Partita
à Venice / Curt Leviant ; trad. de l'anglais par
Béatrice Vierne. - Paris : Le Cherche Midi, 2015. -
382 p. ; 21 cm. - (Styles).
ISBN
978-2-7491-4187-9
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Désormais,
songea-t-il, sa vie entière était un long tu-t'en-souviens.
☐ p. 207 |
NOTE DE L'ÉDITEUR
: Un homme peut-il faire l'amour à deux femmes
en même
temps ? Tommy avait promis à Zoe de la retrouver un
certain
jour, à une certaine heure dans la
Sérénissime,
quoi qu'il arrivât. Tommy attend Zoe. Mais il vient de
rencontrer
une fille de tsigane, vive, envoûtante, intelligente et
mystérieuse, et qui, parmi ses remarquables talents,
possède celui de se rendre invisible.
La ville
elle-même se mue en un personnage aux multipes facettes et,
tandis que la narration se développe sur deux plans, Tommy
Manning oscille entre deux relations, complexes et
énigmatiques,
au moment même où Venise s'immerge dans les
célébrations de la Festa del Redentore,
s'embrasant de
gondoles brillamment illuminées, parée de bals
masqués, ses rues résonnant de chants et de
festins …
Au fil de
ce récit riche en
péripéties, passion, larmes et rires
s'entremêlent,
jusqu'à un incroyable dénouement.
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EXTRAIT |
Il savait, cependant, que toutes ces
pensées de
Venise n'étaient qu'une autre façon de parler de
la
réalité réelle ; ses
pensées, si
vraies fussent-elles, étaient des masques, des
métaphores. Ce n'était pas Venise qu'il tenait
dans son
poing ; c'était Béate. Il la voyait
partout
où il allait, là-haut dans les palais avec vue
sur les
toits, sur l'eau, dans la gondole, aux terrasses des cafés,
partout il n'y avait que Béate, Béate,
Béate, se
répétait-il. Mais pourtant, dans le symbolisme
secret de
ses pensées, dans les rêves qu'avaient les
métaphores, il y avait quelque chose d'autre, aussi
impalpable
que la lumière, qui lui échappait :
Zoé. Elle
était la lumière au-dedans de lui qui refusait de
s'éteindre. C'était grâce à
sa
lumière qu'il pouvait voir Béate.
Cette Zoé, cette Zoé d'il y
avait si longtemps, cette Zoé l'envahissait comme un dibbouk, l'esprit
de la tradition populaire juive, qui s'empare du corps d'un vivant.
Chaque fois qu'il quittait Béate, au lieu de lui permettre
de
savourer l'éclat que laissait sa présence, la
première personne qui faisait une embardée dans
son
esprit, comme un bateau à voile jaune balloté par
le vent
sur un océan bleu outremer, ou qui descendait du ciel,
accrochée à un des parasols jaune maïs
du
café du Rockfeller Center, c'était
Zoé. Or,
comment pouvait-il savourer Béate si Zoé
était
tapie au fond de son crâne, et comment pouvait-il savourer le
souvenir de Zoé si Béate superposait son image
à
celle de Zoé, comme peut le faire une rivale plus
jeune ?
☐
pp. 108-109 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Partita in Venice », Livingston (Alabama) :
Livingston press, 1999
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mise-à-jour : 5 mai
2015 |
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