Gauguin aux Marquises /
José Pierre. - Paris : Flammarion, 1982. -
253 p. ; 20 cm. - (Textes-Flammarion).
ISBN 2-08-064491-2
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Gauguin séjourna aux Marquises du 16 septembre 1901 à sa mort, le 8 mai 1903. Il y éleva la Maison du jouir.
Le roman de José Pierre est comme cette maison : le peintre
y fait l’amour et la peinture. Prétexte du roman : le
tournage d’un film sur la vie de Gauguin aux Marquises. Un film
hard, qui montre le sexe du peintre œuvrant ses amies
vahiné aussi bien que l’acte et la pensée de
peindre. Trois éléments : le tournage et sa
précision technique, le journal de la scripte, les monologues de
Gauguin ; trois tons qui, sans cesse, diversifient les points de
vue et intensifient le récit. D’où un mouvement de
figuration grâce auquel le personnage de Gauguin réalise
la passion de l’auteur pour l’art et pour la vie dans un
élan qui les rend inséparables. Le savoir est devenu
amour. Et le “ jouir ”, dans ce roman, est la
pratique érotique de l’art — et de
l’écriture.
☐ Bernard Noël
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Une équipe de
cinéastes français tourne aux Marquises un film
sur les derniers mois de la vie de Gauguin : le roman de
José Pierre juxtapose le descriptif des principales
scènes, le journal intime de la script-girl, et
des monologues attribués au peintre.
Le ton se veut audacieux et se
complait souvent dans une vision
stéréotypée des vertus du monde
polynésien.
Parler du soleil, de la lune et des
étoiles.
Avec une adorable vahine de
quatorze ans blottie toute nue dans vos bras.
C'est une satisfaction autrement grande, j'imagine, que celle de faire
un cours en Sorbonne sur le même sujet. — p. 182
Mais étroitement
mêlée à ces clichés
s'ébauche une tentative visant à saisir le
mouvement du peintre vers une réalité
transcendant, sans les ignorer, ses modèles et le monde
où ils vivent.
Je ne raconte (…) pas l'histoire d'un
personnage qui aurait été très
porté sur les vahine et qui,
en même temps, aurait pris conscience de la
réalité du colonialisme. Non, je raconte
l'histoire d'un homme pour qui ce qui comptait avant tout,
c'était la peinture. — p. 53
Ainsi José Pierre,
proche des surréalistes et historien d'art
à ses heures, a parfois d'heureuses intuitions,
comme quand il relève le souci constant qu'avait Gauguin
d'abolir les distances :
Gauguin : Si je peignais ce
tableau, je voudrais que toutes choses y soient rendues plus proches du
spectateur par la force de mon désir ou de mon
émotion.
Ky Dong : Ce n'est plus un comportement de peintre,
c'est un comportement de magicien !
Gauguin : Pourquoi pas ? C'est la raison pour
laquelle je me sens si proche de Haapuani 1 …
— p. 39
1. |
Haapuani a inspiré le tableau L'Enchanteur ou
Le
sorcier de Hiva Oa (1902), aujourd'hui au Musée
des Beaux-Arts de Liège. Guillaume Le
Bronnec (Breton établi à Atuona après le séjour de Gauguin)
a connu Haapuani : “ Hapuani, en 1910,
quand je l'ai
connu, avait une trentaine d'années, pur marquisien,
taillé en hercule, c'était un magnifique
paresseux. Je ne
l'ai jamais vu faire aucun travail pénible, sa femme, belle
indigène aux cheveux blonds s'occupait seule des travaux
domestiques. Dès sa naissance, Hapuani était
destiné à devenir TAUA, sorte de prêtre
des
anciennes coutumes marquisiennes. Il avait été
dans son
enfance, éduqué dans ce sens, nul ne connaissait
comme
lui, les légendes et anciennes coutumes
indigènes ”. |
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la trace d'Haapuani sur le site d'information des littératures insulaires |
- E.S. Craighill Handy, « Marquesan legends », Honolulu : Bernice P. Bishop museum (Bernice P. Bishop museum Bulletin, 69), 1930
- Willowdean C. Handy, « Forever the Land of Men », New York : Dodd, Mead & Company, 1965
- Guillaume Le Bronnec, « La vie de Gauguin aux îles Marquises », Bulletin de la Société des études océaniennes, 106, mars 1954
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mise-à-jour : 31 août 2021 |
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