parutions 2004

NOTE DE L'ÉDITEUR : Jeune femme solide et bien campée dans sa vie, Flore accepte dans un hôpital psychiatrique un travail d'inteprète auprès d'Emma. À l'écoute de l'histoire de cette femme brisée, obsédée par les multiples ombres de sa lignée familiale et hantée par la mémoire de sa peau, l'interprète décrypte les murmures, emprunte les traces d'Emma et ensemble elles démêlent le fil de la mémoire pour saisir le drame insoutenable qui a finalement dénoué les liens d'une histoire familiale insuportable.

Dans ce roman, d'une densité qui va crescendo, Marie-Célie Agnant cisaille les mots, module la voix, entretient son récit avec tous les registres de l'émotion à l'ironie pour raconter une histoire d'une humanité rarement égalée. Tout y est, les profondeurs abyssales, terrifiantes et la beauté, simplement.

EXTRAIT

Cet été-là, ensemble, Tonnerre et moi, nous parcourons Grand-Lagon et les campagnes avoisinantes en quête du trésor qui me gagnera les attentions de Fifie. Partout où je vais, il n'y a que le désert, l'odeur des mangues pourries, le vrombissement des mouches, et le bleu. Tout le bleu qui part du ciel, plonge dans la mer, embrasse les montagnes, enserre la ville. Tout ce bleu pour rien. Je ferme les yeux et je vois mes poumons indigo. Tout ce bleu pour rien … froid, comme le mépris aux commissures des lèvres de Fifie. ☐ p. 87