La garden-party, et autres
nouvelles / Katherine Mansfield ; texte
présenté, trad. et annoté par
Françoise Pellan. - Paris : Gallimard, 2004. -
370 p. ; 18 cm. - (Folio classique, 3774).
ISBN 2-07-041307-1
|
|
Montaigne dit que les hommes vont
béant aux choses futures ;
j'ai la manie de béer aux choses passées.
☐ Katherine Mansfield
|
CHARLES JULIET : Dans La femme de
chambre, dernière nouvelle de La
Garden-party, une domestique raconte ce qu'a
été sa vie. Une vie toute de soumission
à Madame, et avant elle, à sa mère.
Un jour, sur le point de se marier, elle
en avait informé Madame, mais celle-ci, en
exerçant un subtil chantage, l'avait amenée
à tout annuler. Femme humble, toute donnée, cette
domestique n'a jamais soupçonné que cette Madame
qu'elle voyait comme une sainte avait fait montre d'un cruel
égoïsme.
En achevant ma lecture, j'ai pensé
à ce que m'avait raconté Geneviève
Asse il y a une vingtaine d'années. À Paris
vivaient misérablement, dans de petites chambres de bonnes,
sous les toits d'immeubles vétustes — glaciales
l'hiver, étouffantes l'été —
des femmes âgées qui avaient
été employées de maison. Elles ne
s'étaient pas mariées, n'avaient pas eu de vie
personnelle, s'étaient dévouées corps
et âme à une famille pendant quarante, voire
cinquante ans. Puis lorsqu'elles n'avaient plus
été en mesure de travailler, on les avait tout
bonnement remerciées. Et comme elles n'avaient pas
été déclarées, elles ne
bénéficiaient d'aucune retraite.
Toute une vie d'abnégation pour être
à la fin rejetées sans pitié,
condamnées à la misère et à
la solitude.
☐ « Au pays du long nuage blanc »,
Paris : P.O.L., 2005 (pp. 55-56)
|
EXTRAIT |
Elle se tourna vers Meg :
« J'ai envie d'entendre ce que donne le piano, pour
le cas où on me demanderait de chanter cet
après-midi. Essayons " Cette vie est
amère ". »
Pom ! Ta-ta-ta, Ti-ta ! Le piano
fit retentir des accents si passionnés que Jose changea de
visage. Elle joignit les mains. Elle coula un regard
énigmatique et désolé vers sa
mère et Laura qui entraient dans la pièce.
Cette
vie est amè-ère,
Une larme … un soupir.
Un amour éphémè-ère,
Cette vie est amè-ère,
Une larme … un soupir
Un amour éphémè-ère,
Et puis … adieu !
Mais sur le mot
« adieu », et tandis que le piano
se lamentait de plus belle, son visage s'éclaira d'un grand
sourire totalement dénué de compassion.
« Vous ne trouvez pas que je
suis en voix, m'man ? » demanda-t-elle
radieuse.
☐ La
garden-party, p. 111
|
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « The
garden party, and other stories »,
Londres : Constable, 1922
|
- « La
garden-party, et autres histoires » trad. de
l'anglais par Marthe Duproix,
Paris : Stock, Delamain et Boutelleau, 1929
- « Lans-lan = At the bay »
trad. en créole par Jean-Marc Rosier avec une préface de
Jean-Pierre Arsaye, Fort-de-France (Martinique) : K.Edision,
2006
- « La garden party » trad. de
l'anglais par Marthe Duproix, in Nouvelles, Paris : Stock (La Cosmopolite), 2006
- « La garden party » trad. de
l'anglais par Julie Vatain-Corfdir, in Les meilleures nouvelles de Katherine Mansfield, Paris : Editions Rue Saint-Ambroise, 2019
|
- « Journal »,
Paris : Stock, 1973
- « Juliet »,
Paris : Les Éd. de Paris - Max Chaleil, 2007
|
| The New Zealand Edge : Katherine
Mansfield, short story modernizer |
|
|
mise-à-jour : 12 décembre 2019 |
|
|
|