêmes, du moins au
destin. L'Iliade était dominée
par Achille, le dieu manqué, furieux de sa condition de
mortel. L'Odyssée est vouée
à Ulysse, celui qui refuse l'immortalité, qui
veut n'être qu'un homme, avec Pénélope
et les siens. Achille mourra jeune et Ulysse vieillira à
Ithaque, souverain et artisan, maniant les mots et les choses. Achille
est du côté de la poésie, Ulysse du
côté du roman. Polytropos,
homme aux visages mutiples, il est Personne pour
échapper au cyclope. Il négocie avec la
nécessité, invente des trucs pour sortir de la
grotte de Polyphème comme pour entrer dans la
cité troyenne. Son savoir ne se réduit
à aucun système, il a les formes capricieuses
d'un tronc d'olivier ou d'une course de chèvre.
☐
Le Magazine
littéraire, décembre 2004
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EXTRAIT |
Avec l'île d'Ogygie, où
Calypso retient Ulysse, Homère a découvert l'un
des archétypes de l'imagination occidentale :
l'île, ce lieu clos, hors de l'espace et du temps,
où l'homme s'enferme ou est enfermé. Il n'est pas
facile de comprendre où se dresse Ogygie. D'un
côté, elle se situe aux confins extrêmes
de l'Occident, dans les solitudes désolées de la
mer, où il n'y a ni dieux, ni hommes, ni au-delà.
Mais, de l'autre, cette île lointaine occupe
l' « ombilic » de la
mer ; et elle représente le très ancien
centre du monde ; et elle entretient un rapport
mystérieux avec un autre centre
vénérable et très profond, le Styx.
Aucun lieu n'est plus isolé : Ogygie est presque
inaccessible. Hermès l'atteint à grand-peine,
après avoir traversé « tant
d'étendues salées,
infinies » ; et Ulysse doit la quitter
seul, « sans escorte de dieux ou
d'hommes », parce que justement aucun passage n'y
mène. Si une escorte le conduit de la terre des
Phéaciens à Ithaque, aucune escorte ne peut le
mener de l'île à la terre des
Phéaciens. Tout donne à penser qu'il ne peut
quitter Ogygie que par la grâce des dieux. Le centre de
l'espace est donc en dehors de tout espace.
☐ Deuxième
partie, Ch. I : L'île de Calypso,
p. 159 (éd.
Gallimard-Folio, 2006).
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Pietro
Citati, « La mente colorata : Ulisse e
l'Odissea », Milano : Mondadori, 2002
- Pietro
Citati, « La pensée chatoyante :
Ulysse et l'Odyssée », Paris :
Gallimard (Folio, 4453), 2006
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- Homère,
« Odyssée »
éd. de Philippe Brunet, trad. de Victor Bérard,
Paris : Gallimard (Folio classique, 3235), 2003
- Homère,
« L'Odyssée » trad.,
notes et postface de Philippe Jaccottet, Paris : La
Découverte, 2000
- Homère,
« Odyssée »
éd. bilingue (grec ancien et français), texte
établi et traduit par Victor Bérard, introd.
d'Eva Cantarella, notes de Silvia Milanezi, Paris : Les Belles
lettres, 2001
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- Victor
Bérard, « Les navigations d'Ulysse »,
Paris : Armand Colin, 1971 (rééd.)
- Victor
Bérard, « Les Phéniciens et
l'Odyssée », Paris : Armand
Colin, 1902-1903 (rééd. 1927)
- Victor
Bérard, « Dans le sillage d'Ulysse, album
odysséen » avec des photos de Fred.
Boissonnas, Paris : Armand Colin, 1933
- Jean
Cuisenier, « Le
périple d'Ulysse »,
Paris : Fayard, 2003
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mise-à-jour : 10
février 2016 |
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