TAHITI PACIFIQUE MAGAZINE, n° 156, avril 2004 : Bertrand de La Roncière […] a disséqué les bibliothèques de France pour trouver tout document concernant le Tahiti de la Reine Pomare Vahine IV, les années 1812 à 1877. […] Ce livre est très facile et agréable à lire et explique bien le point de vue français sur cette période. A la lecture de certains commentaires, on pourrait presque qualifier l'œuvre de M. de La Roncière comme une réplique au livre du consul et pasteur George Pritchard, The aggression of the French at Tahiti, écrit en 1860 mais publié seulement en 1983 ¹.

Parmi tant d'autres choses, nous y avons trouvé ce petit billet qui pourrait inspirer nos politiciens d'aujourd'hui :

Vous avez détrôné la reine vous n'avez pas détrôné la femme. Vous possédez des blockhaus, des forts, des soldats, des canons ; Pomare qui n'a qu'une case à côté de votre palais est plus forte que vous et l'amour de ses sujets fait sa puissance (…). Elle sait, la fine matoise, que plus elle se fait petite à vos côtés, plus elle grandit aux yeux des siens qui voient la servitude que lui a faite la domination. Elle est vêtue de soie, elle marche pieds nus ; elle ne s'est pas faite au français, elle n'a pas cessé d'être canaque (…). Elle parle peu, elle écoute beaucoup, elle tutoie tout le monde et tout le monde la tutoie, et cependant je vous défie de ne pas la respecter. Vous ne croiriez jamais, sans en avoir été souvent témoin, combien il y a de respect pour elle dans le langage et le maintien de ses serviteurs. « Votre majesté » me semble insolent à côté de ce tutoiement naïf : « Pomaré, veux-tu des bananes ? Veux-tu un éventail ? Prends mes cigarettes, Pomaré. Pomaré veux-tu aller te baigner ? Viens que je t'accompagne ». Tout cela vous fait aimer la femme avant la reine ; tout cela, je vous le jure, vous fait bénir l'une et l'autre. — Jacques Arago, Deux océans, 1850.

Ce livre sur la reine Pomaré est le bienvenu, car voilà enfin un volume qui regroupe les informations sur cette période essentielle dans l'histoire de Tahiti. […] Hélas, M. de La Roncière n'a puisé (hormis le livre de Pritchard) que dans des fonds français, ce qui fait que bien des documents (comme ceux du passage de la frégate autrichienne Novara en 1857, voire de Melville en 1842, par exemple) lui sont restés inconnus.

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