Voyages :
trois siècles d'explorations naturalistes / Dr Tony
Rice ;
trad. de l'anglais par Patrice Leraut ; préface de
Jean
Dorst. - Paris : Delachaux et Niestlé, 2014. -
335 p. : ill. ; 32 cm.
ISBN
978-2-603-02042-5
|
NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Du Pacifique aux mers du Sud, de la Jamaïque à
l'Australie,
cet ouvrage propose un tour du monde à travers trois
siècles d'explorations naturalistes.
Chaque
expédition a fourni de grandes quantités de
spécimens et des connaissances scientifiques nouvelles et
importantes, et chacune a été l'occasion de
produire de
superbes illustrations. Cette fascinante iconographie
réalisée sur le terrain vient ajouter au
pittoresque de
ces téméraires expéditions. Pour le
présent
ouvrage, n'ont été retenues que les peintures,
les
gravures et les illustrations comptant parmi les plus rares et
parfaites jamais réalisées en histoire naturelle.
Certaines l'ont été uniquement pour leur valeur
artistique ; d'autres, comme les pinsons de Darwin, en raison de
leur importance scientifique exceptionnelle. Parmi les pages les plus
remarquables, on compte celles sur l'expédition à
la
Jamaïque en 1687 de Sir Hans Sloane qui a
récolté et
signalé des spécimens de plantes encore
conservés,
y compris le cacaoyer ; (…)
l’expédition
célèbre de Darwin aux Galapagos, avec ses pinsons
déjà mentionnés et ses
fossiles ; (…)
la cartographie de l'Australie par Matthew
Flinders, assisté
peut-être du plus grand de tous les artistes en sciences
naturelles, Ferdinand Bauer.
Ainsi,
pour la première
fois, est publiée ici une sélection incomparable
de
trésors artistiques les plus prisés,
associée aux
histoires singulières durant lesquelles ces travaux
extraordinaires ont vu le jour.
|
|
Psittacula eupatria
L'exploration
de Ceylan, p. 74 |
|
|
Geospiza fortis
Voyage
à bord du Beagle, p. 256 |
|
|
Paradisiers
L'Amérique
du Sud et L'Indonésie, p. 271 |
|
|
La plupart des
expéditions maritimes de découverte et
d'exploration, aux XVIIe,
XVIIIe et XIXe
siècles s'inscrivaient dans la
géostratégie des
puissances qui les commanditaient ; mais les orientations qui
en
découlaient étaient compatibles avec la
volonté de
faire progresser les connaissances et d'assurer à celles-ci
une
large diffusion. Explorateurs
et découvreurs étaient donc
accompagnés de
naturalistes et d'artistes chargés de relever, aussi
précisément que possible, les mondes nouveaux
—
flore et faune en particulier.
L'ouvrage
du docteur Rice (publié la première fois en 1999)
propose une sélection d'illustrations recueillies en
Jamaïque, à Ceylan, dans le Pacifique et en
Indonésie ; elles proviennent
d'expéditions
conduites par Hans Sloane, James Cook, Matthew Flinders, Charles Darwin
ou Alfred Russel
Wallace (entre autres) et couvrent près de deux
siècles,
de la fin du XVIIe à la seconde
moitié du XIXe
siècle. Elles donnent à voir la
diversité des
formes de la vie animale et végétale et
témoignent
d'une fructueuse coopération entre artistes et scientifiques
embarqués au bout du monde dans des conditions de vie et de
travail souvent rudes.
Aujourd'hui
comme à l'époque où elles ont
été
réalisées, ces images étonnent et
séduisent
autant par leur fraîcheur que par leur
précision ;
mais leur charge poétique ne doit pas occulter leur apport
déterminant à la connaissance scientifique
— et les chemins parfois inattendus qui y
mènent.
C'est
ce que suggère le cas des fameux pinsons de Darwin. Faute de
dessinateur suffisamment qualifié à bord du Beagle
lors de son escale aux Galápagos, la plupart des
illustrations
destinées à l'étude et à la
publication ont
été réalisées au retour
à partir de
spécimens naturalisés ; John Gould le
spécialiste approché dans ce but était
un
éminent ornithologue, fin dessinateur et taxidermiste
confirmé : ces connaissances lui ont permis
d'orienter
Darwin vers l'hypothèse qui, parmi d'autres, a conduit
à
la théorie de l'évolution. Le discret pinson
— ici l'un d'entre eux, Geospiza fortis —
allait devenir l'animal emblématique d'une remarquable révolution scientifique.
Gould examina tous les oiseaux de Darwin et nomma
et
décrivit les nombreuses nouvelles espèces de la
collection qui l'intéressaient vivement, mais surtout les
petits
oiseaux des Galápagos. Du fait de leur mode de vie distinct,
Darwin les avait considérés comme membres de
plusieurs
groupes : gros-becs, troglodytes, pinsons, merles. Mais, six
jours
après les avoir reçus, Gould fut en mesure
d'annoncer
que, malgré leurs becs très
différents,
c'étaient en fait des pinsons. Toute la signification de ce
fait
ne vint pourtant pas immédiatement à l'esprit des
deux
hommes. (…)
Darwin,
peu à peu, prit conscience du fait que les pinsons
récoltés par l'expédition du Beagle
représentaient l'aboutissement d'une remarquable
« expérience
naturelle » de
l'évolution. Loin dans le passé, alors que les
Galápagos comptaient peu d'oiseaux, quelques pinsons
typiques,
sans doute venus d'Amérique du Sud, avaient
réussi
à atteindre l'archipel.
En
l'absence de concurrence avec d'autres oiseaux
spécialisés, ces pinsons ancestraux
évoluèrent et se
spécialisèrent pour
occuper toutes les niches « petits
oiseaux »
disponibles. Au cours de ce processus, ils acquirent des
becs différents de ceux des autres pinsons,
exemple, certes
exceptionnel mais parfait, d'une adaptation par la sélection
naturelle. Il est probable que même sans ces oiseaux Darwin
serait, à terme, parvenu à des conclusions
identiques au
niveau théorique. Mais il faut reconnaître que les
premiers germes de sa théorie lui ont sans doute
été fournis par le travail minutieux de John
Gould.
☐ Voyage à bord du
Beagle, p. 236
|
|
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Voyages
of discovery : three centuries of natural history
exploration », London : Scriptum editions
(in
association with the Natural history museum), 1999
- « Voyages :
trois siècles d'explorations
naturalistes »,
Lausanne : Delachaux et Niestlé, 1999
|
- Hans
Sloane, « A voyage to the islands Madera, Barbados,
Nieves,
S. Christophers and Jamaica
(…) », London :
printed by B.M. for the author, 1707-1725 (2 vol.)
- « The
Journals of captain James Cook on his voyages of
discovery »
ed. by J. C. Beaglehole, London : Cambridge university press
for
the Hakluyt society, 1955-1974 (4 vol. et un portfolio)
- Charles
Darwin, « Voyages of the Adventure and Beagle,
vol. III : Journal and remarks,
1832-1836 »,
London : Henry Colburn, 1839
- Charles
Darwin, « Journal
de bord [Diary] du voyage du Beagle (1831-1836) »,
Paris : Honoré Champion, 2012
- Alfred
Russel Wallace, « The Malay archipelago :
the land of
the Orang-Utan and the bird of paradiese : a narrative of
travel,
with studies of man and nature », London :
Macmillan,
1869 (2 vol.)
|
|
|
mise-à-jour : 11
décembre 2014 |
|
|
|