Les
déportés maghrébins en
Nouvelle-Calédonie et la culture du palmier dattier (1864
à nos jours) / Mélica Ouennoughi ;
préface de Pierre-Philippe Rey. - Paris :
L'Harmattan, 2006. - 374 p. : ill. ;
24 cm. - (Histoires et perspectives
méditerranéennes).
ISBN 2-7475-9601-X
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : L'ouvrage se
présente comme un recherche interdisciplinaire et
transversale. L'auteur analyse la situation des descendants de
Maghrébins en Nouvelle-Calédonie dont les
ancêtres ont été
déportés à la suite des insurrections
algériennes et le ralliement d'autres clans tunisiens et
marocains. Durant les années 1860, la France met en place un
essai de colonisation pénale qui deviendra le centre
pénitentiaire de Bourail.
Cette enquête
réalisée sur le terrain et l'ensemble de la
mémoire orale exposés sont confrontés
avec de nombreuses sources écrites. Notamment des listes
généalogiques des déportés,
des listes des mariages mixtes qui ont donné quelques
milliers d'hommes et de femmes calédoniens formant la
descendance aujourd'hui, des listes d'attribution des lots de terre
visant à utiliser les déportés en tant
que concessionnaires pour la mise en valeur agricole de l'île
et aussi avec des sources relatives aux insurrections
algériennes elles-mêmes.
L'auteur suit
également l'histoire du lien entre le Maghreb ancien et la
Nouvelle-Calédonie grâce au fil conducteur de la
culture du palmier dattier. La reconstruction identitaire d'une
communauté maghrébine dans les pays d'Outre-mer
ne pouvait être compréhensible,
qu'après avoir reconstitué les étapes
anthropologiques de leur histoire sociale, religieuse,
économique et botanique. La formation de palmeraies pour
souder la communauté ainsi que les effets au niveau de
techniques et de l'outillage nous révèlent
l'existence d'un héritage almoravide berbère qui
prend son origine en Espagne médiévale (XIe
siècle), dont l'auteur analyse les modes de diffusion
permettant de suivre les mouvements migratoires des groupes humains. La
rencontre entre savoir-faire traditionnel et savoir-faire moderne,
l'étude des différents types de dattes, ouvrent
des perspectives très intéressantes, aussi bien
pour les agronomes et historiens professionnels que pour les recherches
généalogiques des familles.
Voici la première
thèse universitaire qui apporte des éclairages
sur la complexité historique en remontant aux origines du
processus de la colonisation française en Algérie
puis en Nouvelle-Calédonie.
❙ | Mélica
Ouennoughi est docteur en anthropologie historique. Membre-chercheur
rattachée au Laboratoire d'Histoire contemporaine de
l'Université de Nouméa. Spécialisée sur les
migrations maghrébines et sahariennes en Océanie, elle a
consacré de nombreuses publications à la question des
Calédoniens maghrébins en Nouvelle-Calédonie et
leur rôle dans la mixité sociale avec les autres
communautés (françaises, européennes,
mélanésiennes, indonésiennes, japonaises). |
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EXTRAIT
D'UN ENTRETIEN AVEC L'AUTEUR : […]
B.B.A. Pourquoi ce lien
entre les déportés et le
palmier-dattier ?
M.O. Lorsque je
suis arrivée sur le territoire calédonien, pour
retrouver les descendants d'Algériens, je demandais
l'itinéraire aux Kanaks. La première
réponse qu'ils m'ont donné, c'est :
lorsque tu vois un dattier, c'est qu'il y a un « Viel arabe
» qui est passé par là.
B.B.A. Le dattier est une
sorte d'appropriation d'un lieu en territoire calédonien.
M.O. La
première personne qui m'a introduit au dattier, c'est Mr
Aïfa ; je me souviens il était perplexe
sur mes recherches, ensuite en me voyant mener mes enquêtes
jour après jour, mois après mois, il a compris
que pour entreprendre un tel travail de recherche sur le terrain, il
fallait un fil conducteur, un guide végétal, un
marqueur culturel et agronomique que les Kanaks avaient
accueilli : c'était bien le dattier de ses
ancêtres qui était selon lui un symbole fort de
résistance. Puis, il m'a amené vers son dattier
d'origine, que son père Laïfa (son
ancêtre en Calédonie) a planté et
aujourd'hui il porte plus d'un siècle de naissance.
En Nouvelle Calédonie, tout le monde a son dattier, mais on
retrouve le figuier également. Le dattier, outre le symbole
de résistance qu'on lui témoigne, est un parfait
stabilisateur et régulateur des cultures. Si on a besoin
d'un arbre pour reboiser, on plante le dattier.
[…]
☐ Bordj Bou Arreridj info
(Algérie), 18 mars 2006
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
(1) Mélica Ouennoughi :
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- Ouennoughi
M. & Kahn F. — « Behind the date
palm tree in New Caledonia », Palms,
juin 2005 ; n° 49 (2) :
pp. 73-78
- Ouennoughi
M. & Dubost D. — « Le
voyage forcé des dattiers en Nouvelle-Calédonie »
in : Sécheresse - Sciences et Changements
planétaires, 2005 ; 16 (4) :
pp. 241-6
- Ouennoughi
M., « Les déportés
maghrébins en
Nouvelle-Calédonie. Naissance d’une
micro-société (de 1864 à nos
jours) », Insaniyat
/ إنسانيات [En
ligne], 32-33 | 2006, mis en ligne le 06 août 2012,
consulté le 19 février 2017
- Ouennoughi M., « Algériens et maghrébins en
Nouvelle-Calédonie : anthropologie historique de la communauté
arabo-berbère de 1864 à nos jours », Alger : Casbah éditions, 2008
- Ouennoughi
M. (éd.), « Mémoires, histoire des
déplacements forcés : héritages et legs
(XIXe-XXIe siècles) », Paris : L'Harmattan, 2014
|
(2) Sur
la mémoire de la présence algérienne
en Nouvelle-Calédonie :
|
- Mehdi
Lallaoui, « La
colline aux oliviers », Paris :
Éd. Alternatives, 1998
- Louis-José
Barbançon et Christophe Sand,
« Caledoun :
histoire des Arabes et Berbères de
Nouvelle-Calédonie », Bourail :
Association des
Arabes et Amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie (Archeologia
pasifika, 1), 2013
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mise-à-jour : 8
février 2021 |
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