Marie La Gracieuse :
racontage / Max Rippon. - Pointe-à-Pitre : Jasor,
2002. - 252 p. ; 21 cm.
ISBN 2-912-594-32-4
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SIMONE SCHWARTZ-BART : L'ami Rippon toujours fertile
en inventions poétiques, nous donne aujourd'hui un brillant
et savoureux racontage en forme de roman.
Nous sommes dans une bonne veillée
mortuaire à l'ancienne : Marie-Galante, bourg de
Lalé Pòyé ... quartier de la Côte-Sous-le-Vent ...
Magicien du parler créole,
le conteur nous fait entrer dans l'âme de Man Frida, vieille
dame du lieu, au moment précis où elle apprend
la mort subite de son fils Monadwel. Il est parti comme ça,
sur son plancher, sans le moindre signe annonciateur : « parti
comme ça le bougre, en plein jour, santé parfaite,
sans même avoir pris son café » ...
mystérieux, incompréhensible !
À l'annonce du deuil,
tout le village entre aussitôt en révolution. On
recherche Marie La Gracieuse, la baigneuse de morts, qui vit
retirée dans les bois ; c'est aussi l'amie intime
du défunt, une créature insolite, un peu magicienne
sur les bords, qui est à sa manière l'incarnation
de l'âme profonde du village.
Déjà la veillée
funèbre a commencé.
La mort est pour chacun l'occasion
de revoir sa propre vie ; ce qui permet d'assister au carrousel
de ce coin perdu de Marie Galante, à cette vie étonnante
qui évoque irrésistiblement une Guadeloupe d'un
autre temps, une Guadeloupe d'avant les voitures et les poteaux
électriques, une Guadeloupe qu'on avait cru oubliée,
et qui renaît aujourd'hui, sous les yeux éblouis
de sa jeunesse.
C'est un peu ça, le racontage
de l'ami Rippon : la promenade d'un poète à
travers un monde créole finissant, où chaque phrase
est un joyau, un miroir étincelant que l'on promène
sur de vieux chemins oubliés, où s'est jouée
notre vie à tous. ❙ Max Rippon est né en 1944 à Grand-Bourg
de Marie-Galante. Depuis son quartier de naissance : Lalé
Pòyé, centre, levier, poumon, moteur de sa poésie,
il crie au monde la douleur de ceux qui « boivent
l'alcool mauvais des mots », dans cette langue Kréyòl
dont il réinvente en permanence la senteur.
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EXTRAIT |
Sa jambe-dou-bois faisait tòk-tòk
sur le sol, annonçant bien longtemps à l'avance
son arrivée au milieu de la ronde. Il était accompagné
de Sousèt, de Gèl-fann, de Ròròze-ratte
et de la belle Mèzè Ninon-rare-cheveux, dont on
disait que sa beauté d'antan avait inspiré un mulâtre,
auteur et compositeur de la chanson qui vantait l'amour qu'elle
fit jadis vibrer dans son coeur : Tchouyé mwen
ban mwen Ninon était ce titre fameux. « Tuez-moi,
mais donnez-moi Ninon ! » chantait monsieur de
Brizacié.
☐ p. 144
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Pawòl naïf :
recueil de textes libres », Grand-Bourg (Marie-Galante) :
Aïchi éd., 1987
- « Feuilles de mots :
recueil de pawòl ordinaires », Pointe-à-Pitre :
Jasor, 1989
- « Dé gout
dlo pou Dada », Pointe-à-Pitre : Jasor,
1991
- « Agouba »,
Pointe-à-Pitre : Jasor, 1993
- « Rékòt,
brisures de mots », Pointe-à-Pitre :
Jasor, 1996
- « Marie-Galante :
itinéraires », Grand-Bourg (Marie-Galante) :
Aïchi éd., 1997
- « Le
dernier matin », Pointe-à-Pitre :
Jasor, 2003
- « Débris de
silences », Pointe-à-Pitre : Jasor, 2004
- « Six
virgule trois, secousses à Terre-de-Bas :
racontage », Pointe-à-Pitre : Jasor, 2006
- « Morriña : quitter la rade », Pointe-à-Pitre : Jasor, 2011
- « Pègmèl,
trant lanné poézi kréyòl »,
Pointe-à-Pitre : Jasor, 2013
- « Marie-Galante,
regards : hommage à la poétique du
silence », Grand-Bourg (Marie-Galante) : Éd.
DCA, 2014
| Sur le site « île
en île » : dossier Max Rippon |
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mise-à-jour : 3 septembre 2017 |
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