Utopie des îles
bienheureuses dans le Pacifique en 1980 / Emile Masson ;
postface de Jacques Gury. - Quimper : Calligrammes ;
Le Guilvinec : Ar Vorenn, 1984. -
[2]-218-[10] p. ; 21 cm.
ISBN 2-903258-47-3
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Professeur d'anglais au
lycée de Pontivy, Emile Masson (1869-1923) est
tombé dans un oubli
immérité ; ce correspondant de Jean Grave, de
Péguy, de Romain Rolland 1, du peintre Lemordant et de
bien d'autres, illustres ou non, prêchait inlassablement la
liberté et n'avait qu'une haine, mais farouche, la guerre.
Son Utopie, conçue
précisément pendant la grande guerre, n'a
été publiée qu'en 1921. 1. | Lettre
de Romain Rolland à Emile Masson
(14 juin 1915) : « Si un bon
génie m'accordait de réaliser un vœu,
je voudrais pouvoir arracher des flots cinq cents âmes du
moins, ou même seulement cinquante, choisies parmi
celles qui sont libres, véridiques, pleines de
lumière et d'amour ; et je transporterais dans une
île à l'abri (ou dans votre bois breton)
cette réserve de l'avenir. Le présent
est trop malade, nous ne pouvons le sauver. Au moins, sauvons
l'avenir. » — cité par Jacques
Gury, « Utopie des îles bienheureuses
(…) », Postface, p. 219. |
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JACQUES
GURY :
Le titre rappelait à la fois le Traité
du Meilleur Gouvernement tel que Thomas More, renouvelant
Platon, l'avait présenté quatre cents ans plus
tôt, l'ode d'Horace invitant à la fuite vers de
chimériques Iles Fortunées, les récits
des navigateurs du XVIIIe siècel, et, par la
projection dans l'avenir, les uchronies de L.S. Mercier à
H.G. Wells, et surtout celle de William Morris News from
Nowhere que Masson admirait. […] Si Emile Masson
donne à ses îles tous les charmes d'un Bretagne
régénérée, il ouvre son
archipel à tous les rescapés du carnage et y
crée une société où se
côtoient toutes les races, toutes les
nationalités, toutes les idéologies, toutes les
religions, toutes les cultures, dans une harmonie totale.
☐ Postface, pp. 224-226
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EXTRAIT |
Un âge vint cependant, très
tardif, précédant de quelques années
seulement cette hideuse catastrophe de la guerre, où des
hommes […] pressentant cette catastrophe,
résolurent enfin de fonder une Nation où [le]
culte de la vie fût la base de toutes institutions et
l'âme de la la société humaine. Le
premier de ces hommes vraiment humain fut le Russe Tolstoï. Il
se mettait en marche pour fonder l'Hyper-Nation quand la mort le
surprit. […] On vit alors, dans toutes les nations, des
hommes se lever qui refusaient de tuer ou d'asservir leur
prochain ; des militaires ne voulurent plus
assassiner ; des commerçants ne voulurent plus
vendre ! Comme ils ne pouvaient plus vivre à
l'intérieur de leurs propres nations qu'à la
condition de s'exercer perpétuellement au carnage et
à l'anthropophagie, ils résolurent de s'en
exiler. Ils se rencontrèrent dans l'exode et
songèrent à acheter ces Iles où nous
sommes, qui, perdues dans le Pacifique, ne nourrissaient que des roses
sauvages. Ces faits authentiques eurent lieu durant les
dernières années du Fratricide mondial, et
l'instauration matérielle de la
société libre et humaine des Iles Bienheureuses
date de 1920. Il y a une soixantaine d'années de cela. Nos
populations se composent donc en gros de deux
générations : celle des vieillards qui
naquirent aux pays fratricides, et celle des jeunes qui sont
nés dans cet archipel …
☐
pp. 87-88
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Utopie
des îles bienheureuses dans le Pacifique en
1980 », Paris : F. Rieder, 1921
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- Jacques
Gury, « Emile Masson, un prophète pour
notre temps », Les Cahiers de l'Iroise (Brest),
n° 97, 1978
- Jean-Didier
et Marielle Giraud, « Emile Masson, professeur de
liberté » avant-propos de Michel Masson,
préface de Jean Markale, Chamalières :
Canope, 1991
- Jean-Didier
et Marielle Giraud, « Emile Masson ou
l'école en liberté », Les
Cahiers de l'Iroise (Brest), n° 160, 1993
- Jean-Didier
et Marielle Giraud (dir.), « Emile Masson, prophète et
rebelle » actes du Colloque international (Pontivy, 26-28
septembre 2003), Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2005
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mise-à-jour : 16
août 2005 |
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