Jorge Luis Borges

Atlas

Gallimard

Paris, 1988
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Méditerranée
Baléares
Irlande
Atlas / Jorge Luis Borges, en collaboration avec María Kodama ; trad. de l'espagnol par Françoise Rosset. - Paris : Gallimard, 1988. - 91 p. : ill. ; 22 cm.
ISBN 2-07-071281-8

MARÍA KODAMA : Avant un voyage, les yeux fermés, main dans la main, nous ouvrions l'atlas au hasard et nous laissions nos doigts deviner l'impossible, l'aspérité des montagnes, la limpidité de la mer, la magique protection des îles.

Épilogue, p. 91
EXTRAITS

Pendant que je dicte ces lignes, peut-être pendant que vous les lisez, Robert Graves, désormais hors du temps et des dates du temps, est en train de mourir à Majorque 1.

Robert Graves à Deyá, p. 48

1 Borges et María Kodama ont rendu visite à Robert Graves en 1981 et 1982 ; le poète était déjà proche de la mort — « il meurt, il n'agonise pas car l'agonie est une lutte ». L'édition originale d'Atlas est parue à Buenos Aires en 1984 ; Robert Graves est mort à Deià (Majorque) le 6 décembre 1985.

Voici le labyrinthe de Crète dont le centre fut le Minotaure que Dante imagina comme un taureau à tête d'homme et dans le réseau de pierre duquel s'égarèrent tant de générations, comme María Kodama et moi nous nous égarâmes ce matin-là et continuons égarés dans le temps, cet autre labyrinthe.

Le labyrinthe, p. 60

De vieilles ombes généreuses ne veulent pas que je connaisse l'Irlande ou que la connaisse agréablement d'une façon historique. Ces ombres s'appellent Erigène, pour qui toute notre histoire n'est qu'un long rêve de Dieu […] ; elles s'appellent Oscar Wilde, qui d'un destin non exempt d'infortune ni de honte a laissé une œuvre joyeuse et innocente comme l'eau ou le matin. […] Je pense à deux des plus grands poètes baroques, Yeats et Joyce, qui ont utilisé la prose ou le vers à une même fin : la beauté. […] Ces grandes ombres s'interposent entre l'abondance de mes souvenirs et le peu que j'ai pu percevoir en deux ou trois jours peuplés, comme toujours, de circonstances.

Parmi celles-ci, la plus marquante a été pour moi la tour Ronde que je n'ai pas vue mais que mes mains ont touchée et dans laquelle des moines, qui sont nos bienfaiteurs, ont sauvé pour nous, en des temps difficiles, le grec et le latin, c'est-à-dire la culture. Je trouve que l'Irlande est un pays de gens foncièrement bons, naturellement chrétiens, exaltés par l'étrange passion d'être à tout instant irlandais.

J'ai marché dans les rues qu'ont parcourues et que continuent de parcourir tous les habitants d'Ulysse.

Irlande, pp. 11-13
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Atlas », Buenos Aires : Ed. Sudamericana, 1984

mise-à-jour : 25 juillet 2016

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