W ou le souvenir d'enfance /
Georges Perec. - Paris : Gallimard, 1993. -
219 p. ; 19 cm. - (L'Imaginaire, 293).
ISBN 2-07-073316-5
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Deux récits se croisent,
alternant leurs voix de chapitre en chapitre ; l'un
d'apparence autobiographique, l'autre décrivant une
colonie — baptisée
W. — vouée à la
célébration et à la pratique des
disciplines olympiques, sur une île au large de la Terre de
Feu. L'ordre y règne rigoureusement et les pires
méthodes sont employées pour stimuler l'esprit de
compétition : “ il
faut que même le meilleur ne soit pas sûr de
gagner ; il faut que même le plus faible ne soit pas
sûr de perdre. Il faut que tous deux risquent autant,
attendent avec le même espoir insensé la victoire,
avec la même terreur indicible la
défaite ”.
Le terme du livre est
dévolu à la voix autobiographique qui cite un
passage de L'Univers concentrationnaire, de David
Rousset avant de conclure sur une évocation de la colonie
olympique : “ J'ai
oublié les raisons qui, à douze ans, m'ont fait
choisir la Terre de Feu pour y installer W : les fascistes de
Pinochet se sont chargés de donner à mon fantasme
une ultime résonnance : plusieurs îlots
de la Terre de Feu sont aujourd'hui 1 des camps de
déportation ”.
1. |
L'œuvre a été
écrite entre 1970 et 1974. |
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MARIE
DARRIEUSSECQ
: […]
L'île
W n'est pas la métaphore des camps de concentration. Cette
métaphore est impossible. L'île W est un fantasme
qui
déplace un indicible vers une possibilité de
représentation. […]
☐
Le Magazine
littéraire, Mai 2017 — Dossier Georges Perec, ses vies mode
d'emploi, p. 93
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EXTRAIT |
La tradition fait remonter à un
nommé Wilson la fondation et le nom même de
l'île. Sur ce point de départ unanime, de
nombreuses variantes ont été avancées.
Dans l'une, par exemple, Wilson est un gardien de phare dont la
négligence aurait été responsable
d'une effroyable catastrophe ; dans une autre, c'est le chef
d'un groupe de convicts qui se seraient
mutinés lors d'un transport en Australie ; dans une
autre encore, c'est un Nemo dégoûté du
monde et rêvant de bâtir une Cité
idéale. Une quatrième variation, assez proche de
la précédente, mais significativement
différente, fait de Wilson un champion (d'autres disent un
entraîneur) qui, désespéré
par les difficultés que rencontrait alors Pierre de
Coubertin et persuadé que l'idéal olympique ne
pourrait qu'être bafoué, sali,
détourné au profit de marchandages sordides,
soumis aux pires compromissions par ceux-là mêmes
qui prétendraient le servir, résolut de tout
mettre en œuvre pour fonder, à l'abri des
querelles chauvines et des manipulations idéologiques, une
nouvelle Olympie.
☐
pp. 90-91
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « W
ou le souvenir d'enfance », Paris :
Denoël (Les Lettres nouvelles), 1975, 1983, 1992
- « W
ou le souvenir d'enfance » prés. par Anne
Roche, Paris : Gallimard (Foliothèque, 67), 1997
|
- Isabelle
Dangy-Scaillierez, « Étude sur Georges Perec
: W ou le
souvenir d'enfance », Paris : Ellipses
(Résonances, épreuves de français, 2002
|
➝ Mona Ben Jalloul, « Une
enfance suspendue et diffractée dans W ou le souvenir
d’enfance de Georges Perec »,
Postures,
Dossier « L'enfance
à l'œuvre », 2015
➝ Vincent
Bouchot, « L'intertextualité
vernienne dans W
ou Le souvenir d'enfance », Études
littéraires, vol. 23/1-2, automne 1990
➝ Maryline Heck, « Les
affects entre parenthèses : W ou le souvenir
d’enfance de Georges Perec »,
Fabula / Les
colloques, L'émotion, puissance de la littérature
➝ Philippe Lejeune, « La
rédaction finale de W
ou le souvenir d'enfance », Poétique, 2003/1
(n° 133
➝ Michel Sirvent, « Blanc,
coupe, énigme :
" auto(bio)graphies ", W ou le souvenir d'enfance
de Georges Perec », Littératures,
1995, vol. 98/2
|
- Georges
Perec, « Récits
d'Ellis island, histoires d'errance et d'espoir » en
coll. avec Robert Bober, Paris : Éd. du Sorbier,
1980 ; Paris : P.O.L, 1994
- Georges
Perec, « Ellis
island », Paris : P.O.L, 1995, 2019
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mise-à-jour : 24
mars 2019 |
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