Luigi Capuana

Giacinta

Farrago

Tours, 2006

bibliothèque insulaire

      

des femmes et des îles
 Méditerranée
parutions 2006
Giacinta / Luigi Capuana ; traduction de l'italien (Sicile) et postface par Olivier Favier. - Tours : Farrago, 2006. - 273 p. ; 19 cm. - (Italiennes).
ISBN 2-84490-186-7

NOTE DE L'ÉDITEUR : La scène se passe en Sicile dans les années 1850. Giacinta a neuf ans quand elle subit l'agression du jardinier de la famille. Parvenue à l'âge adulte, la jeune femme, qui ne parvient pas à retrouver l'origine de son trouble, cherche à s'affranchir d'une société bourgeoise baignée de morale catholique.

Ce roman est une des plus belles réussites du vérisme italien et sans doute le chef-d'œuvre de Luigi Capuana (1839-1915). En faisant le portrait d'une jeune femme blessée, piégée par son idéal, l'auteur a provoqué bient malgré lui un scandale comparable à celui de Madame Bovary …

MAGAZINE LITTÉRAIRE, n° 458, novembre 2006 : […]

À l'égal d'Emma Bovary, le suicide de Giacinta trouble un ordre, plus par ses prétentions à être heureuse que par sa conduite. Capuana, révélant la genèse de son roman 1, confie comment lors d'une « douce soirée d'octobre » une connaissance lui raconte la triste vie d'une « dame belle et élégante » qu'il lui montre du doigt et comment, dès lors, l'anecdote se transforme en vérité : « il y a des mots qui ne s'inventent pas, mais qui jaillissent seulement du choc de la réalité ». La réalité de Giacinta est proprement scandaleuse, elle est celle d'une jeune femme, blessée, comme Emma, par son idéal.

Gérard de Cortanze, Une Emma sicilienne …
       
1.Lettre à Neera  (Anna Zuccari) citée en annexe (pp. 257-266).
EXTRAIT

Oh ! vous allez très bien, on le voit, comtesse !
Non, non, vous vous trompez.
D'apparence, en vérité …
L'apparence ne veut rien dire.
Le comte venait la réveiller chaque matin de ce rêve d'amour et la précipiter de ce paradis artificiel dans le profond enfer de la réalité.
Hélas ! Son sacrifice ne lui avait jamais paru si terrible qu'à cet instant où elle devait inéluctablement l'accomplir. Et elle perdait la tête. Elle aurait voulu s'enfuir avec Andrea, quitter l'Italie, partir au bout du monde …
Et après ? objectait-il.
Tu as raison. Mais pour réfléchir il faudrait être calme … C'est plus fort que moi ! … Tu es un homme, tu ne peux pas comprendre.
Mais c'est ainsi que cela doit être !
C'est ainsi que cela doit être ? C'est ainsi ?
Alors, devant cette chose inexorable, devant sa propre impuissance, elle demeurait prostrée, avilie.
Devait-elle donc se laisser étouffer par cette pourriture, cette boue où elle s'enfonçait d'autant plus profondément qu'elle se débattait pour en sortir ?
C'est ainsi que cela doit être !
C'était vrai, il devait en être ainsi !
Pourtant l'instant terrible était repoussé de jour en jour.
Demain ! … Après-demain !
Elle prolongeait son agonie.
Au moins ce raffinement de cruauté contre elle-même la laissait-il libre quelques jours de plus. Ensuite … Qui sait ? Qui sait ? …

p. 129

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Giacinta », Milano : G. Brigola, 1879
  • « Giacinta » nouv. éd. revue par l'auteur, Catania : Niccolo Giannotta, 1886

mise-à-jour : 31 octobre 2006

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