Le dernier matin
/ Max Rippon ; préface ce Camille Rousseau. - Pointe-à-Pitre : Jasor, 2003. - 89 p. ;
18 cm.
ISBN 2-912-594-049-X
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CAMILLE ROUSSEAU : […]
Les souvenirs évoqués
dans Le dernier matin concernent la courte période
où le jeune écolier, frais émoulu de l'école
primaire de Grand-Bourg, envisage de quitter l'île de Marie-Galante
pour aller continuer ses études à Pointe-à-Pitre
[Guadeloupe], au lycée Carnot, en 6ème, après sa
réussite au concours des bourses.
L'auteur nous fait vivre avec
tendresse et émotion, non sans une légère
ironie en filigrane, la fièvre des préparatifs
qui ne touche pas seulement les parents, la famille, mais tout
le quartier. C'est en effet toute la communauté de Lalé
Pòyé : mabo Françoise, amie Bayadine,
manzé Albertina, entre autres, qui rivalise d'attentions,
de gâteries, de prières, de conseils et de mises
en garde pour cet enfant sur qui elle a reporté tous ses
espoirs.
[…]
Préface, pp. 9-10 ❙ Max Rippon est né en 1944 à Grand-Bourg
de Marie-Galante. Depuis son quartier de naissance : Lalé
Pòyé, centre, levier, poumon, moteur de sa poésie,
il crie au monde la douleur de ceux qui « boivent
l'alcool mauvais des mots », dans cette langue Kréyòl
dont il réinvente en permanence la senteur.
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EXTRAITS |
En partant à l'école
au Lycée, l'autre-côté comme ils disaient,
je portais plus que les autres enfants du quartier les espoirs
de toute la communauté de Lalé Pòyé. — p. 33
[Man Yanyann] remplit mon quart
du liquide encore tiède contenu dans la casserole. Elle
me considéra de la tête aux pieds, et me dit :
— Tu vois, Man Yanyann te fait boire un thé, avec
une prise de terre dedans. C'est ton engagement. C'est la terre
de ton pays que j'ai fait bouillir pour toi, avec l'eau saumâtre
de la Mare d'Aimer. C'est un thé qui renforce l'amour
du pays qui a fait toute ta famille … Partout où
tu vas aller mon fils, je veux que dans ton ventre, dans ta tête,
dans tes veines, tu retrouves la trace, l'amour et le goût
de ton pays … ; tu ne dois jamais oublier Marie-Galante …
Tu pars au Lycée, tu auras la mémoire des tortues
à l'heure des pontes, et tu reviendras au vent du cocotier
où j'ai enterré ton nombril, ramener chaque bourgeon
de ton savoir. — pp. 50-51
Nous étions les derniers
à embarquer sur l'Ile d'Emeraude. Le paquebot reliait
Grand-Bourg à Pointe-à-Pitre. La traversée
durait trois bonnes heures. Mon père, fort de ses amitiés
avec le commandant, se fit offrir un transat. Installés l'un contre l'autre sur le pont, nous laissions
passer le temps en silence, chacun occupé à vivre
dans son cœur l'intensité de la séparation. — p. 57
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Pawòl naïf :
recueil de textes libres », Grand-Bourg (Marie-Galante) :
Aïchi éd., 1987
- « Feuilles de mots :
recueil de pawòl ordinaires », Pointe-à-Pitre :
Jasor, 1989
- « Dé gout
dlo pou Dada », Pointe-à-Pitre : Jasor,
1991
- « Agouba »,
Pointe-à-Pitre : Jasor, 1993
- « Rékòt,
brisures de mots », Pointe-à-Pitre :
Jasor, 1996
- « Marie-Galante :
itinéraires », Grand-Bourg (Marie-Galante) :
Aïchi éd., 1997
- « Marie
La Gracieuse «, Pointe-à-Pitre : Jasor,
2002
- « Débris de
silences », Pointe-à-Pitre : Jasor, 2004
- « Six
virgule trois, secousses à Terre-de-Bas :
racontage », Pointe-à-Pitre : Jasor, 2006
- « Morriña : quitter la rade », Pointe-à-Pitre : Jasor, 2011
- « Pègmèl,
trant lanné poézi kréyòl »,
Pointe-à-Pitre : Jasor, 2013
- « Marie-Galante,
regards : hommage à la poétique du
silence », Grand-Bourg (Marie-Galante) : Éd.
DCA, 2014
| Sur le site « île
en île » : dossier Max Rippon |
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mise-à-jour : 3 septembre 2017 |
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