L'île d'Arturo /
Elsa Morante ; trad. de l'italien par Michel Arnaud. -
Paris : Gallimard, 1993. - 606 p. ;
18 cm. - (Folio, 1076).
ISBN 2-07-037076-3
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : L'île
d'Arturo, c'est tout l'univers secret de l'enfance et de
l'adolescence, mais c'est également, dans le golfe de
Naples, l'île de Procida. Arturo y a grandi solitaire et
sauvage. Au monde merveilleux des mythes de son enfance, Arturo va peu
à peu voir se substituer celui, hostile et pourtant
exaltant, des réalités.
Et ce sera dans une
atmosphère captivante où la comédie
côtoie souvent le drame, à travers des aventures
que baigne de poésie le talent d'Elsa Morante, une
initiation, qui va jusqu'à l'ultime épreuve,
jusqu'à la révélation du dernier et du
plus cruel des mystères de la vie.
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Roman de l'enfance |
Elsa Morante déploie,
tout au long du roman, une métaphore où
l'île et le domaine de l'enfance 1 se fondent harmonieusement ;
l'alternance de la lumière et de l'ombre à
Procida trouve sa résonnance dans la succession des temps
d'exaltation et d'abattement qui rythment la vie d'Arturo. Seul le
dénouement rompt cet équilibre, quand Arturo se
résout à sortir de l'enfance
— en quittant l'île, dont la splendeur
discrète reste inentamée.
1. |
“ L'enfance
[…] constituera, on le
sait, le thème dominant [des romans d'Elsa Morante] et,
même, de son recueil de poème, Le monde
sauvé par les gamins,
(Gallimard, 1991), publié en Italie pendant
l'ébullition
de
1968. ” — René
de Ceccaty, “ Les histoires d'enfance d'Elsa
Morante ”, Le
Monde des Livres, 7 août 1998. |
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Roman insulaire |
L'île de Procida,
située dans le golfe de Naples, est pour beaucoup
éclipsée par sa proche voisine, Ischia, et
surtout par Capri : Procida a
toujours été un pays de pauvres
pêcheurs et de pauvres paysans, et ses rares palazzi
étaient tous, inévitablement, des couvents, des
églises, des forteresses ou des prisons.
— p. 24
Ce
particularisme est accentué par la présence, au
cœur de l'île, du pénitencier
et par la sourde emprise qu'il exerce sur la population et sur les
protagonistes du roman : Les seuls
habitants de l'île qui ne semblassent pas susciter le
mépris et l'antipathie de mon père
étaient les invisibles et anonymes prisonniers du
Pénitencier. Bien plus, certaines de ses manières
de Romantique et d'être maudit pouvaient me laisser supposer
qu'une sorte de fraternité ou de tacite
complicité le liait non seulement à ceux-ci mais
à tous les forçats et à tous les
emprisonnés de la terre. Et moi aussi, bien sûr,
je prenais parti pour eux, non seulement pour imiter mon
père, mais à cause d'une tendance naturelle que
j'avais et qui me faisait voir dans la prison une
monstruosité aussi injuste et absurde que la mort.
— p. 56
Procida,
sous tous ses aspects, est donc objet de passion, pour Arturo. Quand il
se décide à
partir — à
fuir ? — il souffre autant
d'imaginer le mal de vivre exilé sur le continent
qu'à l'idée que l'île continuera
à vivre après son départ : l'affreuse
jalousie qui me remplissait d'amertume, c'était la
suivante : de penser à mon île de nouveau
embrasée par l'été, sans moi ! — p. 593
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EXTRAIT |
DEDICACE
à Remo N.
Celle que tu ne croyais qu'un tout petit point sur
la terre,
elle fut tout.
Et ce trésor unique jamais ne sera ravi
à tes yeux jaloux et dormeurs.
Jamais ton premier amour ne sera
profané.
Virginale, elle s'est drapée dans la
nuit,
telle une bohémienne dans son
châle noir.
Étoile suspendue dans le ciel
boréal,
éternelle : nulle machination
ne l'atteint.
Des adolescents fraternels, plus beaux
qu'Alexandre et qu'Euryale,
beaux à jamais, défendent le
sommeil de mon ami.
L'effrayante bannière ne franchira
jamais le seuil
de cette céleste petite île.
Et toi, tu ne connaîtras pas cette loi
que moi, comme tant d'autres, j'apprends,
— et qui m'a brisé
le cœur :
hors des limbes il n'est pas de paradis.
☐ pp. 9-10 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « L'isola
di Arturo », Turin : Einaudi, 1957
- « L'île
d'Arturo, mémoire d'un adolescent »,
Paris : Gallimard (Du Monde entier), 1963
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- «
Mensonge et sortilège », Paris : Gallimard (Du
Monde entier), 1967 ; Gallimard (Folio,
1884 et 1894), 1988
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- « Festa
per Elsa » a cura di Goffredo Fofi e Adriano Sofri,
Palermo : Sellerio, 2011
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mise-à-jour : 4
février 2011 |
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