Requiem
pour Alain Gerbault / Luís Cardoso ; trad. du
portugais
(Timor Oriental) par Catherine Dumas ; avant-propos par
Catherine
Dumas et Frédéric Durand. - Toulouse :
Arkuiris,
2014. - 250 p. : cartes ; 21 cm.
ISBN
978-2-919090-02-0
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A
la fin de l'année 1941 un voilier arborant le pavillon jaune
jette l'ancre dans la baie de Dili, capitale de la colonie portugaise
du Timor oriental.
Pourtant,
dans ce lieu sous le
soleil où il ne se passait rien
l'événement
déçoit : on attendait
l'arrivée d'un cargo parti du Portugal via Luanda en Angola
pour
conforter le lien entre la métropole et sa lointaine
colonie,
alors que la Seconde Guerre mondiale était sur le point de
s'étendre dans l'océan Pacifique et que les
ambitions
commerciales et stratégiques du Japon se faisaient plus
pressantes.
Pour
Catarina, jeune métisse
échouée dans l'île contre son
gré,
l'arrivée du voilier est signe d'espoir. Elle a lu et relu
« A la poursuite du soleil »
d'Alain Gerbault et
rêve d'un prince
charmant qui l'arracherait à un destin
tourmenté.
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EXTRAITS |
En passant devant l'Hôtel
Salazar, je fis une
halte. Je pris une chaise et demandai une tasse de thé. On
entendait des voix bruyantes d'hommes et de femmes à
l'intérieur qui contrastaient avec le silence
régnant aux alentours du bâtiment. On
parlait
portugais, tétoum, bengali, malais ; de temps
à
autre, on entendait une phrase entière en anglais.
— How we alone of mortals
are …
Un vers
du poème de Yeats, The
Indian to his Love.
C'était une telle confusion
de langues qu'on
eût dit un échantillon de Babel. Ou bien
peut-être
un bordel, comme les antres obscurs des ports d'une grande
métropole où se croisent des marins en provenance
de
plusieurs continents. Mais cela se passait dans une petite ville du
bout du monde, un endroit pour des gens condamnés
à
mourir d'ennui ou d'une maladie peu commune qui provoquait la mort
lente ; j'en retirai une sensation bizarre.
☐ p. 27 |
Cesare
Semedo me montra un voilier ancré dans la baie de Dili,
où était hissé un pavillon jaune
annonçant
la présence d'un malade. Le capitaine du port avait
déjà rempli les formalités
d'usage ; il avait
visité le voilier en compagnie du médecin qui, se
rendant
compte de la présence d'un navigateur solitaire
français,
s'était exclamé :
— Vous ressemblez au
fantôme d'Alain Gerbault.
Ce qui avait fait sourire l'homme,
amusé de ce qu'on le confonde avec lui-même.
Il
montra ses papiers au médecin, lui prouvant qu'il avait
tort. Le
Dr. Carvalho ne voulait pas croire qu'il était à
bord du
célèbre voilier, le Firecrest.
Il se trompait une fois de plus. Il s'agissait d'une nouvelle
embarcation, à travers laquelle le navigateur solitaire
avait
voulu se rendre hommage à lui-même en lui donnant
son nom.
☐
p. 171 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Requiem
para o navegador solitário »,
Lisboa : Dom Quixote, 2007
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- « Une île au loin »,
Paris : Métailié (Bibliothèque portugaise), 2000
- « L'année ou Pigafetta boucla son tour du monde », Toulouse : Arkuiris, 2019
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- Alain Gerbault,
« A la poursuite du soleil »,
Paris : Grasset, 1929
- Alain Gerbault,
« Îles
de beauté », Paris :
Gallimard, 1941
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mise-à-jour : 6 novembre 2021 |
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