Venise :
histoire, promenades, anthologie et dictionnaire / sous la dir. de
Delphine Gachet et Alessandro Scarsella. - Paris : Robert
Laffont,
2016. - XXX-1182 p. : ill., cartes ;
20 cm. -
(Bouquins).
ISBN
2-221-12874-5
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Dans
ce recueil, construit et présenté par Delphine
Gachet et
Alessandro Scarcella, une anthologie de textes littéraires
est
précédée d'une introduction
historique, puis d'une
série de promenades
dans la ville et ses abords — la lagune, les
îles,
l'arrière-pays. L'ouvrage se referme sur un dictionnaire qui
complète, précise ou illustre l'information
généreusement prodiguée dans les
sections
précédentes.
La
première partie du
recueil s'ouvre sur les temps éloignés
où
pourchassés par le « piaffement des
cavales
barbares » (Leopardi, cité p. 5)
un groupe
d'hommes et de femmes se réfugie dans la lagune.
Les
promenades de la seconde partie permettent une exploration libre de la
ville et de ses marges, géographiques (la Giudecca, Mestre,
les
forts de la lagune, …) et thématiques
(l'opéra, les arts plastiques hier et aujourd'hui, la
gastronomie, la musique, le cinéma, …).
L'anthologie
ne retient que les écrits en prose d'auteurs nés
après 1870. L'exercice est de ceux qui, souvent, suscitent
l'irritation : comment ne pas accuser l'arbitraire du choix
qui
fonde l'exercice ? Mais comment ne pas se réjouir,
par
exemple, du hasard qui fait se suivre Françoise Sagan et
Jean-Paul Sartre ? Surtout quand l'imagination de l'une semble
trouver un écho dans un souvenir de l'autre. Ici, il n'est
déjà plus question de mourir à
Venise, mais d'envisager la mort de Venise
— une perspective qui, pour de nombreux
auteurs (dans les promenades
de la deuxième partie comme dans l'anthologie littéraire),
doit être envisagée.
It could be the last time we see
Venice, “ cela pourrait être
la dernière fois que nous la voyons ”. 1
1. |
Nantas Salvalaggio, Il campiello sommerso (1995),
trad. inédite de Delphine Gachet
— cité p. 709. |
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EXTRAITS |
Si
l'on imagine … la mer place Saint-Marc, les pigeons
éperdus ne sachant où se poser, les sonneurs
frappant le
bronze dans le silence. Cela commence par la fuite des rats, puis l'eau
montera les marches du Palais et pénétrera dans
les
salles désertes, recouvrira les fresques des murs, jaillira
par
les hautes fenêtres. Avec la même lenteur
qu'Othello y
venant chercher Desdémone, l'eau montera les marches du
palais
des Doges, envahira ces salles où fut joué vingt
fois le
destin de la République de Venise, où tant
d'hommes
moururent, pendus aux fenêtres. Les centaines
d'églises
aussi, y compris celle où Casanova, jeune
séminariste,
fit son premier sermon.
☐
Françoise
Sagan, pp. 828-829 |
Un
soir que je revenais de Murano, ma barque s'est retrouvée
seule
à perte de vue : plus de Venise ;
à
l'emplacement du sinistre, l'eau poudroyait sous l'or du ciel.
☐
Jean-Paul
Sartre, p. 833 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Delphine
Gachet,
« Henri Queffélec et l'art de la
nouvelle : L' " histoire
extraordinaire " », in Pierre Dufiel
(dir.), Henri Queffélec,
écrivain
humaniste, Rennes : Presses
universitaires de Rennes, 2001
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Venise :
d'autres anthologies littéraires, pour élargir le
champ |
- Hélène
Demoriane, Roger Gouze et Éveline Schlumberger
(éd.),
« Venise entre les lignes »,
Paris :
Denoël, 1970, 1999
- Sébastien
Lapaque (éd.), « Histoires de
Venise », Paris : Sortilèges,
1996
- Stéphane
Loeber-Bottero
(éd.),
« Venise, nocturnes : de Goldoni
à Philippe Sollers », Paris :
Artlys, 2012
- Agnès
Michaux (éd.), « Le roman de
Venise », Paris : Albin Michel, 1996
- Béatrix
Ravà, « Venise dans la
littérature
française depuis les origines jusqu'à la mort de
Henri
IV, avec un recueil de textes dont plusieurs rares et
inédits », Paris : Edouard
Champion, 1916 ➝ consultation et téléchargement
sur le site archive.org
- Gabrielle
Zimmermann (éd.), « Venise au fil des
mots », Urrugne : Pimientos, 2006
- Gabrielle
Zimmermann (éd.), « Venise au fil des
temps », Urrugne : Pimientos, 2007
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mise-à-jour : 30
juin 2016 |
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